Pas du tout d’accord
En fin d’après-midi, dans un courriel non authentifié reçu par l’AFP et signé Manaf Tlass, le général a appelé ses collègues militaires à « quitter le mauvais chemin ». « Comme l’a mentionné la presse internationale, je viens de quitter la Syrie. J’ai arrêté de faire mon devoir et d’assumer mes responsabilités au sein de l’armée car je n’ai pas du tout été d’accord avec les crimes et la violence injustifiée menés par le régime d’Assad depuis plusieurs mois. En intégrant l’institution militaire, je n’ai jamais pensé que je verrai cette armée faire face au peuple. J’appelle mes collègues militaires, quel que soit leur rang, j’appelle ceux qui sont entraînés dans le combat contre leur peuple et leurs idéaux à quitter le mauvais chemin. Je reconnais la légitimité du combat mené par l’opposition, notamment celle sur le terrain, et je remercie tous ceux qui m’ont aidé à quitter le territoire syrien où ma vie et celle de mes proches étaient menacées et en danger. Dans quelques jours, je parlerai en détail de mes motivations et des prochaines démarches. Vive la Syrie ! » indique le courriel.
Général dans la garde républicaine, une unité d’élite chargée de la protection du régime, il avait été écarté il y a plus d’un an de ses responsabilités, car jugé peu fiable, selon une source proche du pouvoir. Il avait tenté des missions de conciliation entre le pouvoir et le rebelles à Rastane et à Deraa sans succès. Depuis plusieurs mois, il avait d’ailleurs troqué son uniforme pour des habits civils et se trouvait à Damas, où il s’était laissé pousser les cheveux et la barbe. Une autre source à Damas a confié que la rupture avec le pouvoir avait été consommée avec le refus du général Tlass de prendre la tête de l’unité chargée de l’offensive en février-mars contre Baba Amr. Bachar el-Assad l’aurait ensuite mis à l’écart. Toujours selon cette source, Manaf Tlass a choisi de partir, furieux, après le refus de M. Assad de le faire passer du grade de général de brigade à celui de général de division lors de la promotion militaire annuelle annoncée chaque 1er juillet.
Comme en Libye...
Selon des proches du général, toute sa famille se trouve déjà à l’étranger ainsi que son frère Firas, un homme d’affaires installé à Dubaï. Son cousin, Abdel Razzak Tlass, est le chef à Homs de la brigade Farouk, une unité combattante de l’Armée syrienne libre.
Le départ de cet homme en vue dans la société syrienne est peut-être le signe d’un affaiblissement du soutien des riches sunnites à la dynastie des Assad. Les classes aisées se sont montrées moins empressées à se joindre à la révolte lancée d’abord par les classes populaires sunnites.
La défection du général Tlass « constitue un coup énorme pour le régime d’Assad. Nous allons chercher à coopérer avec lui. Nous appelons à d’autres défections », a déclaré hier le président du CNS Abdel Basset Sayda, ajoutant que « cela montre que le cœur même du régime commence à s’effriter. Cela me rappelle la Libye ».
(Source : agences)
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