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À La Une - Politique

Plus rien – ou presque – ne rattache Joumblatt à la majorité

Le chef du PSP perçoit une éventuelle victoire électorale du 8 Mars comme un scénario-catastrophe et redouble de virulence contre la « barbarie » du régime syrien.

Trois ans après sa sortie de l’alliance du 14 Mars, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a sonné le glas, au cours du week-end écoulé, du rapprochement qu’il avait amorcé depuis lors avec le camp du 8 Mars et qui avait été couronné par son retournement sur l’ancienne majorité parlementaire, en janvier 2011.


Saisissant l’occasion d’un iftar à Semmaqiyé, dans le Chouf, en présence de nombreuses personnalités de toutes confessions, M. Joumblatt a prononcé un discours dans lequel il rompt les dernières amarres qui le liaient au noyau de la majorité actuelle, à l’exception d’une seule, sa participation au gouvernement en place.


Allant dans les dossiers de fond presque aussi loin que lorsqu’il était dans les rangs du 14 Mars, il a dressé un véritable réquisitoire de la politique du camp adverse, affirmant qu’une éventuelle victoire du 8 Mars aux élections législatives de 2013 serait un scénario-catastrophe pour le pays. Et, comme de coutume depuis un certain temps, le chef du PSP a consacré une grande partie de son discours à la crise syrienne.


D’entrée de jeu, il a évoqué « le tournant politique » qu’il avait pris en janvier 2011 lorsqu’il s’est joint à l’opposition de l’époque pour former la majorité actuelle et le gouvernement qui en est issu. « Nous avons réussi, sous l’égide du président Michel Sleiman et l’aide du Premier ministre Nagib Mikati, sans oublier le rôle du président de la Chambre, Nabih Berry, à aplanir de nombreux obstacles qui se dressaient devant l’action de ce gouvernement », a-t-il dit.
M. Joumblatt n’a certes pas remis en question le bien-fondé de ce retournement, opéré dans le but d’« empêcher la guerre civile ». Sauf qu’il a enfoncé le clou de manière douloureuse dans le flanc du 8 Mars, et particulièrement du Hezbollah, en soulignant qu’à ses yeux, « s’il est un acquis fondamental qu’a pu obtenir ce gouvernement, c’est bien son engagement à financer le Tribunal spécial pour le Liban et sa confirmation de la convention signée entre les Nations unies et le Liban ».


« La justice suivra tôt ou tard son cours, que ce soit au tribunal ou dans les eaux des rivières », a-t-il ajouté, estimant que « le meilleur moyen de se défendre, pour ceux qui mettent en doute les actes d’accusation du TSL, c’est de présenter leur contre-arguments devant cette instance- même ».


La crise syrienne
Abordant la situation en Syrie, Walid Joumblatt a renouvelé son appel à permettre un armement qualitatif de l’Armée syrienne libre, notamment en missiles sol-air et en roquettes antichars.
Et de lancer : « La barbarie du régime (syrien) face aux hommes et à la pierre, face à l’homme syrien et à la civilisation unique de Syrie a dépassé toutes les limites de l’imagination. Mais le peuple syrien a résisté, il résiste encore et continuera de résister. Il ira d’épopée en épopée et de confrontation en confrontation avec ce régime de la mort soutenu par le dragon chinois, l’ours russe et Cyrus le Perse ».


S’agissant des répercussions au Liban des événements en Syrie, M. Joumblatt a rendu un hommage appuyé au président Sleiman pour « son action répétée destinée à contrer des parties politiques ou des services de sécurité déterminés à remettre des militants syriens au régime, ce qui équivaut à signer leur arrêt de mort ».

« Si le 8 Mars gagne... »
Après cette parenthèse, le chef du PSP est entré de plain-pied dans le vif du sujet libanais, s’attaquant en profondeur à tout le credo du Hezbollah : « Il n’y a de place que pour un État unique, seul habilité à disposer de la décision de guerre et de paix afin de défendre le Liban et seulement le Liban », a-t-il lancé.


« Oui à la libération des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba », a-t-il ajouté, mais « après la délimitation et le tracé de la frontière dans ces régions et ailleurs ». Et puis : « Non à libération pour le plaisir de la libération, au service d’autres pays que le Liban ou même sur le dos du Liban. »


Et pour ce qui est de « l’équilibre de la terreur » avec Israël, un argument souvent utilisé par le Hezb pour justifier le maintien de son arsenal, M. Joumblatt a dit : « Je ne conseille pas de suivre cette logique hors du cadre de l’État, car elle est de nature à entraîner le pays dans des désastres. »


« L’armée libanaise ne manque pas de compétence et de professionnalisme pour intégrer en son sein les armes de la résistance de façon progressive et dans le cadre d’un plan prenant en compte les spécificités sécuritaires de la résistance. Mais d’un point de vue libanais, il n’est pas possible de continuer, sous le slogan “armée-peuple-résistance”, à perpétuer ce partenariat confus aux dépens de l’État, de l’armée, de la sécurité, de l’économie et du destin », a-t-il dit.
Mais c’est sur la question électorale que le chef du PSP s’est montré le plus sévère à l’égard du 8 Mars. Sans entrer dans les détails du projet de loi électorale adopté par le gouvernement, il a lancé : « Je peux me tromper, mais j’affirme que si le camp adverse, en tout ou partie, c’est-à-dire le 8 Mars avec ses anciens et nouveaux alliés, remporte les élections, il n’y aura de place ni pour le centrisme, ni pour le pluralisme ni pour la variété ; pas de place pour la décision centrale de guerre et de paix au Liban hors de l’axe iranien et de ce qui reste du régime syrien. Il n’y aura pas de place pour l’État de droit et le monopole exclusif de la force aux mains de l’armée et des FSI, pas de place pour une justice indépendante, un président indépendant et une armée indépendante ; pas de place non plus pour le rôle d’un Liban non aligné et non suiviste, engagé uniquement à l’égard des chartes de la Ligue arabe et des Nations unies, de l’accord d’armistice (avec Israël) et du soutien à la cause palestinienne. »


Et d’ajouter : « Si le camp adverse gagne, il n’y aura pas de place pour l’espoir, pour la joie ; pas de place non plus pour l’exploitation de l’énorme potentiel de l’émigration ; pas de place pour la moindre tranquillité d’esprit. Nous resterons dans cette guerre politique permanente à l’intérieur, quand ce n’est pas la guerre tout court à l’extérieur. »
Faisant implicitement allusion à l’affaire Michel Samaha, il a dit : « Nous avons vu hier ce qui s’est passé avec l’un d’eux. Des missiles qui vont et des bombes qui viennent. Voilà la réalité, leur réalité. »


En revanche, a conclu M. Joumblatt, « si le PSP gagne avec les composantes du 14 Mars et des indépendants, il restera l’espoir du pluralisme, du dialogue, du refus de l’élimination de l’autre au sein d’un État uni ; l’espoir en la présence d’un chef d’État indépendant, d’une armée indépendante, d’une justice indépendante. Il y aura un minimum de tranquillité d’esprit à l’ombre d’un État rendu fort après l’absorption (des armes du Hezbollah) et d’un gouvernement d’union nationale ».

Trois ans après sa sortie de l’alliance du 14 Mars, le chef du PSP, Walid Joumblatt, a sonné le glas, au cours du week-end écoulé, du rapprochement qu’il avait amorcé depuis lors avec le camp du 8 Mars et qui avait été couronné par son retournement sur l’ancienne majorité parlementaire, en janvier 2011.
Saisissant l’occasion d’un iftar à Semmaqiyé, dans le Chouf, en présence...
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