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À La Une - Conflit

La Coalition de l'opposition décroche un appui de taille des Amis de la Syrie

Triple attentat contre le ministère de l’Intérieur à Damas ; au moins 80 morts hier.

La carcasse d'un minibus, après l'explosion d'une bombe, le 12 décembre 2012, dans le quartier de Mazeh, à Damas. REUTERS/SANA

L’opposition au régime syrien de Bachar el-Assad a reçu hier le soutien de poids des Arabes et des Occidentaux qui l’ont reconnue comme le « représentant légitime » du peuple syrien. Cette décision du groupe des Amis du peuple syrien réuni à Marrakech, au Maroc, renforce davantage la légitimité de l’opposition, 21 mois après le début d’une révolte contre le régime devenue guerre civile, faisant plus de 42 000 morts.


« Les participants reconnaissent la Coalition nationale (syrienne) comme le représentant légitime du peuple syrien », est-il ainsi écrit dans le document final adopté par ce groupe réunissant des pays arabes et occidentaux opposés au régime Assad. Ce dernier a « perdu toute légitimité et devrait renoncer (au pouvoir) afin de permettre le déclenchement d’un processus politique de transition », ajoute le texte.


À la réunion, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a exhorté tous les pays à reconnaître individuellement la Coalition nationale regroupant l’ensemble des composantes de l’opposition. « Nous le faisons globalement, mais il faut que chacun de nous, dans son pays, si ça n’a pas déjà été fait, le fasse », a-t-il noté. Dans la foulée, la Grèce a demandé à l’ambassadrice de Syrie à Athènes et à deux autres diplomates syriens de quitter le pays, a annoncé le ministère grec des Affaires étrangères.


« Aujourd’hui, une reconnaissance complète a été accordée à la Coalition nationale syrienne comme seule représentante du peuple syrien », a déclaré de son côté son homologue marocain Saad-Eddine el-Othmani. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a pour sa part annoncé une aide de 100 millions de dollars de l’Arabie saoudite en faveur de l’opposition unifiée, appelant à une intensification des efforts internationaux. Il a en outre exprimé l’espoir que les pays membres de ce groupe « contribuent généreusement », estimant que davantage pouvait « être fait pour alléger les souffrances du peuple syrien ». Le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, a exhorté par ailleurs le président syrien à prendre une « décision courageuse » en démissionnant de ses fonctions pour mettre fin au bain de sang. « Le résultat est clair, mais quelle quantité de sang supplémentaire devront verser les Syriens pour parvenir à leur objectif ? » a ajouté cheikh Hamad.

Khatib à Washington
Le groupe des Amis du peuple syrien rassemblent plus d’une centaine de pays occidentaux et arabes, organisations internationales et représentants de l’opposition syrienne, qui se réunissaient pour la première fois depuis l’unification mi-novembre de l’opposition sous la houlette de la Coalition.


Après cette reconnaissance, le chef de cette Coalition, Ahmad Moaz el-Khatib, a été invité à se rendre à Washington « à la première occasion », a indiqué le sous-secrétaire d’État William Burns. Emboîtant le pas à la France et la Grande-Bretagne, les États-Unis ont reconnu mardi soir la Coalition, provoquant la colère de la Russie, qui, avec la Chine et l’Iran, soutient le régime Assad et préconise une solution entre Syriens sans ingérence étrangère. Pour Moscou, Washington mise ainsi « sur une victoire par les armes » de l’opposition.

Al-Nosra
Les États-Unis ont aussi suscité les critiques des rebelles et des opposants syriens en plaçant le front jihadiste al-Nosra, qui lutte contre le régime Assad, sur sa liste des organisations terroristes après l’avoir présenté comme une émanation de la branche irakienne d’el-Qaëda. M. Khatib a appelé les États-Unis à réexaminer leur décision. Les Frères musulmans de Syrie ont ainsi dénoncé la décision prise par Washington, la qualifiant de « mesure hâtive » et d’ « erreur » dans un communiqué.

 

(Lire aussi : La rivalité entre le Front al-Nosra et l’ASL s’accroît)


La Coalition avait pourtant récemment annoncé la création d’un nouveau commandement militaire chapeautant la plupart des groupes rebelles, à l’exclusion d’al-Nosra, afin de dissiper les craintes internationales qu’une aide ne tombe aux mains de tels groupes.


Les Occidentaux ont néanmoins affirmé qu’ils n’avaient pas l’intention de fournir d’armes aux rebelles. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a souhaité pouvoir transmettre désormais par le biais de la Coalition « une aide non létale, et bien évidemment plus d’aide humanitaire ». La Belgique a pour sa part proposé à la Coalition de l’opposition syrienne d’ouvrir une représentation à Bruxelles, siège des institutions de l’UE et de l’OTAN, a annoncé le ministre belge des Affaires étrangères depuis Marrakech.


Parallèlement, Ahmad Moaz el-Khatib a demandé à la communauté alaouite de rejoindre l’insurrection. Le président de la Coalition a également déclaré qu’en cas d’emploi d’armes chimiques par le gouvernement Assad, l’opposition en rejetterait la responsabilité sur la communauté internationale, en particulier la Russie.

Violences
En attendant de voir les retombées de cette reconnaissance de la Coalition sur le terrain, combats entre soldats et rebelles, et attentats continuent de tuer en Syrie, faisant au moins 80 morts hier, en majorité des civils, selon des activistes. Trois attentats, dont l’un causé par une voiture piégée, ont visé le ministère de l’Intérieur à Damas, faisant onze morts et 50 blessés, selon une source de sécurité. Le ministre de l’Intérieur Mohammad al-Chaar et les plus hauts gradés du ministère sont tous sains et saufs, selon la télévision d’État.

 

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Un certain nombre de missiles balistiques de courte portée, de type Scud, ont été tirés à l’intérieur du territoire syrien cette semaine, a par ailleurs déclaré un responsable de l’OTAN. « Les renseignements alliés, les équipements de surveillance et de reconnaissance ont détecté le tir d’un certain nombre de missiles balistiques sans guidage et de courte portée cette semaine à l’intérieur de la Syrie », a-t-il précisé.
En outre, les rebelles ont affirmé hier avoir abattu un MiG près de Damas.


Sur le plan humanitaire, Médecins sans frontières (MSF) a demandé au régime que les « dizaines de milliers de personnes » et les nombreux blessés « pris au piège des combats et des bombardements » quotidiens dans la ville de Deir ez-Zor puissent être évacués en lieu sûr.

 

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