Bahreïn/Achoura : des chiites déférés devant le parquet pour "irrégularités"

Les autorités bahreïnies ont indiqué dimanche avoir déféré devant le parquet des personnalités chiites pour "irrégularités" lors du deuil de l'Achoura, le plus important du calendrier chiite.

"Après des irrégularités ayant entaché des cérémonies de l'Achoura, les responsables de certains lieux de culte chiites ont été avertis", a déclaré le département des Affaires légales au ministère dans un communiqué.

"Des mesures judiciaires ont été engagées contre des prédicateurs, responsables d'irrégularités et de violations de la loi. Ils ont été déférés devant le parquet", a ajouté le communiqué.

La liberté de culte est garantie dans le respect de la loi, a rappelé le ministère sans préciser la nature des "irrégularités" reprochées aux chiites, majoritaires dans ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite.

Les chiites commémorent d'habitude l'Achoura par des processions de rue et des rassemblements dans leurs lieux de culte.

Or le ministère de l'Intérieur avait décidé le 30 octobre d'interdire les manifestations de rue afin de préserver "la paix civile" après une série de protestations de l'opposition chiite, parfois émaillées de violences, contre le pouvoir.

Dans un communiqué, le principal groupe de cette opposition, Al-Wefaq, a accusé les autorités bahreïnies d'imposer des "restrictions sur la liberté d'opinion et de culte durant l'Achoura (...), célébré depuis des siècles à Bahreïn".

Les forces de sécurité sont intervenues samedi et dimanche dans plusieurs villages chiites pour retirer des photos et des affiches annonçant la commémoration du deuil de l'Achoura, selon des témoins.

L'Achoura commémore le martyre de l'imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et troisième imam du chiisme, mort en 680 à Kerbala en Irak. Les célébrations, qui s'étalent sur une dizaine de jours, doivent culminer le 10 du mois lunaire de Muharram, qui coïncide avec le 24 novembre.

Bahreïn est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation, animé par des chiites qui réclament une monarchie constitutionnelle avec un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.

Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), 80 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte.