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À La Une - conflit

Attentats, raids aériens... En Syrie, les violences redoublent d'intensité

Cameron pour une sortie sécurisée d'Assad ; les autorités ferment les bureaux du Hamas dans le pays.

Un soldat syrien s'apprête à tirer, le 6 novembre 2012, à Hasrata près de Damas. Photo Sana/AFP

Le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit mardi favorable à une sortie sécurisée du président Bachar el-Assad de Syrie si cela pouvait mettre fin à l'effusion de sang, les violences ayant redoublé d'intensité avec une multiplication des attentats et des raids.

 

Mardi, les attaques à la bombe et à la voiture piégée se sont multipliées, frappant plusieurs banlieues de Damas, au lendemain d'une attaque suicide à la voiture piégée qui avait infligé un rude coup à l'armée en tuant au moins 50 combattants pro-régime dans le centre du pays.


Dans la soirée, trois bombes ont fait, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 10 morts et une quarantaine de blessés, dont de nombreux dans un état critique, à Qudsaya, une banlieue populaire de l'ouest de Damas qui abrite les résidences de la garde républicaine. Les médias officiels ont également fait état de morts et de blessés sans fournir de bilan précis.


Plus tôt, une voiture piégée avait fait des blessés à Mouadamiya, près de Damas, et une autre avait explosé dans la banlieue de Sayeda Zeinab, faisant des dégâts, selon l'OSDH, tandis que la télévision d'Etat a affirmé qu'une attaque similaire avait été déjouée à Damas. Ces attentats n'ont pour le moment pas été revendiqués.


Alors que des combats meurtriers ont récemment éclaté aux abords du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, dans le sud de Damas, faisant plus de 30 morts, Damas a fermé plusieurs bureaux en Syrie du mouvement islamiste Hamas, qui a rompu avec le régime de Bachar el-Assad longtemps son proche allié, selon l'OSDH et une source palestinienne. Des Palestiniens combattent en Syrie du côté des pro-régime et du côté rebelle.

 

 

Damas au centre des combats
Damas, un temps éclipsée par l'ouverture fin juillet du front d'Alep (nord), est désormais au centre des combats, l'aviation menant de nombreux raids dans les villes alentour.
Selon des analystes, le régime a réduit ses ambitions territoriales pour se concentrer sur Damas, le centre et le pays alaouite (nord-ouest), afin de se maintenir sur ces positions et avoir une carte entre les mains lors des négociations.


De fait, son armée, dont l'aviation a l'entière maîtrise du ciel face à des rebelles équipés d'armes légères, semble décidée à mettre à profit cet atout, multipliant les raids aériens meurtriers, notamment autour de la capitale.
Les hommes à bord de ses hélicoptères, qui jusqu'alors tiraient à la mitrailleuse lourde, lâchent désormais sur des zones d'habitations des barils remplis d'explosifs.
Et le ballet de ses chasseurs-bombardiers s'est accéléré, avec des raids mardi à travers tout le pays, dont l'un, particulièrement violent, a tué 19 civils et blessé 61 autres dans la seule ville de Saraqeb (nord-ouest), selon l'OSDH.


Un haut responsable de l'ONU a estimé que l'armée faisait vraisemblablement usage de bombes à sous-munitions, Moscou, allié de Damas, affirmant pour sa part que les rebelles avaient "obtenu 50 missiles Stinger de l'extérieur pour frapper les avions" du régime.

 


(Reportage : Chaque jour, l’aviation syrienne sème la mort et la soif de vengeance...)

 

A Midane, le frère du président du Parlement syrien Jihad al-Laham a été assassiné par des "terroristes", selon la télévision officielle syrienne.

 

Les violences ont à nouveau fait mardi 122 morts, dont 69 civils, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui s'appuie sur un réseau de militants et de médecins dans les hôpitaux civils et militaires.

Lundi, selon cette organisation, 247 personnes ont péri à travers la Syrie, dont 93 soldats, 68 rebelles et 86 civils. Il s'agit de la journée la plus sanglante depuis l'annonce, le 26 octobre, par l'émissaire international Lakhdar Brahimi, d'une trêve qui n'a jamais été respectée.

En près de 20 mois, plus de 36.000 morts ont péri en Syrie, selon l'OSDH.

 

 

"S'il veut partir, il pourrait partir, cela pourrait être arrangé"

Sur le plan diplomatique, le Premier ministre britannique David Cameron a indiqué, lors d'une interview mardi à la chaîne satellitaire al-Arabiya, qu'il serait d'accord pour une sortie en toute sécurité pour le président Bachar el-Assad, s'il acceptait de partir pour mettre fin au conflit en Syrie.

 

"Certainement, je ne lui offre pas un plan de sortie en Grande-Bretagne, mais s'il veut partir, il pourrait partir, cela pourrait être arrangé", a déclaré M. Cameron, à qui l'on demandait son avis si le président syrien envisageait une sortie en toute sécurité de son pays. "Je suis favorable à tout pour voir cet homme quitter le pays et avoir une transition sûre en Syrie", a ajouté le Premier ministre dans un entretien accordé à la chaîne à capitaux saoudiens au cours d'une visite de deux jours qu'il a achevée mardi aux Émirats arabes unis. "Bien sûr, je préfère qu'il affronte la force de la justice et du droit internationaux pour ce qu'il a fait" contre son peuple, a-t-il encore dit.

 

 

"Est-ce que l'objectif est de morceler la Syrie ?"

Une grande partie de l'opposition syrienne, actuellement réunie à Doha pour se restructurer, pose comme condition sine qua none à toute négociation un départ de M. Assad, qui lui refuse catégoriquement d'envisager cette possibilité et s'est dit à plusieurs reprises déterminé à écraser la rébellion.

 

Répondant aux critiques venues de Syrie et de pays étrangers l'accusant de manquer de représentativité, le Conseil national syrien (CNS) a annoncé hier s'être élargi à 13 nouveaux groupes d'opposition.

 

Aujourd'hui, le chef du CNS, Abdel Basset Seyda a reproché à la communauté internationale son inaction face au massacre de son peuple et à la destruction de son pays, dans un discours à Doha.

"Le peuple syrien saigne et attend de la communauté internationale qu'elle agisse", a affirmé M. Seyda, dénonçant "le massacre des Syriens et la destruction systématique de nos villes et de nos villages". Il a affirmé que les Syriens "ont le sentiment d'avoir été laissés seuls face à leur destin et que le monde entier s'est entendu pour ne rien faire".

"Qu'attend la communauté internationale ? Est-ce que l'objectif est de morceler la Syrie ?", s'est encore demandé M. Seyda.

 

Il a averti que "si les massacres sauvages du régime se poursuivent, et que le communauté internationale persiste dans son attitude négative et incompréhensible", cela ne pouvait qu'encourager "les courants extrémistes".

 

Le discours de M. Seyda intervient alors que le CNS, jusque là considéré comme la principale coalition de l'opposition visant à renverser le régime du président Bachar el-Assad, est la cible de virulentes critiques de l'administration américaine.

La secrétaire d’État Hillary Clinton l'a publiquement désavoué la semaine dernière, estimant qu'il ne pouvait "plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition", et a plaidé pour une nouvelle opposition "plus large", incluant des "Syriens de l'intérieur".

 

Parallèlement, les opposants syriens doivent se réunir jeudi, à l'appel de la Ligue arabe et du Qatar, pour se prononcer sur l'initiative de l'ancien député syrien Riad Seif qui propose la création d'une nouvelle instance chapeautant toute l'opposition. Cet opposant respecté, actuellement en exil, veut ainsi "éviter un vide politique au moment de la chute du régime d'Assad", "soutenir l'Armée syrienne libre (ASL), administrer les zones libérées, créer un fonds de soutien du peuple syrien, et garantir une reconnaissance internationale".

 

"Certains parlent du danger de voir la Syrie divisée (...) Je pense que le véritable risque n'est pas la partition mais la +somalisation+, avec un effondrement de l’État et l'émergence de milices et de factions armées", a réagi, de son côté, l'émissaire international Lakhdar Brahimi, dans un entretien au journal panarabe al-Hayat publié mardi.

 

 

Défections

Il convient enfin de signaler que sept généraux syriens ont déserté les rangs de l'armée syrienne pour se réfugier mardi en Turquie, rejoignant des centaines d'autres militaires ayant fait défection, a rapporté l'agence de presse turque Anatolie.

A ce jour, plusieurs dizaines de hauts officiers syriens, dont de nombreux généraux, sont venus se réfugier en Turquie.

Les généraux transfuges ont traversé la frontière turco-syrienne entourés d'un important dispositif de sécurité à la hauteur de la localité frontalière de Reyhanli, dans la province de Hatay, a précisé Anatolie.

Ils ont été conduits par les autorités turques au camps de réfugiés d'Apaydin, dans cette même province, qui abrite l'ensemble des soldats syriens qui ont fait défection, selon l'agence.

Le Premier ministre britannique David Cameron s'est dit mardi favorable à une sortie sécurisée du président Bachar el-Assad de Syrie si cela pouvait mettre fin à l'effusion de sang, les violences ayant redoublé d'intensité avec une multiplication des attentats et des raids.
 
Mardi, les attaques à la bombe et à la voiture piégée se sont multipliées, frappant plusieurs...
commentaires (2)

D'accord pour une SORTIE SÉCURISÉE de "l'assadique", mais les pieds en premier !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 33, le 06 novembre 2012

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Commentaires (2)

  • D'accord pour une SORTIE SÉCURISÉE de "l'assadique", mais les pieds en premier !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 33, le 06 novembre 2012

  • J'ai comme l'impression ...pour mieux comprendre ce qui se passe en Syrie , que je devrais m'inscrire auprès d'une académie de mensonge ,je suis embarrassé je ne sais pas ou est la meilleures dans la région...!

    M.V.

    07 h 31, le 06 novembre 2012

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