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À La Une - Essai

Ferrari F12berlinetta : emozioni

Les montagnes russes ? Ennuyeux. La chute libre ? Soporifique. Pour faire le plein d’adrénaline, rien de tel qu’une cure de F12berlinetta sur le circuit de Maranello.

La naissance d’une Ferrari constitue toujours un moment à part. Et l’arrivée d’une Sport Car à moteur V12, en occurrence la F12berlinetta, ne déroge pas à la règle.
Avec ses 620 ch et 330 km/h en vitesse de pointe, l’ « ancienne » 599 GTB Fiorano de base cumulait déjà les éloges. Mais visiblement pas assez pour les bonshommes en rouge qui ont tout revisité en profondeur pour pondre un nouveau bolide encore plus monstrueux.
Il faut bien cela pour combler les envies des clients les plus fidèles de la marque. Soixante pour cent des propriétaires de Ferrari à moteur V12 renouvellent en effet leur achat à la sortie d’un nouveau modèle estampillé du cheval cabré.
Lors du briefing matinal, en présence des ingénieurs et techniciens, on découvre en détail et avec plaisir les dessous de la belle. La plate-forme est inédite et allégée (1 525 kilos à vide). À la différence de Lamborghini qui investit dans les matériaux composites, Ferrari s’est appuyé sur les progrès des techniques de conception et d’assemblage de l’aluminium qu’il maîtrise parfaitement depuis quelques années pour alléger la structure de près de 20 %. La rigidité du châssis, elle, profite d’une augmentation de 20 %.
Le cœur de la diva ? Un V12 atmosphérique à 65 degrés, placé en position centrale, à injection directe et doté de 48 soupapes. Sa cylindrée augmente à 6 262 cm3 (downsizing ? connaît pas...) et sa puissance culmine désormais à 740 ch à plus de 8 000 tr/min ! Ce qui représente un rendement de 118 chevaux au litre...
Le couple maximal s’établit à 690 Nm à 6 000 tr/mn, dont 80 % sont disponibles dès 2 500 tr/mn, au bénéfice de la souplesse de fonctionnement et de l’agrément d’utilisation au quotidien.
Quoi d’autre ? Boîte de vitesses robotisée à double embrayage et 7 rapports, réduction de 30 % des émissions de CO2 (par rapport à la 599), aérodynamique générant un appui de 123 kg à 200 km/h, pénétration dans l’air améliorée de façon significative (cx de 0,299)...
Il ne faut pas également oublier de mentionner les systèmes Aero Bridge – le capot moteur dévie des flux d’air vers le côté – et Active Brake Cooling – les conduits d’aération des freins s’ouvrent pour refroidir les disques en carbone-céramique – qui viennent s’ajouter aux déjà existants E-diff, Esc, F1-Trac et ABS, et les suspensions magnétiques.
En tout, ce sont 66 pages PowerPoint qui défilent sous nos nez avec leur lot de statistiques, de tableaux et de technologie.
Pas de doute, à lui seul, le pedigree impressionne fortement. Et cette F12berlinetta marque aujourd’hui l’histoire de la Scuderia en étant la voiture de route la plus puissante et la plus aboutie a avoir été lancée par la marque italienne. Elle est aussi la plus rapide puisqu’elle ne requiert qu’une minute et 23 secondes pour boucler un tour du circuit de Fiorano, contre 1’24’’ pour la 599 GTO et 1’24’’9 pour la Enzo.
Fruit d’une collaboration entre Pininfarina et le bureau de design maison, la ligne elle aussi émeut. Racée et ultradynamique, le bolide flatte pour le moins le regard. À l’arrière, le feu antibrouillard proéminent et le grand extracteur d’air font référence au monde de la F1 alors que le profil envoûte avec ses flancs creusés.
À l’intérieur, très proche de la FF, l’ergonomie, la fonctionnalité et la qualité sont les thèmes dominants.

Sur route
La séance de briefing terminée, c’est la remise des clefs et le départ de l’usine mythique à présent. La simple mise en route de ce moteur met déjà en émoi : la sonorité caverneuse du V12 emplit vos oreilles de bonheur !
Il est 10h25, c’est parti pour un road trip dans le fief de la marque au cheval cabré, sur les routes de Fiorano et de Fanano, suivi d’un essai sur le légendaire circuit de Maranello.
La rigueur est de mise dans la circulation urbaine. Cela n’empêche pas la F12berlinetta de se laisser apprivoiser avec une incroyable docilité.
On monte rapidement les rapports pour ne pas tirer sur la mécanique, mais aussi pour jauger le punch de ce V12.
Même en quatrième à 50 km/h, l’auto repart avec une vigueur étonnante. Chapeau bas aux ingénieurs qui ont réussi l’exploit de rendre ce véhicule de 740 ch (plus de deux fois la puissance d’une Subaru Impreza STi ! ) utilisable au quotidien.
La direction de son côté est ultradirecte alors que le train avant est incisif à souhait.
Une légère accalmie se profile enfin dans le trafic. Parfait pour titiller la pédale des gaz. Le V12 s’emballe alors, crache ses décibels et régale les tympans d’un joli retour de gaz lors des rétrogradages. Sans se rendre compte, on flirte avec les 150 km/h. Tout cela n’est pas très politiquement correct, mais qu’est-ce que c’est bon !
Au fil des kilomètres, on prend plaisir à augmenter les vitesses de passage en courbe et de repousser les limites d’adhérence du train avant, qui semblent tout simplement intouchables, et ce malgré l’état pitoyable de l’asphalte italien, similaire à celui libanais.
En dépit d’un sans-faute, aussi bien en tenue de route qu’en feelings, on ne peut qu’être appréhensif : et si la F12 n’était qu’une autre méchante grand tourisme embourgeoisée ?
Cela serait un peu décevant, on l’avoue, puisque la FF remplie déjà parfaitement ce créneau dans la gamme de Ferrari.

Sur circuit
De retour à l’usine trois heures plus tard, on échange nos impressions avec les ingénieurs et les responsables. Alors, GT ou pas GT ? Ghita Mejdi, en charge des relations publiques à Dubaï, réagit en quart de tour : « Attends voir sur circuit ! »
Même son de cloche de Dario Benuzzi, chef ingénieur. En testeur officiel des bolides rouges, il se permet même de lancer en italien, avec un sourire au coin des lèvres : « Tu n’est plus sur la route maintenant. Insiste très fort sur la pédale des gaz ! Et n’oublie pas d’appuyer ensuite très fort sur les freins ! Défonce-toi ! »
De retour à bord donc, et on applique à la lettre les conseils de Dario dès la sortie des stands. Et là, c’est un déferlement de sauvagerie qui s’abat sur les pneumatiques arrière ! La violence de la poussée perturbe les cellules grises, surprises que le décor s’emballe aussi vite.
Le monstre hurle, rugit férocement à travers les sorties d’échappement mais dans l’habitacle également et expédie les 1 500 kg vers la prochaine courbe avec une force quasi démentielle ! La force titanesque de ce moteur et sa clameur de V12 herculéen donnent des frissons dans le dos... Peu importe le régime, la puissance disponible est tout bonnement démoniaque ! Et une fois le mur des 4 000 tr/min franchi, vous obtenez un véritable moteur de compétition sous le pied droit, qui expédie l’aiguille du compte-tours dans la boîte à gant et incruste les omoplates dans le fond du baquet !
En mode sport sur le manettino (le levier sur le volant qui gère les aides électroniques à la conduite), la F12 ferait passer n’importe quel novice pour un pilote avec son différentiel électronique.
Mais une fois le manettino placé sur la position la plus radicale, les réactions du châssis passent en mode course. Les mouvements de caisse sont toujours contrôlables, à condition de rester très concentré et d’avoir quelques notions de contre-braquage.
Quelques tours plus tard, la F12 s’immobilise dans les stands, « parfumés » aux résidus des freins carbone-céramique. Il faudra toutefois quelques minutes pour reprendre totalement ses esprits et se rendre compte que la F12berlinetta n’est pas uniquement une GT, mais aussi une Sport Car à part entière. Et peut-être même une supercar, vu le niveau de jouissance qu’elle procure.

Conclusion
Ce road trip d’un jour en Ferrari, c’est un parcours que l’on voudrait une éternité. Bercé au son d’un prodigieux V12, on prend énormément de plaisir à (tenter de) bousculer cette F12berlinetta, mais aussi à voguer à un rythme moins soutenu.
Et comme toute Ferrari qui se respecte, la diva n’aura finalement qu’un (très) gros défaut : réclamer un chèque d’un demi-million de dollars pour se l’approprier...

 

Fiche technique
Moteur
Type : 12 cylindres à 65 degrés
Cylindrée : 6 262 cm3
Puissance maxi : 740 ch à 8 250 trs/min
Couple maxi : 690 Nm à 6 000 trs/mn
Transmission : semi-automatique à 7 rapports.

Général
Poids : 1 525 kg
Répartition des masses : 46 % à l’avant, 54 % à l’arrière
Rapport poids/puissance : 2,1 kg/CV.
Performances
0 à 100 km/h : 3.1 s
Vitesse maximum : 340 km/h.

Prix (modèle 2013)
Version de base : 441 600 dollars américains (frais de douane et TVA non compris)
7 ans de maintenance gratuite.

La naissance d’une Ferrari constitue toujours un moment à part. Et l’arrivée d’une Sport Car à moteur V12, en occurrence la F12berlinetta, ne déroge pas à la règle. Avec ses 620 ch et 330 km/h en vitesse de pointe, l’ « ancienne » 599 GTB Fiorano de base cumulait déjà les éloges. Mais visiblement pas assez pour les bonshommes en rouge qui ont tout revisité en profondeur pour...
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