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À La Une - Humanitaire

Réfugiés syriens : le souci de la transparence freine l’arrivée de l’aide occidentale

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) se propose d’ouvrir un bureau à Beyrouth ; le dossier est marqué par beaucoup « de désordre et d’imprévision », juge Aridi.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) se propose d’ouvrir un bureau à Beyrouth, a annoncé hier notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Un projet d’accord en ce sens a été soumis jeudi par le HCR au gouvernement libanais.


Le projet a été examiné au ministère des Affaires étrangères, au cours d’une réunion ministérielle qui a regroupé le ministre des AE, Adnane Mansour, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, et le ministre des Finances, Mohammad Safadi.


Selon une source diplomatique indépendante, l’ouverture d’un bureau du HCR au Liban répond au vœu de certains pays occidentaux donateurs prêts à assister financièrement le Liban dans la gestion du dossier des réfugiés, mais désireux d’obtenir une garantie internationale de transparence dans la gestion de cette aide.
Dans les milieux concernés, on place un timide espoir dans un règlement politique de la crise syrienne. À défaut, ajoute-t-on, et dans le cas où une bataille pour le contrôle de Damas éclate, le nombre de réfugiés accueillis par le Liban pourrait, à tout le moins, doubler.


Selon l’ONU, plus de 156 000 Syriens se sont réfugiés au Liban en 21 mois de violence, mais les autorités évoquent le chiffre de 200 000 réfugiés. Début décembre, le Liban avait réclamé une aide internationale de 363 millions de dollars pour y faire face.

Un apport de 200 millions de dollars a été promis hier par les États-Unis à cette fin.

 

Par ailleurs, dans le cadre de la campagne diplomatique que le Liban entend mener pour obtenir les fonds nécessaires à son programme d’assistance, le ministre des Affaires étrangères a appelé hier au téléphone le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, pour demander la convocation « aussitôt que possible » d’une conférence ministérielle arabe qui examinerait la question et apporterait au Liban l’appui dont il a besoin pour faire face à ce qui pourrait tourner à la catastrophe humanitaire.


Réuni jeudi, le Conseil des ministres avait appelé « les pays donateurs à verser les financements promis au Liban » et s’était engagé « à lancer une campagne diplomatique (...) pour inciter les pays arabes et amis à partager avec le Liban le fardeau en termes financiers et logistiques ».
À ce même sujet, le Premier ministre Nagib Mikati a affirmé hier ne pas avoir été informé d’une réunion, à la mi-janvier, à Beyrouth, qui serait consacrée au problème des réfugiés syriens. Cette réunion avait été annoncée de Washington par la porte-parole du département d’État, Victoria Noland.
« Nous sommes engagés, sur les plans humanitaire et moral, à l’égard du dossier des réfugiés, et nous appliquerons dans ce domaine les résolutions prises en Conseil des ministres », a affirmé M. Mikati, interrogé à ce sujet.

Les frontières
Une partie de l’engagement évoqué par M. Mikati se reflète dans la décision, prise jeudi en Conseil des ministres, de ne pas fermer la frontière face aux réfugiés syriens.
Le ministre des Affaires sociales, Waël Bou Faour, a déclaré hier que la fermeture de la frontière n’était « pas applicable (...) car aucun responsable à la frontière ne pourra dire à une famille syrienne fuyant la mort : “Je vous empêche d’entrer au Liban” ».

Il a ajouté que « fermer la frontière signifierait encourager la contrebande ».

 

Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a joint sa voix hier à celle des hauts responsables qui rejettent toute idée d’une fermeture des frontières, estimant qu’il est du devoir du Liban d’aider humanitairement les réfugiés syriens, et précisant que Dar el-Fatwa « remplit son devoir » à cet égard.


Toutefois, bravant les accusations de racisme et de démagogie qui leur sont adressés, des ministres du Courant patriotique libre (CPL) ont répété hier que le flot de réfugiés syrien doit être contenu et que le Liban n’a pas la capacité d’accueil nécessaire pour recevoir un aussi grand nombre de ressortissants syriens et palestiniens. Ce flux, estiment des ministres et députés du CPL, aura un impact négatif sur l’économie et réveillera dans la population d’anciennes peurs, datant du début de la guerre civile (1975).


Pour Gebran Bassil, ministre de l’Énergie, « la question n’est pas seulement technique ou financière ; nous sommes concernés par les prolongements sécuritaires et sociaux de cet afflux, ainsi que par les bouleversements démographiques qu’ils pourraient produire. Nous redoutons la réédition de l’expérience des camps palestiniens. Dispersons les réfugiés, ils constitueront autant de cellules, concentrons-les en un seul lieu, ils se transformeront en camps et peut-être en centres d’entraînement ».


Le député Ahmad Fatfat (Futur) a pour sa part exprimé ses craintes que le gouvernement syrien n’ait envoyé au Liban, sous le couvert du flot des réfugiés, certains de ses « chabbiha » (miliciens) « pour y provoquer des troubles et exécuter des attentats ».
Sans abonder dans ce sens, le ministre des TP, Ghazi Aridi, a affirmé hier que le dossier des réfugiés venus de Syrie est marqué par beaucoup « de désordre et d’imprévision ». « Il aurait fallu nous prendre plus tôt pour faire face à ce problème ; le gouvernement a tardé à réagir et l’opposition n’est pas exempte, non plus, de tout reproche dans ce domaine », a-t-il dit.

Manifestations
Deux manifestations de solidarité ont été lancées hier, en appui aux réfugiés venus de Syrie. À Chebaa, des dizaines de manifestants venus du village et de la région frontalière ont coupé la route pour protester contre l’arrestation de quatre réfugiés arrivés à Chebaa par les sentiers du mont Hermon et interpellés par l’armée.
Dans le camp de Beddaoui, le mouvement Hamas a manifesté devant les bureaux de l’Unrwa, demandant à l’organisme de prendre en considération les réfugiés palestiniens fuyant la Syrie.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) se propose d’ouvrir un bureau à Beyrouth, a annoncé hier notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane. Un projet d’accord en ce sens a été soumis jeudi par le HCR au gouvernement libanais.
Le projet a été examiné au ministère des Affaires étrangères, au cours d’une réunion ministérielle qui a regroupé le...

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