Nadim Gemayel : Le Hezb veut mener à terme son coup d’État

Arrivé hier à Paris, le député Nadim Gemayel a accordé une interview à la chaîne France 24. « Notre problème est que la Syrie tente d’exporter sa crise vers le Liban », a-t-il affirmé, soulignant que « le cabinet de Nagib Mikati est l’allié de la Syrie ». « C’est ce qui explique son mutisme face aux bombardements syriens quotidiens des villages libanais frontaliers, par exemple. » De plus, a-t-il ajouté, « le Hezbollah, composante fondamentale de ce gouvernement, profite de la crise syrienne pour imposer sa volonté à l’intérieur ». Interrogé sur l’après-Bachar, M. Gemayel a estimé que « le Hezbollah tentera alors de mener à terme son coup d’État, entamé le 7 mai 2008, en mettant la main sur le pouvoir : s’il n’arrive pas à imposer la loi électorale qui lui convient, il aura recours à une opération militaire, à laquelle nous serons obligés de résister ».
Pour sa part, le député Amine Wehbé a réitéré l’appui du 14 Mars à l’opposition syrienne, un appui qui se veut « politique et moral ». Dénonçant « l’intervention des combattants du Hezbollah en Syrie », il a en même temps stigmatisé « les menaces faites par certains opposants syriens contre le Hezbollah et précisément la banlieue sud ».

Mikati et Mansour
Pour l’instant, le gouvernement se confine dans une politique de distanciation, saluée par l’Occident. Ainsi, le Premier ministre Nagib Mikati a reçu la chef de la Délégation européenne Angelina Eichhorst, ainsi que l’ambassadeur britannique Tom Fletcher. Ce dernier a estimé qu’il « n’existe aucun substitut à la politique de distanciation telle qu’adoptée par le gouvernement. Il est important que tous les leaders politiques au Liban respectent cela ».
Un appel qui a trouvé écho auprès de l’uléma Ali Fadlallah, reçu hier par l’ancien Premier ministre Sélim Hoss. Les syndicats des professions libérales réunies hier au siège de l’ordre des médecins ont également favorisé « le maintien à l’écart du Liban par rapport à la politique des axes et le soutien à l’armée ».
Quant au ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour, il a estimé qu’« avant d’interroger les autorités syriennes sur les noms de responsables syriens évoqués dans l’affaire Samaha et celle de l’assassinat du journaliste Gebran Tuéni, ces dossiers doivent être finalisés par les autorités judiciaires locales ». Il convient de signaler que le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, a reçu hier à Yarzé l’ambassadeur de Syrie Ali Abdel Karim Ali. Pour sa part, le ministre de l’Intérieur a reçu l’ambassadeur de Russie Alexandre Zassypkine, qui a estimé que « la politique de dissociation adoptée par le Liban est convenable durant cette situation critique et rejoint les efforts de la Russie pour trouver une solution politique à la crise syrienne ».
S’agissant enfin de la situation humanitaire des réfugiés, la commission de l’Éducation prépare une réunion spéciale visant à intégrer les enfants syriens au système scolaire libanais.