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À La Une - Liban

Loi antitabac : Côté consommateurs, les avis divergent

Après avoir sondé les entreprises et restaurateurs sur la loi 174, entrée en vigueur le 3 septembre et interdisant la consommation de cigarettes et de narguilés dans l’espace public, « L’Orient-Le Jour » s’intéresse aux points de vue des consommateurs.
Depuis lundi, le tabac dans les espaces publics fermés est officiellement interdit. Le Liban se conformera-t-il à la loi ? À en croire les témoignages recueillis, ce n’est pas si sûr... Si tous semblent plus ou moins prêts à respecter la loi – aussi longtemps qu’elle sera appliquée tout du moins –, la plupart n’y voient pas forcément l’opportunité de faire évoluer les mentalités.
« Je suis fumeur et je trouve la loi plutôt bien, mais soyons réalistes, cela ne va pas marcher. Ou peut-être seulement dans les restaurants. Mais impossible qu’une telle loi s’applique dans les pubs et les night-clubs. Quels que soient les enjeux pour la santé, c’est avant tout une façon pour le gouvernement de faire de l’argent », regrette Marc, jeune employé de 24 ans.
« Je suis contre la loi en ce qui me concerne, mais favorable pour les autres, car je ne souhaite pas qu’ils se fassent du mal », explique Hikmat, fumeur compulsif de 77 ans. Avec une consommation avoisinant les trois paquets quotidiens, cet ancien journaliste à la retraite a trouvé dans la cigarette une échappatoire à bien des problèmes. « Au Liban, nous avons connu la guerre, les soulèvements des différentes parties libanaises, et encore maintenant, la situation est plus instable que jamais... Voilà pourquoi je fume et je bois du whisky depuis 40 ans. Pas pour oublier, mais parce que cela me donne du courage. Les Libanais sont fumeurs, et je crois que personne ne pourra leur interdire cela. Mais je respecterai la loi, alors même que je vis dans un pays qui ne la respecte pas. »

Une prise de conscience collective
« J’ai vite compris que fumer était une tradition ici », confie Lucie, 24 ans, venue de France effectuer un stage de trois mois dans l’audiovisuel. « Mais c’est une bonne chose que ce pays suive l’exemple de nombreux autres avant lui. Je ne pense pas que cela puisse réellement avoir une influence sur le niveau de consommation des Libanais, mais il est important qu’il y ait enfin des lois ici, et que nous les appliquions. »
Si les étrangers semblent prêts à faire le premier pas en faveur d’espaces débarrasés de toute fumée, certains Libanais semblent également avoir conscience de l’enjeu de santé publique intrinsèque, dans un pays où le cancer est l’une des causes de mortalité la plus importante. « Au Liban, rien ne fonctionne à long terme, et c’est d’autant plus vrai pour les lois. Mais c’est dommage, car je suis vraiment pour la loi antitabac. Je pense que cela permettrait de réduire le nombre de cancers », explique Roger, 38 ans, directeur de casting.
Dans un petit commerce de Furn el-Chebbak, l’argumentation se veut similaire. « Je déteste la fumée, et l’on m’a raconté que le narguilé équivalait à trois paquets de cigarettes », explique Michel, 51 ans. « Pour les fumeurs, c’est tellement une question d’habitude qu’ils ne prennent même pas en considération l’aspect nocif de la fumée pour leur entourage. Alors que le tabac dérange tout le monde, et je ne parle même pas des enfants, qui fument passivement depuis leur plus jeune âge. Je suis intimement convaincu que tout est affaire d’éducation. Maintenant, il va falloir ouvrir les yeux, et si les ministres font bien leur travail, alors ils insisteront, et cela peut réussir. En tout cas, je reste optimiste. »
Depuis lundi, le tabac dans les espaces publics fermés est officiellement interdit. Le Liban se conformera-t-il à la loi ? À en croire les témoignages recueillis, ce n’est pas si sûr... Si tous semblent plus ou moins prêts à respecter la loi – aussi longtemps qu’elle sera appliquée tout du moins –, la plupart n’y voient pas forcément l’opportunité de faire évoluer les...

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