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À La Une - Billet

À quand les accords de Beyrouth ?

C’était en mai 2008. Les dirigeants libanais s’étaient rendus manu militari dans la capitale qatarie pour se faire dicter la nouvelle manière de faire, le nouveau président à élire, le nouveau gouvernement à adopter : 30 membres dont 16 représentant la majorité, 11 l’opposition avec pour cadeau de consolation l’obtention du droit de blocage. En somme, une sorte d’École des fans avec un Jacques Martin improvisé en la personne du Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem al-Thani. Les blagues allaient bon train, les spéculations aussi. Non seulement sur les couleurs des pyjamas des uns et des autres, la distribution des chambres et les apartés nocturnes et autres, mais sur ce que M. al-Thani avait dû débourser pour calmer les ardeurs et ambitions de la bande à Bonnot made in Lebanon. Puis ces messieurs étaient revenus au Liban, Michel Sleiman s’était vu assigner le poste de président de la République, le Hezbollah avait, lui, renforcé sa position sur l’échiquier politique.


Si les accords de Doha n’avaient pas réussi à résoudre les divergences de base (auraient-ils seulement pu les atténuer ?), ils avaient néanmoins enclenché une trêve qui avait redonné de l’espoir aux investisseurs et ravivé les couleurs d’un été qui se faisait porter pâle. Les hôtels étaient pleins, les stations balnéaires et estivales bondées, les commerçants enfin heureux. Les Libanais se targuaient d’avoir dépassé la barre des 2 millions de touristes à l’Aéroport international de Beyrouth, les indicateurs économiques étaient repartis à la hausse, la croissance flirtait avec les 8 % en 2010. Bref, tout semblait aller pour le mieux. Le courant électrique 24h/24 n’était pas encore au rendez-vous, mais qu’importe, les enseignes françaises du luxe avec un grand « L » se bousculaient dans un centre-ville plus inabordable que jamais. Tant pis pour le Libanais lambda, les touristes venus du Golfe y trouvaient leur compte, au grand bonheur des restaurateurs et autres prestataires de services en tout genre. Sauf que voilà, la coalition gouvernementale, mention « union nationale » formée suite aux législatives de 2009 remportées par le camp dirigé par Saad Hariri, s’était effondrée le 12 janvier 2011 suite à la démission des ministres du Hezbollah. Nagib Mikati avait été chargé de former un nouveau gouvernement. Le reste appartient à l’histoire.

 

(Lire aussi : Liban : Annulations en série et revendications mises en sourdine face à la crise)


Quatre années se sont écoulées depuis ces fameux accords érigés en « formule miracle salvatrice ». Entre-temps le Liban s’est fait taper sur les doigts par le Trésor américain, le secteur immobilier a dû tant bien que mal improviser une pédale de freinage, l’hôtellerie fait de son mieux, comprendre fait pitié, et l’activité commerciale est branchée sur un respirateur artificiel. Bilan de l’été 2012 : catastrophique.


Les accords de Doha ont été relégués aux oubliettes d’on ne sait quelle geôle politique, les « choukran Qatar » (merci au Qatar), limite humiliants, vite oubliés et le candidat Liban se retrouve pour la énième fois aux bancs des recalés politico-économiques.


Parce que toute formule, aussi efficace soit-elle, touche un jour ou l’autre à sa fin. Surtout si cette formule n’a pas la velléité de s’attaquer aux problèmes de fond, à savoir la corruption, les services urbains, médicaux, éducatifs et sociaux, le taux de chômage, la dégradation du niveau de vie. Parce qu’il ne faut pas/plus aller chercher loin la solution. Parce que ce n’est ni au Caire, ni à Taëf, ni à Doha, ni dans les îles Wallis et Futuna sous les cocotiers qu’on nous proposera une formule miracle. Parce qu’il est grand temps que les dirigeants arrêtent tout système d’assistanat, fût-il français, américain, saoudien, iranien ou qatari.


Parce qu’il y a plus que jamais urgence ; l’urgence de mettre en place les accords de Beyrouth. Pour les Libanais, par les Libanais.

 

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