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À La Une - Egypte

Morsi annonce un futur remaniement face aux défis économiques

Paris presse Morsi de "rétablir le consensus dans la société égyptienne".

Le président égyptien Mohamed Morsi lors d'un discours le 26 décembre 2012. AFP PHOTO/HO/EGYPTIAN PRESIDENCY

Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi s'est félicité mercredi de l'adoption de la nouvelle Constitution défendue par ses partisans, en annonçant un remaniement du gouvernement pour répondre aux défis économiques de l'Egypte, en proie à de graves difficultés.

 

"Je vais déployer tous mes efforts pour soutenir l'économie égyptienne, qui fait face à d'énormes défis mais a aussi de grandes chances de croissance, et je ferai tous les changements nécessaires dont a besoin cette mission, celle de la croissance et de la production", a-t-il dit dans une allocution télévisée. "J'ai chargé Hicham Qandil, le Premier ministre, et je suis en consultations avec lui pour procéder aux remaniements ministériels nécessaires", a-t-il ajouté.

M. Morsi s'est réjoui de l'adoption de la nouvelle Constitution, qui reflète selon lui "la libre volonté des Egyptiens" et "l'esprit de la révolution du 25-Janvier", qui a renversé l'autocrate Hosni Moubarak début 2011.

 

La nouvelle Constitution a été adoptée par 63,8% des votants, une majorité confortable toutefois assortie d'une faible mobilisation des 52 millions d'électeurs inscrits, qui ne sont que 32,9% à avoir voté lors du référendum des 15 et 22 décembre.

 

Le texte est basé sur "le droit à la citoyenneté (...) sans discrimination" et consacre "la liberté d'opinion, de création et les valeurs de la modération", a-t-il soutenu.

Le chef de l'Etat a reconnu avoir dû prendre "des décisions difficiles" pour faire passer la nouvelle Constitution, censée mener à "une nouvelle ère, avec plus de stabilité et de sécurité".

"Oui, il y a eu pendant cette période temporaire des erreurs de part et d'autre (...) J'en porte la responsabilité avec vous", a-t-il ajouté.

 

Le président a aussi défendu le référendum, qui s'est déroulé sous haute tension et a été entaché, selon l'opposition et plusieurs ONG, par des irrégularités et des fraudes.

"Le référendum s'est tenu dans une transparence totale et sous supervision judiciaire complète", a-t-il assuré, en ajoutant que le vif débat politique qui a eu lieu était "un phénomène sain".

Toutefois, "certains n'ont pas réalisé la différence entre le droit d'exprimer son opinion et le recours à la violence", a-t-il dit. M. Morsi a renouvelé son appel à l'opposition à participer à un dialogue national, en estimant que "le dialogue est devenu une nécessité".

 

(Repère : Le projet de Constitution égyptienne)

 

Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition rassemblant des forces politiques libérales et de gauche présidée par le Prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, avait refusé ce dialogue en affirmant qu'il était de façade.

L'opposition laïque, qui reproche à cette nouvelle Constitution d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation et d'offrir peu de garanties pour certaines libertés, a aussi réaffirmé qu'elle allait continuer à demander l'invalidation du vote, entaché selon elle de fraudes et d'irrégularités.
L'opposition, morcelée et quasiment inaudible depuis l'élection en juin de M. Morsi, candidat des Frères musulmans, a également promis de consolider l'amorce d'unité et le regain de pugnacité qui se sont manifestés ces dernières semaines.


Un premier test devrait survenir avec des législatives prévues dans deux mois pour renouveler la Chambre des députés, dissoute en juin. En attendant cette élection, l'adoption de la Constitution doit se traduire par le transfert au Sénat - la chambre haute encore en activité, dominée par les islamistes - de la totalité du pouvoir législatif, assuré jusqu'à présent par M. Morsi.


En attendant cette élection, l'adoption de la Constitution s'est traduite par le transfert au Sénat -la chambre haute encore en activité, dominée par les islamistes- de la totalité du pouvoir législatif, assuré jusqu'à présent par M. Morsi.

 

"Tensions politiques doublées d'une grave crise économique"
L'annonce d'un remaniement du gouvernement intervient alors que l'Egypte traverse une crise économique engendrée par les tensions politiques. Le gouvernement a décidé de limiter à un équivalent de 10.000 dollars en devise étrangère le montant que tout voyageur peut faire entrer ou sortir du pays, une mesure visant à limiter des flux de capitaux pesant sur la livre égyptienne, ont rapporté les médias gouvernementaux.
Les réserves en devises de l’Égypte ont fondu de 36 à 15 milliards de dollars depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, une grande partie de ces sommes ayant servi à soutenir la livre face au dollar.


L’Égypte est depuis près de deux ans confrontée à une forte baisse des recettes du tourisme et à un effondrement des investissements étrangers. La crise politique a provoqué le report d'une décision très attendue du Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 4,8 milliards de dollars au pays.


Le gouvernement a également gelé des hausses de taxes qui auraient contribué à limiter le déficit budgétaire, mais risquaient de provoquer une flambée de mécontentement social.
Le prêt du FMI, initialement prévu pour décembre, pourrait bien désormais être reporté à après les législatives de mars, estime Mona Mansour, économiste de la société CI Capital. "Il va falloir rassurer les gens sur le fait que ce prêt ne va pas peser sur eux", affirme-t-elle.


"La rue égyptienne a peur", titrait le journal gouvernemental al-Ahram, suite à la décision de l'agence Standard & Poor's d'abaisser la note de l’Égypte de "B" à "B-".


Au plan international, la cote de M. Morsi, au zénith après sa médiation dans le conflit de Gaza entre Palestiniens et Israéliens en novembre, a laissé place à de l'inquiétude.
Les États-Unis ont appelé mardi le président à mettre "fin aux divisions" et à "élargir le soutien au processus politique". Washington a reconnu que "de nombreux Égyptiens ont exprimé leur profonde inquiétude face au contenu de la Constitution". La représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton a, elle, appelé le président égyptien à "rétablir la confiance" dans la démocratie, tandis que la France l'a pressé de "rétablir le consensus dans la société égyptienne".

 

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Pour mémoire:

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