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À La Une - Un peu plus de...

Kids

Il s’appelle Mathieu. Il a 4 ans et il apprend à nager. Seul comme un grand, sans flotteurs (c’est moche, le mot brassard). Son corps est pile à la verticale et de l’eau ne sort que la moitié de son visage. Les oreilles immergées, on ne voit que ses yeux, son petit nez et sa bouche. Je suis descendue à l’eau par ces 37 degrés et je me suis fait un copain. Un petit copain. Haut comme trois pommes, Mathieu m’a regardée en souriant. Impossible de ne pas craquer sur ses grands yeux noisette. Tu veux nager avec moi? Impossible de dire non. Impossible de ne pas l’attraper par les mains et de tournoyer dans l’eau. Une demi-heure à faire des plouf, des plaf, des plif. Il n’a rien demandé et n’a rien dit quand je lui ai dit: Je vais sur mon transat. Il a répondu par un petit OK et a continué à nager droit comme un hippocampe.
La journée s’est passée comme ça. Avec Mathieu tout sourire. Il doit aimer les blondes. C’est génial, un enfant. Il y a les nôtres bien sûr qui nous font craquer quel que soit leur caractère et il y a ceux des autres surtout. Des gosses, on en croise tous les jours. Il y en a des lourds, des antipathiques, des mal élevés (plein), des colériques. Ceux qu’on pourrait scotcher sur le mur, claquer en faisant tourner la tête, ceux-là mêmes qui nous hérissent les poils et qui nous font culpabiliser. Comment peut-on détester un enfant? On peut. C’est affreux, mais on peut. Parce qu’il peut être mesquin, méchant, mauvais, pernicieux. Il peut avoir un regard qui en dit long, le sourire en coin comme accompagnement. Ce n’est pas parce qu’il a 5 ans qu’on ne pourrait pas lui en coller une. Particulièrement quand on le voit donner des coups de pied à sa nounou... Et il y a tous les autres. Les gueules d’ange, les espiègles, les cancres, les petits cracs, les poupées, les blonds frisés et les brunes au teint d’opale. Ces gosses 2aribin 3al 2alb et qui nous font fondre. Ces mioches à sale caractère parfois qui nous donnent envie de retomber en enfance et qui nous prouvent une fois de plus que les enfants sont de loin plus intéressants, sympathiques et vrais que les adultes. Même la phrase clichée : La vérité sort de la bouche des enfants, est une réalité. Les enfants sont dans la vérité, les adultes en ont peur. Nous, on cache, on ment, on tait. Eux disent ce qu’ils pensent et ont un sacré franc-parler. Il est moche, elle est vilaine, il pue des pieds, elle pleure tout le temps, c’est une peureuse, il est fou, elle ne prête jamais ses jouets, il mange en cachette. Et c’est bien. Parce qu’ils constatent et finalement s’en foutent. Ils relèvent et zappent. Nous, on marmonne, on potine, on emmagasine et on critique. On est judgemental(s). Eux, pas. D’ailleurs, les bambinos se disputent et zappent. Ça s’envoie des Barbies et des Action Man à la figure, ça tape là où ça fait mal, ça tire les cheveux, casse les jouets de la cousine, subtilise une Matchbox, gribouille sur un dessin et enfonce le compas dans la main (ouais, pas souvent heureusement). Et malgré le coup de raquette dans l’épaule, le ballon de basket dans les molaires et la selle du vélo volée, on se réconcilie dans les minutes qui viennent, max le lendemain. C’est drôle. Il y a une heure, c’était la haine absolue: Je te déteste, tu n’es plus mon amie, pars de chez moi, tu es un gros con, je vais dire à la maîtresse, sale rapporteur. Puis pouf. 15 minutes plus tard, ça repart bras dessus bras dessous, riant aux éclats. Comme par magie, on a oublié. Oublié toutes les engueulades et les rancœurs, les croche-pieds et la prise de position contre. Oublié qu’on a été la tête de Turc durant le week-end. Oublié et surtout pardonné. Les gosses sont pour la plupart d’entre eux sincères. Rien à voir avec nous. Les gosses sont intelligents. Très souvent plus que les adultes. Les gosses sont drôles. Mais alors pas du tout comme les adultes qui ont un sens de l’humour au ras des pâquerettes. Ils rient, font des farces, font des devinettes, posent des questions. Les gamins sont curieux, les adultes savent tout. Enfin, croient tout savoir. Mon père me dit fréquemment: Si les adultes apprenaient des enfants, ils auraient tout compris. Si seulement. Si seulement on pouvait (re)garder le monde comme eux, se disputer comme eux, rire comme eux. Garder ce chouia d’insouciance, de légèreté quand tout est grave, de candeur, et écarquiller les yeux quand quelque chose nous surprend. Si seulement. Si seulement on pouvait scruter le ciel, les yeux grand ouverts, comme Mathieu.
Il s’appelle Mathieu. Il a 4 ans et il apprend à nager. Seul comme un grand, sans flotteurs (c’est moche, le mot brassard). Son corps est pile à la verticale et de l’eau ne sort que la moitié de son visage. Les oreilles immergées, on ne voit que ses yeux, son petit nez et sa bouche. Je suis descendue à l’eau par ces 37 degrés et je me suis fait un copain. Un petit copain. Haut comme...

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