Entamé par la sonate de Liszt, le concert a reflété l’oscillation entre un thème violent et menaçant, méphistophélique, et une mélodie suave et cristalline; le timbre sévère et nerveux du premier thème contrastant avec l’envolée du second. L’interprétation a clairement rendu la lutte du bien et du mal. El-Baba a ainsi navigué entre le premier spectre symphonique et le second, transportant l’audience de l’écoute tendue à la délicieuse rêverie.
Le concerto de Beethoven, plus ludique, inspiré du mythe d’Orphée, a ensuite été interprété sur deux pianos. El-Baba et Sabalbal, professeur au Conservatoire national de musique, ont bien rendu la poésie et l’intériorité des mouvements et ont ménagé un espace à l’improvisation. Une meilleure synchronisation entre les deux instruments serait toutefois souhaitable.
Le court prélude Opus 37 d’Alexandre Scriabine, qui questionne succinctement l’origine du cosmos et de l’existence, a élégamment clôturé le concert.
L’audience, enchantée et unanime, a salué l’effort et le brio du pianiste, d’autant plus que le programme comprenait des pièces difficiles. La sonate de Liszt, qui requiert une technique indéfectible et une sensibilité à fleur de peau, est rarement jouée au Liban.
artistique. Le propos du critique musical est de se prononcer sur l'interprétation, la partition, la performance de l'artiste, de l'orchestre, du chef etc... On devrait donc lui faire confiance sur tout ce qui a trait à l'analyse objective de l'oeuvre, son contexte historique, son niveau de difficulté etc... mais pour tout le reste, interprétation, qualité d'une voix, sonorité d'un orchestre, valeur artistique de l'oeuvre, les critères étant éminemment subjectifs, la confiance sera beaucoup plus difficile à accorder. Le moindre critique musical devra avoir "à son compteur" au moins dix mille heures d'écoute, connaître à fond les dix compositeurs majeurs de chaque époque et au moins soixante pour cent de leurs oeuvres et enfin deux, trois ou quatre meilleures interprétations de chacune d'elles. Faute de quoi il ne pourra (devra pas) être habilité à exercer le moindre jugement. Enfin, une plume talentueuse serait la cerise sur le gâteau.
01 h 49, le 14 juillet 2012