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« Un morcellement de la RDC toucherait la moitié des pays d’Afrique noire »

Les principaux acteurs du M23

Un homme fort du pouvoir rwandais, un fondateur d’une « Église de réveil » ou encore un ex-général recherché pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale : voici les portraits des principaux acteurs, officiels ou présumés, de la crise en RDCongo.
- James Kabarebe : ministre rwandais de la Défense, accusé par l’ONU de commander « de facto » la rébellion congolaise du M23, est depuis une vingtaine d’années un personnage-clé des conflits des Grands Lacs africains. En 1994, au moment du génocide au Rwanda, il participe à la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR). Deux ans plus tard, il est envoyé au Zaïre, l’actuelle RDC, combattre aux côtés du rebelle Laurent-Désiré Kabila, père de Joseph, l’actuel président de la RDC. Quand le régime de Mobutu s’effondre en 1997, Kabila père le fait chef d’état-major de l’armée congolaise. Quand les relations entre Kigali et Kinshasa se dégradent, Kabarebe, qui avait formé le jeune Joseph Kabila dans les maquis, quitte le pays en août 1998. Il devient une pièce maîtresse du pouvoir tutsi rwandais, qui soutient alors une nouvelle rébellion dans l’est de la RDC. C’est le début d’une deuxième guerre régionale sur le sol congolais. Fidèle de l’actuel président rwandais Paul Kagame, James Kabarebe a toujours été étroitement associé aux décisions ou campagnes concernant le Congo voisin.
- Bosco Ntaganda : ex-général de l’armée congolaise, alias « Terminator », il est accusé d’être le véritable chef du M23, même s’il n’est jamais apparu officiellement comme tel. Il est visé par deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis dans l’Ituri en 2002 et 2003, notamment pour recrutement d’enfants mineurs. Chef d’état-major du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) quand cette rébellion tutsie congolaise a tué au moins 67 personnes en novembre 2008 à Kiwanja (est de la RDC), il a été intégré comme général dans l’armée début 2009, après un accord de paix du gouvernement avec le CNDP. Régulièrement cité dans des rapports de l’ONU pour son implication dans des trafics d’or, de minerais et de bois, il est accusé par Human Rights Watch d’être impliqué dans des assassinats et des disparitions. Après avoir fait défection en avril, il n’est plus apparu publiquement.
- Sultani Makenga : chef d’état-major officiel du M23, le colonel Sultani Makenga est né dans le Rutshuru au Nord-Kivu, un fief de la rébellion. Comme Kabarebe, il a combattu aux côtés du Front patriotique rwandais (FPR) et a participé aux deux premières guerres du Congo. Il a rejoint ensuite le CNDP comme adjoint de Ntaganda. Intégré aussi dans l’armée en 2009, il était chargé des opérations contre les groupes armés dans la province du Sud-Kivu, jusqu’à sa désertion et la création du M23. Réputé taiseux, discret, il est accusé de nombreuses exactions, tueries, mutilations, enlèvements ou violences sexuelles, parfois sur des enfants, selon l’ONU qui a gelé ses avoirs, une sanction également prise par Washington.
- Jean-Marie Runiga Lugerero : surnommé « Bishop » (évêque), cet évangéliste qui a créé « l’Église sans Sauveur » est le président politique du M23, poste auquel il aurait été « imposé » par Kabarebe, selon l’ONU. Il était le représentant à Kinshasa de l’ex-rébellion du CNDP, devenu parti politique après début 2009. Aujourd’hui, Jean-Marie Runiga, offensif dans le verbe, n’hésite pas à poser des ultimatums. Il avait d’ailleurs averti le président Kabila que s’il ne négociait pas avec le M23, son bras armé avancerait ses positions. Une menace mise à exécution.
- Gabriel Amisi : le général Amisi a été suspendu de ses fonctions de chef d’état-major de l’armée de terre congolaise, officiellement à la suite de la publication d’un rapport de l’ONU l’accusant de trafic d’armes avec des groupes armés. Mais sa mise à l’écart par le président congolais Joseph Kabila est intervenue après une série de revers de l’armée face au M23. Il est soupçonné de collusion avec le M23, mais aussi de trafic d’or et de minerais. Son surnom « Tango four » vient de la fonction de responsable de la logistique (T4) qu’il occupait dans la rébellion du RCD/Goma lors de la deuxième guerre du Congo.
Un homme fort du pouvoir rwandais, un fondateur d’une « Église de réveil » ou encore un ex-général recherché pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale : voici les portraits des principaux acteurs, officiels ou présumés, de la crise en RDCongo.- James Kabarebe : ministre rwandais de la Défense, accusé par l’ONU de commander « de facto » la...