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À La Une - Diplomatie

La France promet un "meilleur accueil" aux Algériens demandeurs de visas

François Hollande dénonce la colonisation "brutale" de la France ; Le Front national se dit outré.

François Hollande lors de son discours au Parlement algérien le 20 décembre 2012. REUTERS/Louafi Larbi

Le président français François Hollande a promis jeudi d'"accueillir mieux" les Algériens demandant des visas pour se rendre en France, et de faire en sorte que les consulats français délivrent plus vite les documents, dans un discours devant le Parlement algérien, dans le cadre de sa visite d'État en Algérie.

 

Dans l'intérêt des deux pays, a dit le président français, "nous devons maîtriser les flux migratoires", mais aussi permettre aux jeunes Algériens de circuler. "Nous ne devons pas faire de la demande d'un visa un parcours d'obstacles, ou pire encore une humiliation, au contraire nous avons besoin que se poursuivent et même s'amplifient les allers-retours des étudiants, des entrepreneurs, des artistes, des familles, bref tous ceux qui animent la relation" entre la France et l'Algérie, a-t-il souligné au deuxième jour de sa visite d’État dans l'ancienne colonie. "Nous allons rester dans l'accord de 1968, mais nous prendrons toutes les mesures nécessaire pour accueillir mieux les demandeurs de visa et pour que les documents soient délivrés plus vite par nos consulats. C'est une affaire de respect et d'intérêt mutuel", a souligné François Hollande, rappelant que "près de 200.000 Algériens reçoivent chaque année un visa dans nos consulats".

"Dans le même temps, a encore dit le président français, nous attendons de l'Algérie qu'elle ouvre plus largement ses portes aux Français qui souhaitent se rendre sur votre territoire parce qu'ils y ont des souvenirs, des attaches familiales, affectives ou des projets professionnels ou personnels à réaliser".

 

Mercredi, au premier jour de sa visite d’État en Algérie, M. Hollande avait indiqué que l'accord de 1968 relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour des Algériens en France ne serait pas révisé mais que sa mise en œuvre serait "améliorée" pour répondre aux principes de "dignité et de considération".


Hollande reconnaît les "souffrances" du peuple algérien

Par ailleurs, M. Hollande a dénoncé lors de son discours le système colonial "injuste et brutal" instauré en Algérie par la France et reconnu les "souffrances" du peuple algérien, une déclaration qui devrait faire date dans les relations entre les deux pays.

"Pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste et brutal. Ce système a un nom : c'est la colonisation", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : "Je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien."

"La vérité, elle n'abîme pas, elle répare. (...) L'Histoire, même quand elle est tragique, douloureuse, elle doit être dite", a-t-il souligné alors que l'Algérie fête le cinquantième anniversaire de son indépendance. "Rien ne se construit dans la dissimulation, l'oubli ou le déni".

François Hollande a notamment évoqué les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, répression sanglante d'émeutes nationalistes en mai 1945. "Nous avons ce devoir de vérité sur la violence, les injustices, les massacres, la torture", a-t-il poursuivi en évoquant la guerre d'Algérie, sous les applaudissements des parlementaires algériens.

Pour favoriser "la paix des mémoires", le président français a appelé à l'ouverture des archives des deux pays.


Soucieux de ne heurter ni les mémoires algériennes, ni les mémoires françaises, le chef de l'Etat a dit ne pas "oublier" "les Français d'Algérie, ni les coopérants venus après l'indépendance". Mais il n'a pas évoqué le sort des harkis, ces supplétifs de l'armée française qui ont subi des représailles en Algérie après l'indépendance.

François Hollande avait indiqué mercredi lors d'une conférence de presse que son déplacement ne serait pas celui de la repentance mais qu'il entendait poser un regard "lucide" sur 132 ans de colonisation et huit ans de guerre, de 1954 à 1962. Si François Hollande a dit souhaiter tourner le partenariat franco-algérien vers l'avenir, l'enjeu mémoriel de sa visite n'en restait pas moins crucial. Il lui fallait trouver les mots pour rendre hommage, sans brusquer, aux centaines de milliers de victimes d'une guerre dont la France a tu le nom jusqu'en 1999.

Les relations avec l'Algérie s'étaient tendues en février 2005 avec l'adoption d'une loi reconnaissant "le rôle positif" de la colonisation, une initiative vécue comme une provocation pour l'Algérie.
L'article litigieux sera abrogé par le président Jacques Chirac un an plus tard, mais cette loi portant "reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés" a incité une partie des Algériens à se lancer dans une campagne visant à obtenir la "repentance" de la France.

Nicolas Sarkozy, lors d'une visite à Alger en 2007, avait parlé du caractère "injuste" de la colonisation mais s'était refusé à adresser à l'Algérie les "excuses" demandées.

Même s'il refuse toute repentance ou excuse, François Hollande aura donc été le président français à aller le plus loin dans la reconnaissance des violences en Algérie.


"Une honte", dit le Front national
Ces déclarations ont été diversement accueillies en France. Le Front national, dont les fondateurs ont soutenu jusqu'au bout l'Algérie française, estime que François Hollande s'est mis "à plat ventre" devant le Parlement algérien.

"Rien sur les aspects positifs de la colonisation, rien non plus sur les crimes algériens contre les harkis, mais une nouvelle dépréciation systématique de notre pays, de notre Histoire et de notre peuple", déclare dans un communiqué la présidente du parti d'extrême droite, Marine Le Pen.

Thierry Mariani, député UMP des Français de l'étranger, demande pourquoi François Hollande n'a pas mis les souffrances des deux peuples sur le même pied. "Oui les Algériens ont souffert, mais les pieds-noirs, les harkis, les appelés du contingent, n'ont eux non plus pas été épargnés", a-t-il dit dans un communiqué. "Comment ne pas être déçu et se sentir trahi par cette vision partisane et hémiplégique de l'Histoire ?"

En revanche, le Parti communiste français, qui a soutenu les indépendantistes algériens, juge qu'il y a un goût de trop peu. "Il est regrettable que le Président de la République ne rappelle pas que c'est la République française elle-même qui doit assumer la responsabilité d'une page terrible et inacceptable de sa propre Histoire", dit-il dans un communiqué. "François Hollande a fait la moitié du chemin nécessaire."

 


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Le président français François Hollande a promis jeudi d'"accueillir mieux" les Algériens demandant des visas pour se rendre en France, et de faire en sorte que les consulats français délivrent plus vite les documents, dans un discours devant le Parlement algérien, dans le cadre de sa visite d'État en Algérie.
 
Dans l'intérêt des deux pays, a dit le président français,...

commentaires (1)

J'aurai jamais cru voir ça de mon vivant, la france reconnaître la brutalité de la colonisation en Algérie !!! mais ceux qui seront dans la merde c'est le régime raciste qui devrait un jour où l'autre s'amender, lui qui parle des bienfaits de la colonisation, qui est le seul au monde à l'appliquer encore, mais ça c'est sûr , je ne le verrait sans doute pas de mon vivant, enfin je crains que ... de toute façon l'Algérie aussi obtenu son indépendance et ses droits par la lutte armée et rien d'autre. L'histoire se répéte , même s'il lui arrive de béguaier.... Au passage il faudrai pas s'arréter en si bon chemin, et la Cochinchine, le Liban, la Syrie, etc.... ça va venir oui !

Jaber Kamel

11 h 54, le 20 décembre 2012

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Commentaires (1)

  • J'aurai jamais cru voir ça de mon vivant, la france reconnaître la brutalité de la colonisation en Algérie !!! mais ceux qui seront dans la merde c'est le régime raciste qui devrait un jour où l'autre s'amender, lui qui parle des bienfaits de la colonisation, qui est le seul au monde à l'appliquer encore, mais ça c'est sûr , je ne le verrait sans doute pas de mon vivant, enfin je crains que ... de toute façon l'Algérie aussi obtenu son indépendance et ses droits par la lutte armée et rien d'autre. L'histoire se répéte , même s'il lui arrive de béguaier.... Au passage il faudrai pas s'arréter en si bon chemin, et la Cochinchine, le Liban, la Syrie, etc.... ça va venir oui !

    Jaber Kamel

    11 h 54, le 20 décembre 2012

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