Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

Le régime veut reconquérir Alep et le rif de Damas

Douma particulièrement bombardée ; el-Arabi veut stopper l’hémorragie ; au moins 146 morts hier.

Toute la misère du monde dans les yeux de cette mère aleppine et de sa petite fille blessée. Zac Baillie / AFP

Le régime syrien affichait hier à son tour une volonté de porter un coup décisif à la rébellion, avec une offensive dans la région de Damas et l’envoi de renforts à Alep. La journée a été particulièrement violente avec au moins 146 morts, selon la chaîne satellitaire al-Jazira.


Dès l’aube, l’armée syrienne a bombardé plusieurs localités dans la province de Damas, en particulier Douma, où au moins six civils ont péri dans des bombardements et des tirs. Parallèlement, six soldats sont morts dans une attaque rebelle contre un centre médical dans la ville, où sont stationnés les militaires, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Une vidéo postée par des militants évoque un « exode » des habitants de Douma fuyant les bombardements et montre plusieurs véhicules, transportant en particulier des femmes, sur une route en pleine nuit.


Toujours dans la région de Damas, au moins onze personnes, dont deux femmes, ont été tuées par des bombardements et des tirs des forces gouvernementales dans la ville rebelle de Harasta. Le régime tente de conquérir cette ville qui jouxte la périphérie est de la capitale et la région de la Ghouta orientale, où sont retranchés un grand nombre de rebelles. Le quotidien officiel al-Baas a annoncé que « la fin des opérations de sécurité dans l’ensemble de la province de Damas » était proche, expliquant que les forces gouvernementales avaient « saisi de grandes quantités de munitions et d’équipements dont des mitrailleuses fabriquées en Israël ».

Assad à Alep ?
À Alep, des bombardements ont fait des blessés dans les quartiers de Hanano City, Bab el-Nasr et Seif el-Dawla, selon l’OSDH, qui a également évoqué la découverte des corps de 15 jeunes hommes dans le quartier d’al-Zahra. Six jours après le lancement d’une offensive rebelle qui n’a pas permis d’avancée majeure, le journal officiel al-Watan a affirmé que de « nouveaux renforts » militaires avaient été dépêchés dans la métropole. « Ceci est un signe de la détermination de l’armée syrienne pour gagner au plus vite la bataille d’Alep » face à des rebelles « fatigués », souligne le journal.


Selon ad-Diyar, un journal libanais, le président syrien se trouvait hier à Alep pour se rendre compte par lui-même de la lutte menée par ses forces gouvernementales. « Le président Assad a ordonné aux unités 5 et 6, dont les effectifs sont estimés à 30 000 soldats et 2 000 véhicules de transport de troupes, de se rendre de Hama à Alep pour attaquer tout secteur de la province occupé, depuis la frontière turque », écrit le journal. D’après le Diyar, Bachar el-Assad a ordonné au cours de sa visite qu’Alep soit « nettoyée ».


Parallèlement, à la frontière turque, des tirs de l’armée d’Ankara ont fait un mort et deux blessés parmi des combattants kurdes syriens proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dans un incident inédit depuis le début du conflit en Syrie. L’accrochage s’est produit dans la province syrienne à population kurde de Hassaka, contrôlée par les milices kurdes depuis un retrait sans combat des forces régulières syriennes en juillet.


Parallèlement, le Yémen a confirmé hier que cinq de ses officiers avaient été capturés début septembre en Syrie par un groupe islamiste rebelle. Cet enlèvement avait été revendiqué dimanche par le Front al-Nosra, implanté en particulier à Alep, qui a accusé les officiers yéménites d’avoir prêté main-forte à l’armée syrienne.

Défenseur
Les autorités syriennes ont par ailleurs arrêté un militant des droits de l’homme et avocat syrien en vue, Khalil el-Maatouq, alors qu’il se rendait au travail à Damas. « Des membres des services de sécurité ont arrêté ce matin notre confrère avocat Khalil el-Maatouq, directeur exécutif du centre », a fait savoir le Centre syrien pour les études et la recherche en droit. Ce centre pour lequel travaille M. Maatouq a condamné cette arrestation, la décrivant comme « un avertissement explicite aux militants pacifiques défendant les droits de l’homme et aux avocats défendant la cause des prisonniers de conscience ».


Face à la violence des combats, plus de 31 000 personnes, en majorité des civils, ont péri en 18 mois de conflit, le nombre de Syriens réfugiés dans les pays limitrophes a triplé ces trois derniers mois, pour dépasser le seuil des 300 000, a annoncé le Haut-Commissariat aux réfugiés, selon qui ce nombre devrait doubler avant la fin de l’année.

Mechaal non grata
Sur le plan diplomatique, la télévision d’État syrienne a violemment critiqué le dirigeant en exil du Hamas, Khaled Mechaal, qui a pris ses distances avec Damas. La Syrie l’avait accueilli en 1999 après son expulsion de Jordanie, dans le cadre d’un « axe de résistance » contre Israël, qui rassemblait également l’Iran et le Hezbollah. M. Mechaal a cependant quitté la Syrie en février dernier, après y avoir fermé tous les locaux du Hamas. « La Syrie a accueilli Mechaal comme s’il avait été un orphelin à la recherche d’un toit, après que d’autres pays lui eurent fermé la porte au nez », a affirmé un commentaire de la télévision syrienne. Ces propos semblent répondre à la présence du dirigeant du Hamas au congrès du Parti pour la justice et le développement (AKP) du Premier ministre turc.

Stopper l’hémorragie
La crise en Syrie pourrait avoir des conséquences « catastrophiques, non seulement pour la Syrie mais pour toute la région », a par ailleurs averti hier le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, à l’ouverture du IIIe Sommet de l’ASPA à Lima. « Toutes les initiatives de paix n’ont conduit à aucun résultat, aucune solution n’a été trouvée pour débloquer la situation d’un point de vue politique », a-t-il rappelé, évoquant le rôle des envoyés spéciaux de l’ONU Kofi Annan et son actuel successeur Lakhdar Brahimi, qui devrait se rendre bientôt dans la région. « Il faut en finir avec les crimes de l’appareil militaire de l’État syrien et la violence de l’opposition, nous devons stopper l’hémorragie », a-t-il réitéré.

 

Reportage

A Alep, un salon de coiffure pour femmes transformé en QG rebelle

Le régime syrien affichait hier à son tour une volonté de porter un coup décisif à la rébellion, avec une offensive dans la région de Damas et l’envoi de renforts à Alep. La journée a été particulièrement violente avec au moins 146 morts, selon la chaîne satellitaire al-Jazira.
Dès l’aube, l’armée syrienne a bombardé plusieurs localités dans la province de Damas, en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut