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À La Une - Crise

Liban : la Sûreté générale justifie l'expulsion de 14 ressortissants syriens

Joumblatt accuse le directeur général de la SG d'"obéir aux ordres du régime de Assad.

Siège de la direction générale de la Sûreté générale à Beyrouth. Photo Archives

Le bureau de presse de la Sûreté générale a publié jeudi un communiqué afin de clarifier l'affaire de l'expulsion de 14 ressortissants syriens du Liban vers la Syrie théâtre d'une crise sanglante. 

 

"La décision d'expulser des ressortissants, syriens, arabes ou étrangers, se fonde toujours sur des dossiers judiciaires et sécuritaires et conformément aux conventions régionales et internationales", indique le texte. 

 

"Des mesures exceptionnelles sont appliquées lorsqu'il s'agit de ressortissants qui pourraient être en danger dans le cas d'une expulsion", poursuit le document qui précise que ce genre de mesure est adoptée depuis le début de la crise en Syrie. 

 

"Quatorze hommes ont été expulsés vers la Syrie aujourd'hui, malgré le fait que quatre d'entre eux ont demandé à ne pas l'être de peur des persécutions s'ils étaient remis aux autorités syriennes", a indiqué ce matin un responsable de Human Rigths Watch à l'AFP.

 

Fayçal Farès Faour, un opposant et activiste syrien, a indiqué à un membre de HRW qu’il craignait pour sa vie s’il était expulsé et qu’il avait préalablement eu des problèmes en Syrie. Il a également mentionné que trois autres de ses concitoyens ont également été refoulés contre leur gré. Il s’agit de Omar Taleb Mohammad, Issa Abdallah Hamid et Tarek Khalil Hamwi. Tous les quatre risquent au moins l’emprisonnement dès leur arrivée en Syrie, a précisé Fayçal qui vit au Liban depuis un an et trois mois, et qui affirme avoir un visa de séjour libanais "qui n’avait pas encore expiré". Fayçal a précisé que 10 autres personnes qui se trouvaient également aux mains de la Sûreté générale ont en même temps été refoulées.

 

HRW a estimé que ceux qui avaient demandé à ne pas être rapatriés auraient dû se voir proposer la possibilité de rester - qu'ils soient actifs au plan politique ou non. "Nous pensons que si quelqu'un a dit qu'il avait peur d'être persécuté ils n'auraient pas dû être expulsés", a ajouté le responsable de HRW.

 

Les défenseurs des droits de l'homme accusent les autorités syriennes de recourir à la torture et aux mauvais traitements contre les détenus. Début juillet, l'ONG a accusé la Syrie de détenir des dizaines de milliers de prisonniers dans un "archipel de la torture" où ils sont frappés, soumis à des électrochocs et à d'autres violences.

 

Un responsable de la sécurité libanaise a indiqué à l'AFP que les hommes expulsés étaient recherchés pour des délits de droit commun et non politiques. "Ces personnes ont été remises aux autorités syriennes parce qu'elles avaient des problèmes avec la justice et qu'elles avaient commis des délits, et pour autant que nous le sachions, il ne s'agissait pas de militants politiques", a précisé le responsable. "Si cela avait été le cas, nous ne les aurions pas expulsés", a-t-il ajouté.

 

Les 14 ressortissants syriens, dont Faour et Hamwi ont été expulsés car ils ont commis les crimes et violations suivants lors de leur séjour au Liban, indique la Sûreté générale :

 

1- Vol à main armé (6 personnes)

2- Attaque contre un responsable de l'armée et insulte envers l'institution militaire libanaise (2 personnes)

3- Utilisation de documents falsifiés (1 personne)

4- Décision judiciaire d'expulsion (1 personne)

5- Harcèlement sexuel d'une jeune fille libanaise (1 personne)

6- Tentative de vol d'un pick-up appartenant aux Forces de sécurité intérieure (FSI) (1 personne)

7- Violation d'une propriété privée (1 personne)  

 

Dans son communiqué, la Sûreté générale indique souhaiter que cette affaire reste en dehors du "bazar politique et médiatique" et réaffirme son respect des droits de l'homme et de la situation des réfugiés syriens présents sur le territoire libanais. 

 

La SG a également invité les ressortissants syriens se trouvant au Liban à renouveler, pour ceux qui le désirent, leur permis de séjour temporaire sans avoir besoin de retourner chez eux, et ce "de manière exceptionnelle et pour des raisons humanitaires".

 

L'expulsion des ressortissants syriens a suscité de nombreuses critiques au Liban et ailleurs.

 

Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a accusé jeudi, lors d'un discours, le directeur général de la Sûreté générale Abbas Ibrahim d'"obéir aux ordres du régime du président syrien Bachar el-Assad" et a appelé les responsables à le punir et à "le licencier s'il le faut".

 

"Ne se rend-il pas compte que les Syriens expulsés n'auront pas de procès juste en Syrie et seront systématiquement liquidés ?", s'est interrogé le chef du PSP qui a refusé catégoriquement que des ressortissants syriens soient expulsés du Liban.

 

Des activistes syriens ont, pour leur part, indiqué "qu’ils font assumer aux autorités libanaises la responsabilité de la sécurité et de la vie de Hamwi et Faour ".

 

Un activiste syrien résidant au Liban a lui estimé que la reprise de la politique d’expulsion des opposants syriens par la Sûreté générale "ne peut être comprise qu’à la lumière du rapt des pèlerins chiites en Syrie, et sous l’angle de la loi du talion".

 

La France s'est, de son côté, dite jeudi "très préoccupée" par les expulsions de ressortissants syriens vers la Syrie par les autorités libanaises.

"Conformément au droit humanitaire international, le principe de protection et de non refoulement des personnes dont la vie est menacée doit prévaloir", a déclaré le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Vincent Floreani.

"L'escalade des violences en Syrie ainsi que les menaces de torture ou de mort qui ont justifié la fuite au Liban de certains ressortissants syriens rendent nécessaire une protection effective de ces personnes. Nous comptons sur les autorités libanaises pour (...) assurer la protection des réfugiés", a-t-il ajouté.

Le bureau de presse de la Sûreté générale a publié jeudi un communiqué afin de clarifier l'affaire de l'expulsion de 14 ressortissants syriens du Liban vers la Syrie théâtre d'une crise sanglante. 
 
"La décision d'expulser des ressortissants, syriens, arabes ou étrangers, se fonde toujours sur des dossiers judiciaires et sécuritaires et conformément aux conventions régionales et...
commentaires (2)

A l’époque l’on avait aussi justifié la rafle du Vel d’Hiv. Un jour ou l’autre l’on devra rendre des comptes.

Jack Hakim

10 h 43, le 02 août 2012

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Commentaires (2)

  • A l’époque l’on avait aussi justifié la rafle du Vel d’Hiv. Un jour ou l’autre l’on devra rendre des comptes.

    Jack Hakim

    10 h 43, le 02 août 2012

  • Entre crimes impunis ou expulsions,ces ressortissants syriens sont coupables et ne sont pas donc innocents ... Les expulser allègera sans doute ces crimes impunis Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    08 h 46, le 02 août 2012

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