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À La Une - Éclairage

Reprise de contact entre le camp chiite libanais et l’Arabie saoudite

Depuis la rencontre, en marge du sommet de La Mecque, entre le roi Abdallah d’Arabie et le président de la République islamique d’Iran Mahmoud Ahmadinejad, quelque chose s’est débloqué sur la scène libanaise. Les deux hommes avaient sans doute beaucoup de dossiers à examiner, notamment concernant la situation régionale. S’il est clair que le royaume wahhabite et les dirigeants iraniens ne sont pas d’accord sur l’attitude vis-à-vis du dossier syrien, ils ont visiblement trouvé quelques terrains d’entente, notamment sur le plan de la nécessité de faire baisser la tension entre les sunnites et les chiites qui menace la région d’une explosion généralisée – voire d’une guerre de longue haleine – et sur l’importance de maintenir le Liban à l’abri de la crise syrienne.
Des sources diplomatiques arabes révèlent que ni l’Iran ni l’Arabie saoudite ne souhaitent à l’heure actuelle que le Liban soit déstabilisé, d’autant que dans les circonstances complexes d’aujourd’hui, un affrontement entre sunnites et chiites au Liban pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la région et même en Arabie saoudite où la région est du pays connaît déjà des troubles à la fois politiques et confessionnels. C’est d’ailleurs la crainte de l’élargissement de ces troubles qui a poussé le roi Abdallah à lancer sa fameuse initiative pour la création d’un centre pour le dialogue entre les religions basé à Riyad, accueillie d’ailleurs positivement en Iran et dans d’autres capitales régionales.
Les sources diplomatiques arabes affirment aussi que l’initiative du roi a été le déclencheur d’une nouvelle approche saoudienne envers les chiites du Liban, mais elle n’est pas le seul élément. Le nouveau prince héritier, l’émir Selman, moins intransigeant que son frère le défunt prince Nayef, y est aussi pour beaucoup. Selon les sources diplomatiques arabes, l’émir Selman serait ainsi convaincu de la nécessité de régler au plus tôt et le plus pacifiquement possible la question des chiites installés dans les régions est du royaume et il penserait ainsi qu’il est important dans ce même ordre d’idées de renouer le dialogue rompu avec les chiites du Liban, notamment avec les deux grandes formations Amal et le Hezbollah. Les mêmes sources précisent que désormais, en Arabie, l’émir Selman serait de plus en plus chargé de la situation interne et du dossier chiite, alors que l’émir Bandar se consacrerait, lui, au dossier syrien. Les deux missions se complètent d’autant qu’elles se rejoignent sur un point précis, le Liban, qu’il faut protéger des conséquences de la crise syrienne et dont il faut préserver la stabilité.
L’émir Selman craindrait en effet des complications en Syrie et plus précisément des développements dramatiques qui pousseraient le Hezbollah dans ses derniers retranchements et l’entraîneraient dans une opération de mainmise sur l’ensemble du pays. Ce qui mettrait en difficulté la communauté sunnite.
Connu pour son pragmatisme, l’émir Selman songerait donc à renouer les liens, qui se sont distendus depuis la chute du gouvernement de Saad Hariri et la formation du gouvernement Mikati, avec les leaders chiites libanais. L’ancien ambassadeur au Liban et actuel ministre de l’Information, Abdel Aziz Khoja, ainsi que l’ambassadeur actuel, Ali Osseiry, ont été mis à contribution pour réactiver leurs relations libanaises au sein de la communauté chiite. Le premier à avoir senti la nouvelle direction du vent a été le président de la Chambre Nabih Berry. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la disparition de l’imam Moussa Sadr, Berry a ainsi lancé cette fameuse formule : « Nous sommes chiites de confession, sunnites de cœur... » qui a laissé un impact positif chez les Saoudiens et chez certaines parties au sein du courant du Futur. L’ambassadeur Osseiry a aussitôt contacté le président de la Chambre pour le féliciter ainsi d’ailleurs que l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, lui-même proche de l’émir Selman. Quelques semaines plus tard, le ministre Ali Hassan Khalil (qui est aussi le conseiller politique du président de la Chambre Nabih Berry) s’est rendu en Arabie saoudite où il a rencontré entre autres le ministre Khoja. En même temps, le chef du groupe parlementaire du Futur, Fouad Siniora, a profité de la dernière réunion de la conférence de dialogue pour faire des ouvertures en direction de Berry, lequel a aussitôt saisi la perche en invitant ce dernier à déjeuner. Depuis, les deux hommes et leurs proches évitent soigneusement de se lancer des critiques et se ménagent réciproquement, alors que Berry a le feu vert du Hezbollah pour toute initiative visant au rapprochement avec le camp sunnite.
Par contre, le fait étonnant c’est l’absence de réactions positives de la part de Bahia Hariri aux propos modérés de Nabih Berry, alors qu’elle était en général la première à l’appeler, soucieuse de préserver avec lui des liens acceptables en tant que députée du Sud. Certaines sources pensent que la raison de cette absence de réactions serait due au fait que les Hariri sont plus proches de l’émir Bandar que de l’émir Selman, d’autres considèrent que le silence de Mme Hariri est essentiellement causé par le fait que c’est Fouad Siniora qui est en charge de ce dossier.
Même s’il y a des susceptibilités de part et d’autre, le rapprochement entre, d’une part, Berry et Siniora et, d’autre part, entre le camp chiite libanais et l’Arabie saoudite devrait entraîner une certaine détente sur le terrain et il est en tout cas la concrétisation de la décision de maintenir le Liban à l’abri des tempêtes dans la région. Mais il n’a pas atteint le stade de l’entente sur un projet commun de loi électorale...
Depuis la rencontre, en marge du sommet de La Mecque, entre le roi Abdallah d’Arabie et le président de la République islamique d’Iran Mahmoud Ahmadinejad, quelque chose s’est débloqué sur la scène libanaise. Les deux hommes avaient sans doute beaucoup de dossiers à examiner, notamment concernant la situation régionale. S’il est clair que le royaume wahhabite et les dirigeants...
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