Rechercher
Rechercher

À La Une - France - Liban

Libération reportée de Georges Ibrahim Abdallah

Une foule de militants, d’amis et de parents se sont rassemblés hier devant le siège de l’ambassade de France, gardé par des commandos de l’armée. Photo Michel Sayegh

La décision d’accorder ou non une libération conditionnelle à l’ancien activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah a été reportée hier au 28 janvier par le tribunal d’application des peines de Paris (TAP). Préalable indispensable à une sortie de prison de Georges Ibrahim Abdallah, aucun arrêté d’expulsion du territoire français n’avait été signé hier lorsque les juges du TAP se sont réunis en début de matinée pour examiner une nouvelle fois le cas de cet ancien chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), incarcéré depuis 28 ans en France pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, en 1982.

 

« Le TAP n’a pas encore pris de décision dans l’attente d’un titre d’expulsion », a indiqué une source judiciaire. Sans arrêté du ministère de l’Intérieur, cette juridiction ne peut autoriser la sortie de prison de M. Abdallah détenu à Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Le 21 novembre, cette juridiction avait émis un avis positif de principe sur sa demande de libération avec ajournement de la décision au 14 janvier, en l’attente d’un arrêté d’expulsion. Le parquet y est opposé. Engagé auprès du mouvement palestinien radical FPLP (Front populaire de libération de la Palestine), le Libanais avait été arrêté en 1984 et condamné à perpétuité trois ans plus tard pour complicité dans les assassinats, en 1982 à Paris, de deux diplomates, l’Américain Charles Robert Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov.


« Le très improbable contretemps de dernière minute que l’on évoquait durant le week-end dans les milieux des associations et comités de soutien à Georges Ibrahim Abdallah s’est manifesté dans la matinée d’hier », a rapporté notre correspondant à Paris, Élie Masboungi. « Cet ajournement a été annoncé dans une certaine confusion, le ministère de l’Intérieur affirmant que c’est le tribunal de l’application des peines qui a ajourné au 28 courant sa décision et les autorités judiciaires gardant un mutisme total sur cette affaire », a-t-il affirmé.

 

« Des commentateurs politiques et des chroniqueurs judiciaires français ont laissé entendre que le dossier Georges Ibrahim Abdallah aurait été rattrapé par le cercle vicieux politique dans lequel il gravitait depuis presque dix ans lorsque, ayant purgé sa peine, tous les recours de son avocat Jacques Vergès ont été rejetés sous de fortes pressions américaines et israéliennes. Cette grande déception des amis de Georges Ibrahim Abdallah a provoqué une vive colère qui pourrait s’exprimer dans les prochains jours en France par des rassemblements et meetings de protestation auxquels pourraient participer des ONG et des associations de défense des droits de l’homme. Ceux-ci laissent entendre que des mises en garde (contre la libération de l’ex-activiste) auraient été adressées aux autorités françaises et Paris ne peut se permettre de provoquer la colère de Washington au moment où il s’apprête à apporter une aide sérieuse aux troupes françaises au Mali », a expliqué Élie Masboungi.

Les réactions
Toujours est-il que le 28 janvier montrera si le TAP prendra sa décision définitive sur cette affaire en toute indépendance ou s’il y aura un autre ajournement, ce qui serait une nouvelle manière de garder dans sa prison de Lannemezan le prisonnier politique le plus ancien de France. Le Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah a appelé à la mobilisation la plus large pour exiger l’application du droit au retour sans délai de M. Abdallah, le samedi 19 janvier.


Au Liban, et suite à la décision du tribunal, la Fédération démocrate libanaise des jeunes a affirmé, dans un communiqué, que « le combat de la liberté et de la souveraineté se poursuivra ».

Le comité de coordination de la Rencontre des partis du 8 Mars a appelé le gouvernement français à « affirmer l’indépendance de la justice française vis-à-vis de la volonté américaine ». Le report a été aussi dénoncé par le Mouvement de l’unification islamique et par l’Association de la réforme et du développement.


De leur côté, des manifestants ont bloqué la rue devant l’ambassade de France, rue de Damas, pour protester contre la décision du tribunal. Près d’une centaine de personnes ont scandé des slogans hostiles à la France, ont lancé des œufs et des pierres sur l’ambassade et inscrit sur son mur « France = pute américaine » en français et en arabe, reprenant les termes de l’avocat Jacques Vergès, qui a dénoncé la « mainmise des États-Unis » derrière le maintien en détention de son client. La manifestation a eu lieu au milieu d’un déploiement massif des Forces de sécurité intérieure.


Des accrochages ont été signalés entre les forces de l’ordre et les protestataires quand ces derniers ont tenté d’écrire le nom de Georges Ibrahim Abdallah (GIA) sur le mur de l’ambassade. Les manifestants ont rouvert partiellement la route devant l’ambassade de France, dans l’après-midi. Ils ont dressé des tentes, en signe de protestation.


Le Hezbollah a, lui aussi, dénoncé « la campagne de chantage menée par les États-Unis ». Dans un communiqué, il a estimé que « les nouvelles mesures françaises perpétuent l’injustice subie par le héros libanais depuis son arrestation et révèlent l’abandon total des autorités françaises aux souhaits de l’administration américaine et de l’entité sioniste ». Le Premier ministre Nagib Mikati a, pour sa part, contacté l’ambassadeur Patrice Paoli, pour s’enquérir à propos du report de la libération de M. Abdallah. « Ce report n’est pas justifié et constitue une atteinte aux droits civiques de Georges Abdallah », a-t-il affirmé. Le comité d’accueil du prisonnier a enfin déclaré dans un communiqué que les préparatifs vont bon train pour accueillir M. Abdallah, en cette nouvelle date du 28 janvier 2013.

La décision d’accorder ou non une libération conditionnelle à l’ancien activiste libanais Georges Ibrahim Abdallah a été reportée hier au 28 janvier par le tribunal d’application des peines de Paris (TAP). Préalable indispensable à une sortie de prison de Georges Ibrahim Abdallah, aucun arrêté d’expulsion du territoire français n’avait été signé hier lorsque les juges du...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut