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À La Une - Russie

Jugement sévère pour les Pussy Riot

L’Église orthodoxe appelle à la clémence et l’UE estime le jugement « disproportionné ».

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, condamnées à deux ans de camp de travail pour quelques secondes d'une prière punk anti Poutine dans une cathédrale de Moscou. Photo AFP

Les trois jeunes femmes membres du groupe punk rock Pussy Riot ont été condamnées chacune à deux ans de camp hier par un tribunal de Moscou pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse » à l’issue d’un procès qui a acquis une résonance internationale. Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, qui avaient chanté en février une « prière punk » dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de « chasser Poutine » du pouvoir ont « violé l’ordre public » et « offensé les sentiments des croyants », sans exprimer de repentir, a déclaré la juge Marina Syrova.


La lecture du jugement a duré près de trois heures, la juge reprenant en grande partie les arguments avancés le 7 août par le procureur qui avait alors requis trois ans de camp de travail contre les Pussy Riot. Elle a mis l’accent sur le caractère « sacrilège » de leur intervention et leur « haine de la religion », citant largement les déclarations d’employés et de membres de la sécurité de la cathédrale qui ont porté plainte pour les « souffrances morales » occasionnées par la « prière punk » des jeunes femmes.


« C’est une honte ! C’est une injustice ! » ont réagi plusieurs personnes dans la salle du tribunal à l’annonce du jugement, inférieur d’un an à ce qu’avait requis le procureur. Les trois jeunes femmes, debout et menottées dans la cage des prévenus, ont écouté dans le calme la lecture du jugement. Nadejda Tolokonnikova, qui portait un tee-shirt proclamant « no pasaran », a souri en entendant sa condamnation.


L’Église orthodoxe russe a, elle, prôné « la clémence » envers les trois jeunes femmes. L’attitude intransigeante de la hiérarchie orthodoxe russe dans l’affaire Pussy Riot a néanmoins écorné l’image de l’Église dans la société et troublé une partie des fidèles, y compris des prêtres, pour qui pardonner aux jeunes femmes aurait été plus conforme aux valeurs chrétiennes.


Pour sa part, la chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton a condamné hier la sentence infligée en Russie aux trois jeunes membres du groupe, la jugeant « disproportionnée ».


Aux abords du tribunal, un important dispositif policier avait été déployé et des barrières métalliques ont été placées de part et d’autre de la rue, empêchant de fait toute éventuelle manifestation. Partisans et détracteurs des jeunes femmes ont afflué vers le bâtiment avant le début de la lecture du jugement. L’affaire a profondément divisé la société en Russie. Des manifestants ultranationalistes et orthodoxes manifestaient devant le bâtiment. Une centaine de personnes scandaient de leur côté « Liberté aux Pussy Riot ! », « Liberté aux prisonniers politiques ! ». Une trentaine de partisans des Pussy Riot, dont le chef du Front de gauche Sergueï Oudaltsov et l’ancien champion du monde d’échecs Garry Kasparov, ont eux été interpellés et emmenés dans un car de police. Plusieurs rassemblements ont en outre été organisés en Russie, comme à Ekaterinbourg (Oural) ou Samara (Volga).


L’affaire a d’ailleurs pris une dimension internationale et les trois femmes ont reçu ces dernières semaines de nombreuses marques de soutien du monde entier. Plusieurs artistes tels que Paul McCartney, Madonna, Sting et Yoko Ono, la veuve de John Lennon ont exprimé leur solidarité. Des sympathisants des jeunes femmes se sont aussi rassemblés en signe de solidarité à Paris, Bruxelles ou Londres.


Le jugement intervient la semaine même où l’ex-agent du KGB a passé le cap des cent jours depuis son retour au Kremlin pour un troisième mandat présidentiel, une période au cours de laquelle il a renforcé le contrôle de la société civile afin de répondre à un mouvement de protestation inédit à son encontre. Selon un sondage de l’institut Levada, cité hier par le quotidien Vedomosti, la cote de popularité de M. Poutine est au plus bas depuis son arrivée à la tête de la Russie en 2000, avec seulement 48 % de personnes satisfaites.

 

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