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À La Une - Événement

Une fascination libanaise pour l’art, l’histoire et la découverte de soi

« Fascination du Liban » ? Une exposition unique qui jette de nouvelles passerelles entre deux Suisses. Entre deux continents qui se scrutent et se complètent. Avec délectation lorsqu’ils s’écoutent et se trouvent. Une exposition qui s’arrête aussi sur les relations que nous entretenons avec l’au-delà depuis soixante siècles et que nous fait découvrir Marc-André Haldimann, l’un des concepteurs chevronnés de l’exposition.

Maquette du temple de Deir al Qalaa : un concentré de technicité et de spiritualité.

Le Musée Rath de Genève a vécu l’un de ces grands moments pour lesquels il a été érigé en 1826. Sanctifier les arts. Installé en plein cœur de la Cité de Calvin, ce «temple des muses» abrite aujourd’hui la «Fascination du Liban» pour quatre mois et de précieuses leçons d’histoire, qui s’apprêtent à se murmurer aux oreilles des Genevois en dévoilant des pans entiers d’une planète vivante et bariolée, traversant les millénaires et le Liban. Sous toutes ses coutures, avec tous ses paradoxes, message d’un avenir mâtiné, le Liban n’en finit plus de fasciner. Semble-t-il.


Mais, au-delà de la magie, il y a le rêve. Un voyage poétique et philosophique suggéré par Marc-André Haldimann, dont l’imposante carrure nous accueille avec un «Ahlan habibi» susurré avec délicatesse et délectation. Posté devant les imposantes colonnes corinthiennes de la vénérable bâtisse, l’archéologue déploie son double mètre, ponctué d’une tignasse rebelle, avant d’inviter au vernissage des 350 objets archéologiques et œuvres d’art, encore jamais exposés en Europe, qui ont fait le déplacement du Liban (voir notre édition du 1er novembre). Sur deux étages, repeints aux couleurs chaudes de la Méditerranée et de la divine pourpre du murex, une histoire exceptionnelle se raconte et se vit, animée par la ferveur du scientifique, qui traverse allègrement soixante siècles d’histoire de religions, d’art et d’archéologie, comme s’il y avait vécu.


Devant ses yeux, il détaille les rites funéraires de l’âge du bronze, l’évolution des croyances sous l’Empire romain ou l’avènement du christianisme et de l’islam. Le fil rouge, qu’il déroule avec toute sa bonhomie, dévoile des mondes chatoyants et les multiples facettes de la relation développée au cours des siècles entre les Libanais, le Divin et l’au-delà. Les collections libanaises présentées ajoutent à cette fascination, tout en montrant leur richesse: sarcophages monumentaux, mosaïques byzantines, stèles, statues votives, représentations divines, icônes, manuscrits melkites révèlent ainsi les civilisations, les rites et les croyances qui se sont succédé sur les rivages
libanais.

Une nouvelle vie
Scrutés dans leurs détails, valorisés par une somptueuse muséographie et mis en scène avec Marielle Martiniani-Reber et Anne-Marie Maïla-Afeiche, tous ces fragments reflètent les incontournables influences égyptienne, chypriote, romaine, grecque, ottomane. Et, à lui seul, Marc-André Haldimann incarne ces complexités. À travers tous ces objets exposés, il insuffle un incroyable sentiment d’appartenance à une terre d’accueil, à l’humanité tout entière. Parce que cette exposition est vivante et qu’elle nous dit ce que nous sommes. Elle parle de ceux qui offraient une nouvelle vie à leurs morts en les accompagnant d’objets et d’offrandes de toutes sortes, pour les tenir à l’écart. Elle insinue comment d’autres ont commencé à s’interroger et comment ils ont, un jour, envisagé un au-delà, une vie après la vie. Elle interpelle nos croyances et pousse à la réflexion quant aux destinées que nous nous promettons et à ce qu’il en adviendra. Un jour.


Les yeux pétillants de leur passion accomplie, remplis de douceur et de satisfaction, Marc-André Haldimann ressemble à un artiste passionné. Il parle d’ailleurs de «révolte culturelle comme passage vers l’action culturelle», préférant ce qui rapproche et fait cohabiter les croyances. Depuis plusieurs années, avec ses deux consœurs, il travaille sur cette collaboration exceptionnelle lancée, en son temps, par Tarek Mitri, ancien ministre de la Culture, et Patrice Mugny, ancien vice-maire chargé de la culture genevoise, à qui Sami Kanaan a succédé en juin 2011 (voir encadré). Rappelons encore que l’association «Fascination du Liban», emmenée par Malek el-Khouri, a servi de lien entre ces deux rives de la Méditerranée et permis de compléter l’effort financier en mobilisant de nombreux mécènes privés, suisses et libanais, du plus modeste au plus important donateur, pour concrétiser cette coopération unique.


Parmi toutes les magnifiques pièces dévoilées à Genève, Marc-André Haldimann laisse ses pensées vagabonder dans la maquette du grand temple de Deir al-Qalaa. Datant du deuxième siècle, le petit bloc de calcaire tient dans la paume d’une main. Érodé, fatigué, il recèle de précieuses spécifications techniques. Mais il projette surtout, devant les yeux du visiteur, la foule des fidèles, plébéiens et patriciens, venus se recueillir et tenter de se connecter au Divin, à un tout indissociable et pourtant si insaisissable. Le temps d’un captivant questionnement de soi. Le temps, pour nous, d’une exposition... d’une fascination transcendée en « fierté du Liban».

Le Musée Rath de Genève a vécu l’un de ces grands moments pour lesquels il a été érigé en 1826. Sanctifier les arts. Installé en plein cœur de la Cité de Calvin, ce «temple des muses» abrite aujourd’hui la «Fascination du Liban» pour quatre mois et de précieuses leçons d’histoire, qui s’apprêtent à se murmurer aux oreilles des Genevois en dévoilant des pans entiers...

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