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À La Une - Analyse

"La bataille d’Alep est symbolique mais pas décisive"

Le régime de Damas tente d'éviter avec Alep le syndrome Benghazi, souligne Fabrice Balanche.

Les combats font rage depuis samedi 28 juillet 2012 à Alep, deuxième ville de Syrie. Shaam News Network/Reuters

La bataille qui fait rage depuis samedi dernier à Alep entre les troupes gouvernementales et la rébellion souligne l’importance stratégique de cette ville, la deuxième de Syrie. La chute d'Alep aux mains de l'opposition, soulignent néanmoins des analystes, ne signifierait pas pour autant la fin du régime de Bachar el-Assad.

 

"Contrairement à ce qui est véhiculé, la chute éventuelle d’Alep ne signifie nullement la fin du régime", affirme à Lorientlejour.com Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo). "Damas reste le véritable poids lourd de la Syrie tant au niveau politique qu'économique, la capitale représentant 40 à 50 % du PIB syrien en excluant les hydrocarbures, Alep n’en représentant que 20 %", dit-il.

 

"Il n’en demeure pas moins qu’Alep est importante parce qu’elle est la deuxième ville du pays et qu’elle abrite notamment un aéroport international, un aéroport militaire et une bourgeoise acquise au régime qui assure à ses yeux la paix sociale et la sécurité", ajoute M. Balanche.

 

Une analyse partagée par le politologue libanais Ziad Majed. "La bataille d’Alep est symbolique mais pas décisive, dit-il à Lorientlejour.com, ajoutant qu'elle revêt trois aspects importants.

 

"La chute d'Alep entre les mains de la rébellion créera tout d’abord une zone libérée avec prolongement territorial vers la Turquie", explique l'analyste.

"Alep est ensuite, au niveau démographique, la deuxième ville du pays et sa chute sera la preuve que le régime ne perd pas seulement les villes moyennes mais aussi des centres urbains d’importance primordiale, ajoute M. Majed. Le troisième aspect réside dans le fait que la rébellion attaque à présent le cœur économique de la Syrie après en avoir attaqué le cœur politique à Damas".

 

M. Balanche estime pour sa part que "la prise d’Alep permettra éventuellement à la rébellion d’y installer un gouvernement provisoire et d’avoir une continuité territoriale avec la Turquie. Pour le régime, en revanche, il faudrait à tout prix éviter le syndrome Benghazi", en Libye. Durant la guerre entre rebelles et pouvoir kadhafiste en Libye, Benghazi était devenue la capitale de la rébellion.

 

L'armée régulière a lancé samedi sa contre-offensive pour reprendre les secteurs rebelles à Alep. Les combats se poursuivent aujourd'hui.

 

Les deux analystes s'accordent à prédire la chute, à terme, du régime. M. Majed prédit "une longue agonie du régime avant une chute certaine", M. Balanche une chute dans "plusieurs mois, voire plusieurs années".

 

Spécialisée depuis des décennies dans l'industrie manufacturière, notamment le textile, grâce au coton, Alep, métropole du Nord et deuxième ville de l'Empire ottoman au XIXe siècle, est un important centre commercial.

 

Etape sur la route de la soie et forte d'une riche tradition artisanale, Alep était la capitale d'une vaste province qui couvrait le sud-est anatolien et les plaines du Nord, jusqu'à la fin de la Première Guerre Mondiale.

Punie par le régime en raison du soutien des commerçants de la ville à la révolte des Frères musulmans (1979-1982), Alep a souffert de l'accord de libre-échange signé avec la Turquie en 2005.

 

Mais les Alépins, connus pour leur sens des affaires, ont su devenir plus compétitifs en développant les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique.

 

Les Arabes sunnites représentent 65 % de la population, et les Kurdes, de même confession et installés dans le nord de la ville, sont estimés à 20 %. Les chrétiens représentent environ 10 %, dont la moitié sont Arméniens. Les autres sont des syriaques, des grecs-catholiques et des maronites.

 

 

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La bataille qui fait rage depuis samedi dernier à Alep entre les troupes gouvernementales et la rébellion souligne l’importance stratégique de cette ville, la deuxième de Syrie. La chute d'Alep aux mains de l'opposition, soulignent néanmoins des analystes, ne signifierait pas pour autant la fin du régime de Bachar el-Assad.
 
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