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Moyen Orient et Monde - Reportage

Chaque jour, l’aviation syrienne sème la mort et la soif de vengeance...

Des secouristes évacuent une famille d'un immeuble bombardé par l'aviation syrienne, le 4 novembre 2012, à al-Bab, à une quarantaine de kilomètres d'Alep, dans le nord de la Syrie. AFP/PHILIPPE DESMAZES

L’avion a survolé dans un fracas le centre-ville, forçant les habitants terrifiés à courir chercher un abri, puis il a largué ses bombes, détruisant à jamais plusieurs familles. Une journée ordinaire de guerre et de chagrin en Syrie.


Les ambulances fonçaient dimanche dans les rues d’al-Bab, une ville tenue depuis des mois par les rebelles au nord-est d’Alep, slalomant toutes sirènes hurlantes entre les voitures à la recherche des victimes du jour. Au-dessus, l’avion militaire décrivait toujours des cercles menaçants. Les secouristes fouillaient déjà désespérément, à mains nues, les décombres de la première maison touchée quand la deuxième bombe est tombée sur une autre habitation civile. Puis le pilote a largué sa troisième bombe sur une école coranique située près des premières maisons touchées. L’explosion a envoyé un déluge de poussière, de pierres et de débris à travers la rue et dans les bâtiments environnants. L’attaque a duré 20 minutes et, selon des sources médicales, elle a fait quatre morts et huit blessés.


Pour les familles des victimes, ce dimanche ouvre une vie de deuil et une soif de vengeance. Pour les amis et les voisins qui s’en sont sortis indemnes, c’est un nouveau rappel que la mort peut tomber du ciel à tout moment et que personne n’est à l’abri. Adnane Hamza, un ingénieur de 42 ans père de trois enfants, était sorti de chez lui ce matin-là pour présider une réunion d’un conseil local. Blessé par la première bombe, il a été apparemment tué par un éclat d’une des deux autres. Il a été ramené chez lui mort, la tête couverte d’un bandage ensanglanté et le corps enroulé dans une couverture, puis déposé par terre dans la pièce principale, veillé par ses frères, des hommes dans la force de l’âge mais effondrés et en larmes. Très vite, le sentiment de vengeance s’installe. « Je me vengerai de mes propres mains. J’étais avec lui quand la première bombe a frappé. Il n’est pas mort sur le coup. C’est ensuite qu’il a été touché par un éclat, raconte en pleurs Safwan, frère de Adnane. « Je boirai le sang de Bachar (el-Assad) et je boirai le sang du pilote. »


La nouvelle de la mort de Adnane se répand dans la ville, et peu à peu, la maison s’emplit de proches du défunt. D’abord ses frères, puis ses amis et ses cousins. Puis viennent les femmes, souvent accompagnées de jeunes enfants, les vieilles tantes de Adnane et sa jeune veuve, accompagnée de leurs trois enfants, dont le plus jeune n’a que trois ans. Couvertes de la tête aux pieds de leurs abayas noires, les tantes s’écroulent sur le corps puis se frappent la poitrine en implorant le ciel. Le docteur Mahmoud Sayeh, un chirurgien orthopédique, se tient debout dans le couloir, à l’extérieur de la pièce : « Nous étions amis depuis 30 ans. Il a tout donné à la révolution. Nous allons reprendre le flambeau, tous autant que nous sommes. Et nous nous vengerons d’Assad et de son équipe de criminels. »

L’avion a survolé dans un fracas le centre-ville, forçant les habitants terrifiés à courir chercher un abri, puis il a largué ses bombes, détruisant à jamais plusieurs familles. Une journée ordinaire de guerre et de chagrin en Syrie.
Les ambulances fonçaient dimanche dans les rues d’al-Bab, une ville tenue depuis des mois par les rebelles au nord-est d’Alep, slalomant...

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