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À La Une - Révolution

Moscou propose un Taëf syrien

Au moins 20 soldats exécutés par les rebelles ; Manaf Tlass affirme avoir été exfiltré par les services français ; Brahimi débute une mission "très difficile".

Un combattant de l'ASL, le 9 septembre 2012, à Alep. ZAC BAILLIE/

Une vingtaine de soldats ont été exécutés sommairement par des rebelles à Alep, une nouvelle exaction dans le conflit en Syrie où les violences redoublent d'intensité. Face à une situation de plus en plus compliquée, Moscou propose l'organisation d'un nouveau "Taëf" pour une sortie de la crise comme pour le Liban en 1989.

Sur le terrain, "une vingtaine de soldats ont été capturés à la caserne Hanano vendredi ou samedi par les rebelles, puis ont été exécutés ailleurs. Leurs mains ont été ligotées et leurs yeux bandés", a déclaré à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Une vidéo diffusée par l'ONG montre une vingtaine de corps d'hommes en treillis, à plat ventre dans une rue, la tête ensanglantée. Des hommes armés, en treillis ou en civil, se tiennent debout, l'un d'eux faisant le signe de la victoire. "Dieu est le plus grand" crie un autre, tandis qu'un troisième lâche un mot de mépris à l'égard des victimes.


Le 15 août, une commission d'enquête de l'ONU avait accusé les forces gouvernementales et les milices pro-régime de crimes contre contre l'humanité, et l'opposition armée de crimes de guerre mais à une échelle beaucoup plus limitée.


Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a souligné lundi qu'il fallait s'assurer "que toute personne, des deux côtés, qui commette des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou autres violations des droits de l'Homme internationaux ou du droit humanitaire seraient traduits en justice".

Dans la deuxième ville de Syrie, engagée depuis le 20 juillet dans une bataille considérée comme cruciale, les rebelles avaient pris vendredi une partie d'une caserne située dans le quartier d'Hanano, dont ils ont été finalement chassés à l'issue de violents combats avec l'armée.
Interrogés par l'AFP, des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) ont affirmé que la caserne était désormais vide et bombardée par au moins sept chars, pour empêcher les insurgés d'accéder aux armes qui pourraient être encore stockées dans les armureries souterraines.


Parallèlement, l'armée de l'air pilonnait plusieurs quartiers rebelles, au lendemain d'un attentat contre des bâtiments abritant des forces fidèles au régime qui a fait 28 morts, selon l'OSDH. Peu avant 15H00, deux Migs ont ainsi piqué à tour de rôle sur la ville, larguant deux bombes et mitraillant le sol à chaque passage, ont constaté des journalistes de l'AFP.


Près de Damas, l'artillerie lourde de l'armée a visé Sayeda Zeinab, haut lieu de pèlerinage chiite. De violents combats et des bombardements ont eu lieu parallèlement à Deraa (sud), Idleb (nord-ouest), Hama et Homs (centre) et dans la province de Damas, a ajouté l'ONG, qui a fait état de 95 morts lundi, dont 63 civils, selon un bilan provisoire.

 

 

 

"Pas le droit de refuser d'aider le peuple syrien"

Dans ce contexte tendu, le nouveau médiateur international, Lakhdar Brahimi, a débuté lundi sa mission de paix au Caire, siège de la Ligue arabe.
"Je réalise que c'est une mission très difficile mais je pense que je n'ai pas le droit de refuser d'apporter une aide au peuple syrien", a déclaré le nouvel émissaire après une rencontre avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.

Il doit rencontrer mercredi le Premier ministre qatari cheikh Hamad ben Jassem, président du comité de la Ligue sur la Syrie, pour faire le point des efforts pour le règlement du dossier syrien, a annoncé à l'AFP un haut responsable de l'organisation.
M. Brahimi a indiqué qu'il comptait se rendre en Syrie "dans les prochains jours".

 

(Lire aussi : Brahimi aborde sa mission sans grand espoir de réussite)


Parallèlement, la capitale égyptienne accueillait une réunion préparatoire du groupe de contact sur la Syrie, en présence de représentants de l'Iran -fidèle allié de Damas- de l'Egypte, de l'Arabie saoudite et de la Turquie, qui réclament le départ du pouvoir de Bachar el-Assad.
Cette première réunion du groupe proposé par le président égyptien Mohammad Morsi se tenait"lundi soir au niveau des ministres adjoints des Affaires étrangères des quatre pays" invités, a indiqué le chef de la diplomatie égyptienne, Mohammed Kamel Amr, en précisant qu'elle devait "préparer une réunion ministérielle (...) dans les prochains jours". 


Le Caire a précisé que l'Egypte s'efforcerait de parvenir à "un consensus" notamment sur "la fin immédiate des meurtres et de la violence" et "la nécessité de lancer un processus politique avec la participation des diverses composantes du peuple syrien".


Téhéran a dépêché son vice-ministre des Affaires étrangères au Caire alors que Damas avait affirmé vendredi que le président égyptien avait "signé l'arrêt de mort" de ce groupe de contact en critiquant le régime syrien.
Jusqu'ici, l'Iran avait été exclu des efforts diplomatiques pour tenter de trouver une issue à la crise, notamment au sein du "Groupe d'action sur la Syrie" réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, la Turquie et des pays représentants de la Ligue arabe.

 

Si tous les pays soutiennent ses efforts, ils ne s'accordent pas sur les moyens de parvenir à un règlement. Pékin et Moscou ont bloqué au Conseil de sécurité de l'ONU trois résolutions condamnant le pouvoir.

Dimanche, Américains et Russes ont à nouveau étalé leurs divergences, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton ayant jugé insuffisante une résolution au Conseil, préconisée par Moscou qui veut faire adopter un accord conclu en juin sur une transition politique mais qui n'appelle pas au départ de M. Assad.

 

 

"Le régime est encore solide"

 

Lundi, la Russie a proposé l'organisation d'une conférence réunissant "tous les acteurs du conflit" syrien, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères au Figaro.
"Nous proposons à nos partenaires occidentaux l'organisation d'une +conférence de Taëf+ entre tous les acteurs du conflit, du type de celle qui a permis la fin de la guerre civile libanaise en 1990. Cette conférence devrait réunir des représentants de l'opposition et du régime, mais aussi des communautés chrétienne, alaouite, druze", a déclaré Mikhaïl Bogdanov au quotidien à paraître mardi.
"Compte tenu des divisions de l'opposition et des armes qui parviennent aux rebelles, le risque d'une somalisation de la Syrie existe, si jamais le régime tombait brutalement demain. Il faut tout faire pour éviter cette désagrégation d'un Etat centralisé, et son éclatement entre communautés", a ajouté M. Bogdanov.

 

La conférence "devra garantir une sortie de crise non violente et permettre de dessiner les contours de la Syrie de demain", a ajouté le responsable russe, avant de réitérer le soutien russe à l'accord de Genève.
Conclu en juin à Genève par le groupe d'action sur la Syrie réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne) ainsi que la Turquie et la Ligue arabe, cet accord est "la seule feuille de route actuellement sur la table", a-t-il estimé.

Selon M. Bogdanov, "le régime est encore solide", et "jouit d'un soutien important de la population".
"Nous n'avons jamais dit que le maintien d'Assad au pouvoir était un préalable à toute négociation. Mais nous disons également que ce n'est pas aux Russes, ni aux Français, de décider du sort du président syrien".


L'accord de Taëf auquel M. Bogdanov fait référence est un traité inter-libanais, signé le 22 octobre 1989 par des députés musulmans et chrétiens libanais pour mettre fin à la guerre civile libanaise (1975-1990). Il avait été négocié à Taëf en Arabie saoudite, sous l'égide de ce pays, du Maroc et de l'Algérie, avec le soutien de la diplomatie des Etats-Unis.

 

 

L'appel de Tlass à armer les rebelles

 

Par ailleurs, le général Manaf Tlass, plus haut gradé syrien ayant fait défection, a affirmé lundi à une chaîne française avoir été exfiltré de Syrie par les services secrets français.
"Des services français m'ont aidé à sortir de Syrie et je les en remercie", a déclaré le général dissident dans un entretien à la chaîne d'informations en continu BFM TV.


"J'ai fait défection au régime depuis le mois de mars. Depuis le début de la révolution, j'ai eu des rencontres avec les révolutionnaires, avec les rebelles, et j'ai senti dès les premiers jours, dès les premiers mois, que le régime mentait à tout le monde. C'est pourquoi j'ai d'abord fait défection en restant dans mon bureau", ajoute M. Tlass, fils d'un ancien ministre de la Défense syrien.


L'ancien général s'est dit opposé à "toute intervention étrangère en Syrie, quelle que soit la forme que prendrait cette intervention". Il a en revanche appelé la communauté internationale à armer les rebelles.

"Jusque là, le peuple syrien a obtenu beaucoup de victoires, il faudrait le soutenir, il faudrait l'aider, il faudrait l'armer".
"Lorsque l'armée syrienne sera bien organisée, lorsqu'elle obiendra le soutien nécessaire, le soutien matériel nécessaire, à ce moment-là cette armée sera capable d'aller vers la victoire", a-t-il estimé.

 

Reportage

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