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À La Une - Intempéries

Liban : la tempête faiblit, l'heure est au bilan

Importantes coupures d'électricité à travers le pays, les salariés de l'EDL toujours en grève.

A Saïda, au Liban-Sud, des travailleurs dégagent un bateau de pêche qui s'est échoué en raison de la violente tempête qui a frappé le Liban et la région plusieurs jours durant. AFP/MAHMOUD ZAYYAT

De nombreuses routes de montagne étaient toujours bloquées jeudi par la neige au Liban, alors que la violente tempête, baptisée Olga, qui a frappé le pays et le Proche-Orient durant plusieurs jours, diminuait en intensité.

 

Les services météorologiques de l’aéroport de Beyrouth ont prévu un temps partiellement nuageux jeudi et vendredi avec une hausse des températures.

Dans tout le pays, les écoles et les crèches sont toutefois restées fermées jeudi et le niveau d’eau des fleuves et des rivières se stabilisait à la mi-journée avec l’arrêt des pluies.

 

(Lire : Le Liban entier sous la neige)


Dans certaines régions, la situation restait toutefois difficile.

Dans le Hermel, dans nord-est du Liban, les routes étaient toujours coupées par la chute de neige dont l’épaisseur a avoisiné les 50 cm à 200 m d’altitude et plus d’un mètre sur les hauteurs.

 

Au Liban-Sud, la neige a recouvert la plupart des villages se situant autour de Nabatiyeh et dans le caza de Tyr. La tempête a aussi occasionné des dégâts aux habitations, déraciné des arbres et endommagé les cultures.

 

A Beyrouth, la défense civile était toujours à pied d’œuvre dans le quartier populaire de Hay el-Sellom inondé par la crue de la rivière Ghadir et, par conséquent, déserté par ses habitants.

 

Le député du Courant du Futur (opposition), Mohammad Kabbani, a affirmé que la crue du Ghadir était due aux constructions anarchiques qui ont réduit le lit de ce cours d’eau. "Lorsque l’être humain viole la nature, celle-ci se retourne contre lui (…) Les violations ont porté préjudice aux quartiers voisins et il est nécessaire d'y mettre fin", a déclaré M. Kabbani, cité par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). Le député, qui a appelé à la vigilance, a également estimé que les ports de pêche n’étaient toujours pas sécurisés.

 

 

Dans Hay el-Sellom inondé, la vie est devenue très difficile. REUTERS/Sharif Karim

 

(Reportage : Une situation effroyable pour les réfugiés syriens à Saïda)

 

La fermeture des routes a parfois provoqué une certaine panique, comme à Denniyé (Nord), où les habitants ont appelé le ministère des Travaux publics à aider à la réouverture de la route principale qui relie les villages de la région à Tripoli, parce que les efforts des municipalités et de la Défense civile ne suffisaient pas.

 

Avec l'amélioration de la météo, vient également le temps des bilans.

 

Dans le Akkar, plus au nord, des éleveurs de volailles ont déploré les dégâts infligés à leurs poulaillers et ont appelé les autorités à compenser les pertes. Mercredi, Abdallah Darwiche, un moukhtar de la région, indiquait que "les inondations, puis le gel, détruiront la majeure partie des cultures du caza". Une usine où de taille de pierres s'est par ailleurs littéralement effondrée sous le poids de la neige dans la région.

 

En visite dans le Akkar, le député Nidal Tohmé a appelé le gouvernement à venir en aide à la région sinistrée et a déploré des "besoins sociaux graves qui pourraient porter atteinte à la stabilité".

 

Le gouvernement a débloqué mercredi la somme de trois milliards de livres à l’intention du Haut Comité de secours (HCS), pour les indemnités portant sur les dégâts causés par la tempête, ainsi que pour les indemnités à verser aux personnes atteintes lors de l’explosion d’Achrafieh (attentat du 19 octobre dernier) et aux habitants de Bab el-Tebbaneh à Tripoli, victimes de récents combats.

 

(Lire aussi : Qui appeler en cas de dégâts)

 

 

Les joies de la neige dans le temple de Baalbeck, dans la Bekaa. REUTERS/Ahmed Shalha

 

Coupures d'électricité

 

Les intempéries ont aussi entraîné des coupures d'électricité mercredi et jeudi dans tout le Liban, où des salariés de l'Electricité du Liban (EDL) chargés de réparer le réseau sont en grève.

"Il y a une tempête, et un problème sur le réseau. Les salariés de l'électricité sont en grève et ne laissent personne réparer les pannes", a déclaré le ministre de l'Energie et de l'Eau, Gebran Bassil.

 

Les habitants de plusieurs zones de Beyrouth et du pays, en particulier des régions montagneuses actuellement sous la neige, ont indiqué via les réseaux sociaux qu'ils étaient dans le noir depuis mercredi soir. 

"Nous n'avons plus d'électricité depuis mercredi soir", écrivait Elsa, qui réside à Beyrouth. "Cela veut dire plus d'eau chaude, bien sûr", et des difficultés pour se chauffer. A Beyrouth, un quartier d'Achrafieh était sans électricité depuis mercredi 19h. Jeudi à 15h, l'électricité n'avait toujours pas été rétablie. La capitale est sujette, d'ordinaire, à une coupure d'électricité quotidienne de 3 heures. Dans le Metn, certains habitants étaient privés d'électricité depuis lundi.

 

Des salariés de l'EDL se sont mis en grève illimitée il y a plusieurs jours pour des revendications salariales, alors même que les intempéries commençaient à mettre à mal le réseau. Face à l'aggravation du mauvais temps, la direction d'EDL a appelé mardi dans un communiqué les grévistes à reprendre le travail. Mais mercredi, ces derniers ont indiqué qu'ils comptaient poursuivre leur mouvement, expliquant n'avoir "reçu aucun retour positif" sur leur revendications.

 

Le bilan humain est également lourd. Les intempéries ont fait au moins quatre morts, dont un homme mort de froid dans sa voiture dans la vallée orientale de la Békaa et un nourrisson. Le corps sans vie de Youssef Rakan Fadl, six mois, emporté lundi à Jadra par les inondations, a été retrouvé jeudi par la Défense civile. Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), le corps du petit garçon a été retrouvé à Khaldé près du restaurant "Ishbilya".

 

Par ailleurs, les recherches se poursuivaient toujours pour tenter de retrouver un bébé emporté par une soudaine montée des eaux à Jadra.

 

Il neige en Arabie

 

Les chutes de neige ont également gagné dans la nuit de mercredi à jeudi la Jordanie, Israël et même l'Arabie saoudite, au cinquième jour d'une vague d'intempéries exceptionnelles au Proche-Orient, qui a fait, outre les quatre morts au Liban, trois morts en Israël et cinq en Cisjordanie.  Dix pêcheurs dont le bateau a fait naufrage en Egypte sont également portés disparus.

 

Située à 800 mètres d'altitude, Jérusalem était recouverte jeudi matin de plus de 10 cm de neige, qui faisait la joie des enfants, mais provoquait la quasi paralysie d'une partie du pays et des Territoires palestiniens, frappés par ce que les médias ont qualifié de "tempête de la décennie". En Israël, l'Association des industriels a évalué le coût des dégâts à 300 millions de shekels (60 millions d'euros), en raison du personnel absent ou des problèmes d'approvisionnement et de livraison.

 

Plus inhabituel encore, la neige a gagné la région de Tabouk, dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, où les habitants se sont précipités pour voir ce spectacle rare dans le royaume désertique, saturant vite les routes menant au mont Allouz.

 

En Jordanie, le blizzard a mis l'ensemble du pays quasiment à l'arrêt. La neige bloquait la plupart des routes à Amman et dans d'autres régions, et le roi Abdallah II a décrété un nouveau jour férié jeudi, comme mercredi. L'armée a été mobilisée pour rouvrir les routes et secourir les personnes bloquées.

 

Il neigeait aussi dans le nord de l'Irak, où les examens ont été reportés dans certaines villes du Kurdistan, et où le trafic était difficile, voire interrompu, sur plusieurs postes-frontières avec l'Iran.

 

Les intempéries ont continué en Egypte, frappée par une vague de froid. Des vents forts et des pluies diluviennes ont paralysé la circulation dans les grandes villes, en particulier au Caire, et obligé à maintenir la majorité des ports fermés.

 

Alors que Damas était toujours sous la neige, le froid était particulièrement difficile à supporter dans les nombreuses régions de Syrie où la guerre civile a provoqué une pénurie de carburant pour le chauffage et fortement perturbé les réseaux d'alimentation électrique.

 

Le froid frappait aussi les centaines de milliers de réfugiés syriens ayant fui les violences et survivant dans des camps de tentes dans les pays limitrophes. En Jordanie, le camp de Zaatari, qui accueille 62.000 personnes, n'était plus qu'un champ de boue après des jours de pluies diluviennes. Des centaines de tentes ont été détruites et "la situation est devenue absolument intolérable", a déclaré à l'AFP Youssef Hariri, un réfugié de 38 ans, tandis que d'autres, qui n'avaient plus que de petites couvertures trempées pour s'abriter, craignaient pour la vie de leurs enfants.

 

 

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