L’Église et le printemps arabe

Benoît XVI parlera-t-il du printemps arabe ? Ce n’est pas sûr. Pourtant, malgré une nécessaire prudence, l’Église catholique ne peut pas ne pas tenir compte de ce que des peuples de la région considèrent comme un véritable « printemps » de leur vie nationale. Quel que soit l’aboutissement de cette histoire en marche, des dérives qui la menacent, des caricatures dont ce printemps fait l’objet de la part de ses ennemis ou des sceptiques, les aspirations populaires à la démocratie, à l’émancipation humaine, à la dignité, au respect de la personne qui s’y expriment sont bien réelles. Réelles et légitimes.
En tout cas, ces aspirations profondes vont dans « le sens de l’histoire ». En outre, elles sont confortées par des données démographiques indiscutables, mises en évidence par Emmanuel Todd et Youssef Courbage, l’un anthropologue, l’autre démographe. Dans une étude antérieure aux bouleversements actuels, les deux chercheurs avaient mis en évidence, comme annonciateurs de bouleversements politiques, la baisse du taux de natalité, la hausse du taux d’alphabétisation, notamment chez les femmes, et enfin la baisse de l’endogamie, ou encore du mariage entre cousins dans les pays arabes.
En fait, les modes de vie des mondes occidental et arabo-musulman sont en train de converger, non de diverger, assurent les chercheurs cités. Il n’est donc pas indifférent, pour l’Église, de savoir qu’on assiste dans le monde arabe, par-delà les régressions que peut provoquer une période de transition dont la longueur peut varier d’un pays à l’autre, à une lame de fond qui charrie avec elle un mouvement de sécularisation de l’islam.