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À La Une - Diplomatie

Mansour court-circuite la protestation de Sleiman contre Damas

La voix de son maître... En l’occurrence, pour le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, le « maître » n’est nullement le chef de l’État libanais, mais plutôt le « frère » syrien. C’est du moins ce qui ressort des atermoiements auxquels se livre le chef de la diplomatie pour tenter de contourner et de court-circuiter la démarche prise lundi par le président Michel Sleiman de présenter une lettre de protestation contre la dernière incursion d’une unité militaire syrienne en territoire libanais et contre la série d’agressions auxquelles se livre l’armée syrienne loyaliste contre le territoire et les citoyens libanais dans les régions proches de la frontière entre les deux pays.


Le président Sleiman, rappelle-t-on, a demandé lundi au ministre des Affaires étrangères de convoquer l’ambassadeur syrien à Beyrouth, Ali Abdel Karim Ali, et de lui remettre une lettre de protestation contre les atteintes répétées à la souveraineté du Liban. Contrairement aux informations rapportées lundi en fin de journée par certaines sources, M. Mansour ne s’est pas encore exécuté après la demande que lui a faite le chef de l’État. Pire encore, il refuse purement et simplement de donner suite aux instructions du président de la République. Notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, indique en effet que le chef de la diplomatie estime, d’abord, qu’ « il n’est pas nécessaire de convoquer l’ambassadeur de Syrie car il n’existe pas un développement urgent ou un danger qui justifie une telle mesure ». Pour M. Mansour, « la convocation n’est pas de mise entre frères », rapporte notre correspondant diplomatique qui précise qu’aucune date n’a été fixée pour transmettre la lettre de protestation.


Officiellement, les atermoiements de M. Mansour sont motivés par la volonté de « rassembler les informations sécuritaires » et de « poursuivre les concertations entreprises » sur ce plan, notamment avec le Premier ministre Nagib Mikati. « M. Mansour est soucieux de répondre à la demande du président Sleiman, mais loin des feux de la rampe, afin de prendre en considération les relations futures avec la Syrie », indique notre correspondant diplomatique qui ajoute que M. Mansour estime qu’ « il faut traiter la question avec calme (comme cela devrait se faire) entre deux pays frères, de manière à s’assurer des réalités sur le terrain ». Et le ministre d’ajouter : « Il n’est pas nécessaire de présenter une lettre de protestation, mais plutôt une note par la voie diplomatique car la violation n’est pas d’un seul côté. Il faut régler la question avec un pays frère sur base des accords bilatéraux, notamment l’accord de défense et de sécurité conclu à Chtaura le 1er septembre 1990, qui précise que chaque pays doit prendre les mesures qui s’imposent pour éviter d’être le tremplin d’une action hostile envers l’autre pays. »


Poussant encore plus loin son suivisme à l’égard du pouvoir baassiste, le chef de la diplomatie s’est abstenu de demander des éclaircissements au sujet de la déclaration faite par l’ambassadeur syrien qui s’est permis de critiquer publiquement, dans une interview télévisée, la démarche du président de la République. M. Ali Abdel Karim Ali, rappelle-t-on, s’est déclaré « surpris » par la démarche du chef de l’État, affirmant que « c’est plutôt à la Syrie de protester parce que ses positions sont la cible d’agressions à partir du territoire libanais »...

Les réactions
Dans les milieux politiques, la demande du président Sleiman de convoquer l’ambassadeur de Syrie et de lui remettre une lettre de protestation a suscité divers commentaires. Le ministre Samir Mokbel a ainsi appelé « tous les Libanais », à l’issue d’un entretien avec Mgr Élias Audi, à appuyer la démarche du chef de l’État et se tenir à ses côtés sur ce plan.
Le député Ahmad Fatfat a vivement stigmatisé, de son côté, au terme d’une réunion avec M. Mansour, les propos tenus par M. Ali. « L’ambassadeur syrien a dépassé toutes les limites en utilisant cette tribune (le palais Bustros) pour prétendre être le tuteur de la politique étrangère du Liban, a déclaré M. Fatfat. Il s’est permis ainsi d’adresser des critiques au président de la République, ce qui est inadmissible. Nous estimons que la lettre de protestation est le minimum requis. L’expulsion de l’ambassadeur syrien est devenue la demande de nombreux Libanais. »


Abondant dans le même sens, le député Akram Chehayeb a également demandé l’expulsion de l’ambassadeur syrien et condamné la réaction de M. Ali à la protestation du président Sleiman.


Notons enfin que le rassemblement des partis et des personnalités fidèles au pouvoir de Bachar el-Assad a critiqué la démarche du chef de l’État, rappelant « l’appui de la Syrie à la résistance ».

La voix de son maître... En l’occurrence, pour le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, le « maître » n’est nullement le chef de l’État libanais, mais plutôt le « frère » syrien. C’est du moins ce qui ressort des atermoiements auxquels se livre le chef de la diplomatie pour tenter de contourner et de court-circuiter la démarche prise lundi par le...

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