Rechercher
Rechercher

À La Une - Politique

Egypte: les juges en première ligne contre les nouveaux pouvoirs de Morsi

Les juges d'Alexandrie annoncent une grève, accentuant le bras de fer avec le pouvoir exécutif.

Des manifestants anti-Morsi rassemblés sur la place Tahrir. Mohamed Abd El Ghany/

Les juges égyptiens ont pris samedi la tête du mouvement de contestation contre l'élargissement des pouvoirs du président islamiste Mohamed Morsi, en dénonçant une "attaque sans précédent" et en appelant à une grève des tribunaux dans tout le pays.

 

A l'issue d'une réunion en urgence au Caire, le Club des juges a appelé à "la suspension du travail dans tous les tribunaux et les administrations du parquet" pour protester contre la décision du président de mettre ses décisions à l'abri de tout recours judiciaire, selon ce juge.

 

La réunion des juges a duré plusieurs heures dans une ambiance électrique. Le président du Club, Ahmed al-Zind, a dénoncé "une attaque féroce contre la justice égyptienne", tandis que des magistrats furieux scandaient "Le peuple veut la chute du régime", le slogan de la révolte contre M. Moubarak.

 

Dans la journée, le Club des juges d'Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, avait déjà annoncé une grève jusqu'à ce que le président revienne sur ses décisions de jeudi.

Et le Conseil suprême de la justice, la plus haute autorité judiciaire d'Egypte, avait dénoncé les nouvelles prérogatives du président comme "une attaque sans précédent contre l'indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements".

 

M. Morsi avait également décidé jeudi de limoger le puissant procureur général, Abdel Meguid Mahmoud.

Il a expliqué que le renforcement de ses pouvoirs permettrait d'accélérer les réformes démocratiques. Ces nouvelles dispositions sont censées durer jusqu'à l'adoption d'une nouvelle Constitution, un processus aujourd'hui enlisé et qui pourrait prendre plusieurs mois.

 

Dans le même temps, des mouvements dirigés par des figures de l'opposition comme Mohamed El-Baradei et les anciens candidats à la présidentielle Hamdeen Sabbahi, Amr Moussa et Abdelmoneim Aboul Foutouh, ont signé un communiqué annonçant leur refus de tout dialogue avec le président tant qu'il ne serait pas revenu sur sa décision.

 

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants qui tentaient de pénétrer dans les locaux de la Haute cour, où se tenait la réunion du Club des juges.

 

Dans la matinée, la police avait de la même manière empêché de nouveaux manifestants de se rendre sur la place Tahrir, où des militants ont monté une trentaine de tentes pour occuper les lieux jusqu'à ce que le président revienne sur ses décisions, selon un journaliste de l'AFP.

 

"L'Egypte entre dans une nouvelle révolution car notre intention n'était pas de remplacer un dictateur par un autre", a expliqué samedi matin un manifestant, Mohammed al-Gamal.

 

Les opposants à M. Morsi ont appelé à une nouvelle manifestation de masse mardi à Tahrir. Mais les Frères musulmans ont appelé à une manifestation de soutien au président également mardi, à quelques rues de la place emblématique.

 

Vendredi déjà, deux manifestations rivales avaient réuni des milliers de personnes d'une part sur la place Tahrir aux cris de "Morsi dictateur", et d'autre part devant le palais présidentiel, derrière le slogan "Morsi on t'aime".

 

Depuis jeudi, le camp de M. Morsi explique que le renforcement de ses pouvoirs permettra d'accélérer les réformes démocratiques et rappelle que ces nouvelles dispositions prendront fin dès qu'une nouvelle Constitution aura été adoptée, même si le processus est aujourd'hui enlisé.

 

"Nous avons besoin de stabilité", a déclaré Mourad Ali, un porte-parole du Parti de la liberté et de la justice, branche politique des Frères musulmans. "Et nous ne l'aurons pas si nous autorisons encore une fois les juges, qui ont leurs motivations personnelles, à dissoudre la commission constituante afin de prolonger la phase de transition".

 

A l'étranger, Américains et Européens ont exprimé leur inquiétude de voir ces mesures entraver la démocratisation du pays le plus peuplé du monde arabe.

Washington a rappelé que "l'une des aspirations de la révolution (de 2011) était de s'assurer que le pouvoir ne serait pas trop concentré entre les mains d'une seule personne ou d'une institution".

L'Union européenne a appelé M. Morsi à respecter "le processus démocratique" et Paris a estimé que les décisions prises n'allaient pas "dans la bonne direction".

Les juges égyptiens ont pris samedi la tête du mouvement de contestation contre l'élargissement des pouvoirs du président islamiste Mohamed Morsi, en dénonçant une "attaque sans précédent" et en appelant à une grève des tribunaux dans tout le pays.
 
A l'issue d'une réunion en urgence au Caire, le Club des juges a appelé à "la suspension du travail dans tous les tribunaux et les...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut