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Liban - Diplomatie

L’ambassadeur de France relaie à Paris les préoccupations libanaises sur l’affaire Abdallah

L’ambassadeur de France au Liban, Patrice Paoli, a affirmé hier avoir fait part à Paris des préoccupations qui s’expriment au Liban concernant le report, jusqu’au 28 janvier, de la décision de justice sur une éventuelle libération de l’ancien activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah. Mais au Liban, des voix s’élèvent contre ce report.

Des partisans de Georges Ibrahim Abdallah ont manifesté, lundi 14 janvier 2013, devant l’ambassade de France à Beyrouth, après l’annonce du report de la libération de l’activiste libanais par la justice française. Joseph Eid/AFP

« Une préoccupation s’exprime ici au Liban. Elle a été relevée aujourd’hui par les autorités, par le ministère des Affaires étrangères en la personne de son ministre. Je relaie cette préoccupation aux autorités françaises », a dit l’ambassadeur français aux journalistes à la sortie de son entretien avec le ministre Adnane Mansour.


« Ce n’est pas une décision (de justice) mais plutôt l’attente d’une décision qui est en cause. Je ne peux pas commenter des décisions de justice et je crois qu’il faut faire preuve d’un peu de patience », a-t-il ajouté.
Il a estimé que la manifestation de lundi était une « expression de frustration et de colère ».


À la question sur une éventuelle pression des États-Unis sur la France pour ajourner la décision de la justice, M. Paoli a refusé de faire des commentaires. « À chacun de lire les commentaires faits par certains, par les porte-parole ou par les gouvernements de certains pays, a-t-il dit. Mais pour moi, la décision en France est prise en toute indépendance par la justice française et le gouvernement français. » « C’est un jeu des institutions, dans un pays démocratique », a-t-il encore souligné.

Campagne de solidarité
Réagissant aux propos de l’ambassadeur de France, la Campagne internationale de libération de Georges Ibrahim Abdallah a tenu hier une conférence de presse devant le siège de l’ambassade de France au Liban. Et ce pour annoncer « la poursuite du sit-in devant l’ambassade », dans l’objectif de « dénoncer la décision du gouvernement français de ne pas autoriser la libération du militant Georges Abdallah, conformément à la décision de la justice française ».
Le communiqué a demandé à la France « quelle décision elle attend toujours, alors que la justice française a annoncé sa décision de libérer Georges Abdallah ». « Nous demandons au ministre français de l’Intérieur qu’il signe aujourd’hui même la décision de rapatriement », a-t-il souligné. La campagne a même annoncé une grève et une interruption des cours à l’Institut des sciences sociales, section 3, aujourd’hui, à 11 heures, à l’Université libanaise de Tripoli. Elle a précisé que les dignitaires de Kobeyate, village d’origine de Abdallah, observeront également un sit-in, au même moment.

Réactions
Nombreuses ont été les réactions contre la décision française et en faveur de la libération de Georges Abdallah. Le député du Hezbollah, Hussein Moussaoui, a dénoncé ce comportement « injuste et obscur » de la France. Un comportement « qui met la justice et la démocratie entre les mains de responsables sous la férue du tyran américain sioniste », a-t-il accusé. Avant d’assurer que « l’atteinte permanente, depuis des décennies, aux droits et à la dignité du militant Georges Abdallah prouve que le conflit n’est en rien un conflit de religions mais un combat déclaré entre le front de l’obscurantisme et de la soumission, d’une part, et le front de la résistance et de la liberté, d’autre part ».


Également parmi les réactions, celle de l’ancien ministre et député, Mikhaël Daher. Critiquant la décision française, ce dernier a observé que la décision du ministre français de l’Intérieur de ne pas exécuter la décision de la plus haute instance juridique française de libérer immédiatement Georges Abdallah est une « décision arbitraire injuste ». « C’est aussi un crime de priver un homme de sa liberté en continuant à le maintenir de force en détention », a-t-il dit.
De son côté, le Front du travail islamique au Liban a dénoncé « la soumission de la justice française et du gouvernement français à la décision politique américaine ». Il a appelé à « la libération du prisonnier et son rapatriement au Liban ». Même réaction critique de la part de la Rencontre islamique unitaire qui a estimé que la décision de la France à l’égard de Georges Abdallah est une atteinte à la justice française.


Quant au secrétaire général du Parti populaire nassérien, Oussama Saad, il a salué le militantisme de Georges Abdallah pour la cause palestinienne. « Ce qu’il a fait contre l’ennemi sioniste est tout à son honneur », a-t-il dit. À son tour, le Centre de Khiam a dénoncé le maintien en détention de Georges Abdallah et estimé que cette détention est « arbitraire » et « va à l’encontre des droits de l’homme ».

 

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