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À La Une - Proche-Orient

La Palestine État observateur à l’ONU : l'histoire en marche

Tirs et clameurs de joie à Ramallah ; Israël et les États-Unis outrés.

A Ramallah, en Cisjordanie, les Palestiniens célèbrent le 30 novembre 2012 le passage de la Palestine au statut d'Etat membre des Nations unies, une requête présentée par Mahmoud Abbas devant l'Assemblée générale de l'ONU. REUTERS/Mohamad Torokman 

La Palestine est devenue hier un État observateur aux Nations unies, à l’issue d’un vote historique à l’Assemblée générale, malgré l’opposition des États-Unis et d’Israël. Le vote de cette résolution, qui fait de « l’entité » palestinienne un « État observateur non membre », a été acquis à une majorité confortable mais pas écrasante de 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions. Cette nouvelle stature internationale, qui donne aux Palestiniens accès à des agences de l’ONU et des traités internationaux, constitue une victoire diplomatique majeure. Mais elle expose l’Autorité palestinienne à des représailles financières américaines et israéliennes.


Avant le vote, le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé que l’Assemblée allait signer « l’acte de naissance » d’un État de Palestine. Il a estimé qu’il s’agissait de la « dernière chance de sauver la solution à deux États » (Israël et un État palestinien) et a promis de « tenter de ranimer les négociations » de paix avec Israël, au point mort depuis plus de deux ans, sans toutefois prendre d’engagements précis. Il a fait plusieurs références à « l’agression israélienne » à Gaza, une semaine après la conclusion d’un cessez-le-feu entre le Hamas qui contrôle ce territoire et Israël. Pour l’ambassadeur israélien à l’ONU, Ron Prosor, par contre, cette initiative « ne fait pas avancer la paix, elle la fait reculer », notamment parce que l’Autorité palestinienne « ne contrôle pas Gaza ».


À Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé le discours « diffamatoire et venimeux » de M. Abbas. « Le monde a entendu un discours (...) rempli de propagande fallacieuse contre l’armée israélienne et les citoyens d’Israël. Quelqu’un qui veut la paix ne parle pas comme cela », a-t-il déclaré, ajoutant que la décision de l’ONU « ne changera rien sur le terrain ». « Il n’y aura pas d’État palestinien sans arrangements garantissant la sécurité des citoyens d’Israël. En présentant leur demande à l’ONU, les Palestiniens ont violé leurs accords avec Israël, et Israël agira en conséquence », a-t-il encore dit. De Washington, la secrétaire d’État Hillary Clinton a immédiatement réagi, jugeant le vote « fâcheux et contre-productif ». « Cette résolution pose davantage d’obstacles sur le chemin de la paix », a-t-elle dit, rappelant que l’unique moyen d’accéder à un État palestinien doit passer par la reprise des négociations directes avec Israël.


À Ramallah, en Cisjordanie, le vote a été salué par des tirs en l’air et des acclamations de la foule. Ce vote a coïncidé avec l’anniversaire de l’adoption par l’ONU en 1947 du plan de partage de la Palestine mandataire, qui prévoyait un État juif et un État arabe. Plus tôt en journée, devant le Comité sur les droits inaliénables du peuple palestinien qui célébrait cet anniversaire, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé solennellement aux Palestiniens et Israéliens de « ranimer le processus de paix » en reprenant des « négociations directes ». De son côté, l’Union européenne a rappelé qu’elle était « prête à reconnaître un État palestinien au moment opportun », mais que la priorité était de reprendre les négociations. Et à Paris, le président François Hollande a également appelé à la reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens « sans conditions et le plus rapidement possible ».
La résolution votée hier appelle à une reprise des négociations israélo-palestiniennes pour qu’un État de Palestine puisse coexister « aux côtés d’Israël en paix et en sécurité, sur la base des frontières d’avant 1967 ». Elle « exprime l’espoir que le Conseil de sécurité considérera de manière favorable » la candidature de la Palestine comme membre à part entière, déposée en septembre 2011 par M. Abbas mais torpillée au Conseil par une menace de veto américain.

Sanctions ?
Ce qui inquiète le plus Israéliens et Américains, c’est la possibilité qu’auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d’y porter plainte contre Israël. Des responsables palestiniens ont évoqué cette hypothèse si Israël poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie. Israël a brandi la menace de sanctions en cas de vote positif à l’ONU, mais a annoncé qu’il n’annulerait aucun accord conclu avec les Palestiniens. Israël a la possibilité de bloquer les taxes qu’il perçoit pour le compte de l’Autorité palestinienne ou de réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens. En revanche, il n’est pas question d’une annexion des blocs de colonies israéliennes en Cisjordanie comme le réclament des députés d’extrême-droite, a assuré un responsable israélien. Le Congrès américain pourrait de son côté refuser de verser 200 millions de dollars d’aide promis aux Palestiniens. En compensation, la Ligue arabe a promis aux Palestiniens un « filet de sécurité » de 100 millions de dollars par mois.

 

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