Rechercher
Rechercher

À La Une - Sécurité

Roumieh : tentative d’évasion déjouée par les FSI et « facilitée par la couverture politique »

Les gardiens de la prison de Roumieh ont réussi à déjouer hier une large tentative d’évasion du bâtiment B.

Ils ont découvert quatre cordes de dix-sept mètres de long et de huit centimètres de large chacune, formées avec des couvertures tressées et tendues depuis la tour de contrôle jusqu’au rempart du bâtiment des condamnés. Les prisonniers comptaient s’évader en se laissant glisser sur ces cordes, à travers une fenêtre séparant leur bâtiment de la tour de contrôle, et dont ils ont pris soin de scier les barreaux de fer.


L’opération a donc été avortée in extremis, ce qui a valu aux gardiens de la prison concernés une récompense pécuniaire de la part du directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Achraf Rifi. Ce dernier a ainsi adressé des félicitations formelles à trois officiers des FSI : le colonel Amer Zeylah, commandant de la compagnie des prisons ; le lieutenant-colonel Mohammad al-Dassouki, officier responsable du bâtiment B ; le lieutenant Roger Jibrine, un des officiers chargés du bâtiment B. Le mérite de ces trois officiers aurait été révélé par les résultats préliminaires de l’enquête, entamée immédiatement hier à Roumieh par le substitut du commissaire du gouvernement le juge Dani Zeainy.

 « Couverture politique »
Une enquête suit l’autre à Roumieh, où mutineries et tentatives d’évasion se succèdent. Depuis l’incarcération de 177 islamistes en 2007, accusés d’être impliqués dans des combats et attentats contre l’armée au Nord, la prison, qui souffrait déjà de conditions d’incarcération invivables, est devenue un bastion pour les prisonniers islamistes.
Un haut responsable des FSI a révélé en effet à L’Orient-Le Jour l’état d’insécurité qui prévaut dans le bâtiment B, « où les gardiens ne pénètrent qu’avec beaucoup de prudence ». « Depuis la mutinerie des islamistes il y a plus d’un an, le bâtiment a été saboté et ne comporte aujourd’hui ni portes ni murs de séparation. » « Les prisonniers se regroupent et forment presque des cartels. Beaucoup de facilités leur sont accordées, à la demande d’hommes politiques qui s’interposent en leur faveur auprès des responsables de la prison », indique le responsable précité.


Le bâtiment B compte au total près de 800 prisonniers. En plus des islamistes, qui attendent jusqu’à ce jour le début de leur procès, d’autres prévenus ont déjà été condamnés, certains même ont reçu la sentence de mort. « Ces prisonniers feraient tout pour s’évader », a affirmé le responsable.

Charbel dément
Face à cet état des lieux, pourquoi les FSI n’interviennent pas de manière drastique pour réprimer les détenus ? Les réponses divergent. Le responsable précité s’en remet aux décideurs politiques et écarte catégoriquement toute complicité des agents avec les prisonniers. D’ailleurs, plusieurs officiers ont été sanctionnés et transférés en dehors de Roumieh il y a deux semaines. « Nous avons réglé les problèmes liés à nos effectifs, mais nous attendons une décision politique pour agir. Et cette décision doit être prise à un très haut niveau », a-t-il conclu, laissant entendre qu’elle dépasserait même la compétence du ministre de l’Intérieur Marwan Charbel.


Interrogé sur ce point par L’OLJ, le ministre Charbel a rejeté catégoriquement toute couverture politique dont bénéficieraient les prisonniers. « Il n’existe rien de tel », a-t-il déclaré. Réduisant la tentative d’évasion à « un incident récurrent dans toutes les prisons du monde », il a précisé, en réponse à une question, que « l’état du bâtiment B sera amélioré prochainement. Les portes ont tardé à venir, c’est tout ». Il s’en est remis enfin à la justice, d’autant que le procureur général a annoncé que la tenue des audiences pour les détenus islamistes, facilitée – rappelons-le – par l’aménagement d’une salle spéciale à Roumieh, sera entamée au début du mois prochain.

 

Pour mémoire

À Roumieh, seconde ronde de fouille des cellules

 

Affaire Roumieh : Sakr Sakr engage des poursuites contre onze éléments des FSI

 

Les FSI font le grand ménage dans le bâtiment B de Roumieh

Ils ont découvert quatre cordes de dix-sept mètres de long et de huit centimètres de large chacune, formées avec des couvertures tressées et tendues depuis la tour de contrôle jusqu’au rempart du bâtiment des condamnés. Les prisonniers comptaient s’évader en se laissant glisser sur ces cordes, à travers une fenêtre séparant leur bâtiment de la tour de contrôle, et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut