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À La Une - Libertés – Un militant des droits de l’homme empêché de voyager par la SG

Abbas Ibrahim sur les traces de Jamil Sayyed ?

Wissam Tarif, à gauche, au côté de Stéphane Hessel.

Après l’affaire des 14 ressortissants syriens expulsés vers Damas en dépit du bon sens et du droit humanitaire et international – affaire qui avait déjà soulevé un tollé au double plan local et international –, la Sûreté générale a frappé encore plus fort hier, en empêchant le responsable régional d’une ONG internationale, Aavaz, Wissam Tarif (37 ans), de prendre l’avion à destination d’Istanbul. Mieux encore, la Sûreté générale a prétexté une « décision administrative » pour saisir le passeport libanais de M. Tarif. Elle lui a enfin signifié qu’il devait « se rendre d’ici à trois jours à la section des renseignements de la Sûreté ».


Il convient de préciser que M. Tarif – qui multiplie les apparitions télévisées sur les chaînes satellites arabes pour rendre compte de la situation sur le plan des droits de l’homme en Syrie – et Aavaz sont connus pour l’aide humanitaire prodiguée à la population civile syrienne, victime de la répression menée par le régime Assad. Il y a quelques mois, une délégation de militants d’Aavaz qui tentaient d’acheminer de l’aide humanitaire à Baba Amr, à Homs, avait été exécutée par les militaires fidèles au régime d’Assad.


Le procédé est exactement le même que celui qui avait servi, en 2001, à la Sûreté générale du général Jamil Sayyed pour harceler le journaliste Samir Kassir, lequel revenait de Amman, où il couvrait le sommet arabe. De très mauvais souvenirs, qui datent du temps honni où la tutelle sécuritaire pesait de tout son poids sur l’ensemble du paysage politique libanais. Il avait été filé constamment par les voitures de la Sûreté générale.


Est-ce le même sort qui attend tous ceux qui osent désormais lever la voix contre les atrocités commises par le régime syrien et ses alliés? Qu’est-ce qui justifie donc cette violation flagrante des droits de l’homme à l’encontre d’un ressortissant libanais contre lequel n’existe aucune action en justice ? S’agit-il encore une fois de questions de pure procédure, comme l’indiquaient hier des sources politiques bien informées, selon lesquelles la Sûreté générale aurait fait valoir l’existence « d’irrégularités dans la situation du passeport » de M. Tarif et dans la manière qu’il aurait eu de renouveler son passeport ? Si c’est le cas, cela justifie-t-il de traiter de cette manière un ressortissant libanais qui se bat pour donner une image respectable de son pays, dans la lignée de l’héritage humaniste et droit de l’hommiste de plus d’un ? Est-ce une coïncidence – vraiment troublante, si c’est le cas – que l’homme en question, victime de cette irrégularité, soit un de ceux qui condamnent avec le plus d’acharnement les horreurs commises par le régime syrien depuis plus de seize mois ? Pourrait-on voir la même situation se présenter avec n’importe quel cadre du Hezbollah ou des associations qui y sont liées, par exemple, ou encore des partisans du régime ? Ou bien le général Abbas Ibrahim souhaite-t-il à travers cet exemple montrer qu’en bon fils terrible de son prédécesseur, il n’a que faire des voix locales et internationales qui ont exprimé leur choc à la suite de l’expulsion des 14 ressortissants syriens ? S’agit-il, mimétisme oblige, de trouver un nouveau Samir Kassir à traquer ? Et qu’en pense enfin le ministre de l’Intérieur ? Approuve-t-il ce genre de mesures ? En est-il informé ? Acceptera-t-il, lui qui n’y est certainement pour rien, d’être tenu responsable d’irrégularités commises au nom d’un légalisme procédurier – « les décisions administratives » –, qui étaient l’apanage de ce service sous la tutelle sécuritaire ? Autant de questions auxquelles il reviendra au lecteur de répondre par lui-même.
Il convient de préciser que l’association Journalistes contre la violence a condamné hier l’atteinte aux droits fondamentaux de M. Tarif dans un communiqué, évoquant « un incident dangereux qui rappelle le scénario suivi avec Samir Kassir ». « Comment peut-on (s’en prendre à) un militant de cette manière, sur base d’une décision administrative, sans donner les raisons qui justifient cet acte ? » s’est interrogée l’association, estimant que « le maintien de ce gouvernement constitue une atteinte à la Constitution et à l’entité libanaises ».

 

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