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À La Une - Conférence

« Le Petit Journal », ce trublion de chez Canal...

Yann Barthès, animateur et producteur de l’émission « Le Petit Journal » sur Canal+, a répondu hier aux innombrables questions d’une assemblée emballée par la présence de sa vedette.

Yann Barthès, animateur vedette et producteur du Petit journal était à Beyrouth, vendredi 7 décembre 2012. Archives AFP.

Émission-phare de Canal+, Le Petit Journal n’en finit de jouer les trublions dans le paysage audiovisuel français. Aux confins de l’information selon ses pourfendeurs, les pieds dans la satire politique pour les inconditionnels, ce JT décalé connaît depuis huit ans un véritable succès d’audience. Son animateur vedette et producteur, Yann Barthès, belle gueule, look de trentenaire branché, a détaillé, hier, les dessous de ce journalisme particulier et répondu à cette question qui taraude, soulevée par l’Institut français et le centre SKeyes, organisateurs de cette conférence : « La satire politique : journalisme ou divertissement? » 


Les micros frémissent à l’écoute de la phrase de trop, les caméras zooment au moindre geste déplacé et voilà une Rachida Dati prise en flagrant délit de gamineries, trompant l’ennui lors d’une séance du Conseil de Paris. Ici, un Nicolas Sarkozy grillé, répétant le même discours à quelques mois d’intervalles, là, toujours le même Nicolas, dévorant des chocolats sous une poignée de main officielle... Au Petit Journal on se délecte aussi des éléments de langage, des tics et autres langues de bois des grands de ce monde. Quelques montages plus tard, des stratégies de communication s’effondrent, des politiciens désacralisés. Du discours à la réalité, ne demeurent alors que des séquences cultes de télévision. Aucun politique n’y échappe. Certains prennent la mouche, d’autres en rient. Mais tous, ou presque, se bousculent sur son plateau. Deux millions de téléspectateurs, ce n’est pas rien... « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », disait Lavoisier ; un adage qui sied à merveille à cette rédaction.

Joueur
Mais alors, journalisme ou divertissement ? « Je ne suis pas humoriste », évacue d’emblée l’intéressé, diplômé d’une école de journalisme de Bordeaux . « C’est la matière qui fait rire. C’est comme un théâtre avec des marionnettes et des petits rôles. Dès qu’on a une image, on tire sur les marionnettes et on crée les rôles », explique-t-il avec de petits gestes de la main. Hésitant et joueur, l’œil rivé en direction de l’ambassadeur de France au Liban, il poursuit : « Et on s’est beaucoup amusés pendant cinq ans. Sarkozy est tellement lisible. Même sans montage, les gens rient. »


Et journaliste pour autant ? Sans ambages : « Oui ! À partir du moment où on peut rigoler et être moins bêtes. Nous travaillons comme les autres rédactions, simplement nous ne voyons pas les mêmes choses. » Mais « il y a eu débat », reconnaît-il. Car, cette année, trois journalistes de la rédaction se sont vu refuser leur carte de presse par la commission de la carte des journalistes. « Au moins, au Liban, nous avons plus de liberté d’expression. Pas de carte de presse ici... » a renchéri Gisèle Khoury, présidente de la Fondation Samir Kassir et animatrice du débat.
Alors comment définir cette émission ? De l’ « infotainment », simplement, cette union entre information et entertainment. « Les gens obtus ne comprennent pas qu’on puisse mélanger les genres, mais c’est ce que fait Canal+ depuis 20 ans sur cette plage horaire. » Somme toute, de l’impertinence, de la caricature et des rires, c’est aussi de l’information.

 « Vous faites quoi ce soir ? »
Avec quelle éthique ? Certes, « tout n’est pas possible : difficile de ricaner sur un tremblement de terre », admet l’animateur. Mais pour certains détracteurs, les limites déontologiques ont été franchies. Accusé à plusieurs reprises de bidonnages et, parfois, de détournement de la réalité, Julien, journaliste de terrain pour Le Petit Journal et quatrième intervenant, défend sa rédaction. « Sur les centaines de sujets que nous avons produits durant la dernière campagne présidentielle, seulement deux ou trois ont posé problèmes alors que, tous les soirs, les attachés de presse scrutent notre émission... »


Sans anicroches, tout serait moins drôle. Alors, profitant de la seconde coupure d’électricité, une admiratrice, toute à sa joie dans le noir, a lancé : « Vous faites quoi ce soir ? » Explosion de rires dans l’assemblée. Une autre, la lumière revenue, questionne : « À quand une édition libanaise du Petit Journal ? » Et de poursuivre : « Vous aurez plein de boulot ici. Tiens par exemple cette équipe de TF1 qui, lors d’une crise au Liban, s’est filmée en gilet pare-balles avec casque sur la tête pour la séquence au JT... Avant de sortir boire en boîte avec les femmes. » « Envoyez-nous les séquences, on s’en occupera », a promis le trublion !

Émission-phare de Canal+, Le Petit Journal n’en finit de jouer les trublions dans le paysage audiovisuel français. Aux confins de l’information selon ses pourfendeurs, les pieds dans la satire politique pour les inconditionnels, ce JT décalé connaît depuis huit ans un véritable succès d’audience. Son animateur vedette et producteur, Yann Barthès, belle gueule, look de trentenaire...

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