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À La Une - syrie

Statu quo à Doha, l'opposition syrienne toujours divisée

Un double attentat suicide tue 20 soldats à Deraa.

Un soldat syrien faisant le signe de la victoire près d'un char de l'armée, le 10 novembre 2012, à Alep. STR/

Alors qu'aucune issue n'est en vue à un conflit qui a fait plus de 37.000 morts en 15 mois en Syrie, l'opposition, appelée par les Arabes, les Occidentaux et les rebelles sur le terrain à s'unifier, discute depuis jeudi à Doha d'un projet visant à la fédérer.

 

Ce projet prévoit la formation d'une instance politique unifiée d'une soixantaine de membres. Cette instance devra à son tour constituer un gouvernement transitoire de dix membres, un conseil militaire suprême et un organe judiciaire.

Le plan, largement inspiré d'une initiative de l'opposant Riad Seif, a été mis sur la table jeudi à l'ouverture d'une réunion regroupant, sous l'égide du Qatar et de la Ligue arabe, la plupart des composantes de l'opposition.


Mais craignant d'être marginalisé, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition en exil, a exprimé ses réserves sur ce projet, hypothéquant un accord avec les autres groupes luttant contre le régime de Bachar el-Assad. 

"Nous avons été informés de leur initiative, mais nous avons notre propre point de vue et nos idées que nous exposerons", a dit Georges Sabra, le nouveau président du CNS, un chrétien de 65 ans. "Aucune partie ne peut se ranger sous la bannière d'une autre", a-t-il dit.

 

"La réunion est toujours en cours mais il y a un réel progrès. Il va y avoir un accord politique pour l'action commune, une instance politique supervisant l'action militaire", a toutefois déclaré en soirée l'ex-chef du CNS, Burhan Ghalioun.
"Si Dieu le veut, nous parviendrons à un accord cette nuit", a également déclaré Salem Muslet, un dirigeant du CNS.


Le CNS a élaboré sa propre initiative, préconisant la formation d'un "gouvernement provisoire" en attendant la tenue d'un congrès général, selon un document obtenu par l'AFP. Il prévoit également un "fonds d'aide au peuple syrien", une "direction unifiée pour le commandement militaire de l'intérieur" et une instance judiciaire.


Créé formellement en octobre 2011 et rapidement considéré comme un "interlocuteur légitime" par la communauté internationale, le CNS est de plus en plus critiqué pour son manque de représentativité, en particulier par les Etats-Unis.

 

L'armee syrienne à nouveau visée
Alors que l'opposition peine à s'unifier, les violences sur le terrain se poursuivent.

A Deraa (sud), berceau en mars 2011 de la révolte populaire devenue guerre civile, au moins 20 soldats ont péri samedi dans l'explosion à quelques minutes d'intervalle de deux voitures piégées conduites par des kamikazes dans l'enceinte d'un club d'officiers, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'agence officielle Sana a confirmé l'explosion de deux voitures et fait état de victimes, sans plus de précisions. L'attaque n'a pas été revendiquée.


Dans le nord-est syrien, le régime perdait de plus en plus de terrain. Les combattants kurdes ont pris ces dernières 24 heures le contrôle de trois villes -Derbassiyé, Tal Tamer, Amouda-, les soldats assiégés ayant accepté de les évacuer, ont indiqué l'OSDH et des militants.
La veille, les rebelles s'étaient emparés de la ville de Rass al-Aïn, non loin de là, après des combats féroces avec l'armée, selon l'OSDH et des militants.

 

Néanmoins, l'armée syrienne a récupéré une portion de l'autoroute stratégique menant de Damas vers le nord du pays sans parvenir encore à prendre la ville clé de Maaret Al-Noomane, a annoncé samedi en soirée l'OSDH.

Les affrontements se poursuivent aux alentours de cette ville, a précisé Rami Abdel Rahmane, le président de l'ONG basée en Grande-Bretagne, qui se base sur un réseau de militants et de sources médicales sur le terrain.
La base militaire de Wadi Deif, située à la périphérie de Maaret Al-Noomane, a reçu ces derniers jours des approvisionnements "en munitions et en vivres", acheminés de la région de Tadmor (est), a indiqué M. Abdel Rahmane.

Les rebelles ont pris le contrôle de Maaret Al-Noomane le 9 octobre, après des combats meurtriers. Ils ont par la suite réussi à faire tomber plusieurs villages alentours. Durant plusieurs semaines, ils ont assiégé la base de Wadi Deif, la plus importante de la région, avant que l'avancement des forces du régime ne les pousse à lever le siège.
L'armée mène des bombardements et des raids aériens quotidien sur Maaret Al-Noomane, ville cruciale pour l'acheminement de renforts vers Alep, théâtre de combats meurtriers depuis plus de quatre mois.

 

 

Dans la province de Damas, l'armée a lancé un assaut sur la ville de Daraya et bombardait d'autres localités dans la soirée. A Damas même, plusieurs bombes ont explosé selon l'OSDH, et une roquette a visé un quartier chrétien, blessant deux jeunes filles, selon la télévision officielle.

 

 

(Reportage : Damas s’enfonce dans une longue guerre)


Dans le nord-ouest, l'agence officielle Sana a fait état de la destruction par l'armée d'un navire transportant des rebelles sur l'Euphrate. C'est la première fois que les médias officiels évoquent un incident sur ce fleuve qui passe par les villes de Deir Ezzor, Raqqa et Bou Kamal, théâtres de combats.

 

Les violences ont fait au moins 101 morts à travers la Syrie - 41 soldats, 34 civils et 26 rebelles -, selon un bilan provisoire de l'OSDH, alors que les morts se comptent par dizaines tous les jours dont de nombreux civils parmi lesquels femmes et enfants.


Signe que les violences empirent, 11.000 Syriens ont fui le pays en 24 heures, dont 9.000 pour la Turquie, a annoncé vendredi le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), qui dénombre habituellement une moyenne de 2.000 nouveaux réfugiés syriens par jour.

 

 

Un "dossier solide" contre Assad

Bachar el-Assad, lui, reste inflexible. Dans une interview à une télévision russe diffusée cette semaine, il a exclu tout départ du pouvoir et de Syrie. Le président syrien a réaffirmé mener une "guerre contre le terrorisme" qui risque d'être "longue". "Il ne s'agit pas d'une guerre civile", a-t-il martelé.
M. Assad, dont le mandat prend fin en 2014, a affirmé à Russia Today que "ce sont les urnes qui diront très simplement" s'il doit "rester ou partir".

 

Alors qu'ONG locales et internationales dénoncent régulièrement les "crimes" du régime, l'ex-procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a suggéré vendredi d'émettre un mandat d'arrêt international contre le président Assad afin de mettre un terme à la guerre civile en Syrie, estimant qu'il y aurait un "dossier solide" contre lui.


Le conflit en Syrie a été déclenché le 15 mars 2011 par la répression par le régime d'un mouvement de contestation populaire qui s'est militarisé au fil des mois.

 

 

Reportage

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