Le député Boutros Harb échappe à une tentative d'assassinat à Beyrouth

Le député libanais Boutros Harb a annoncé jeudi avoir été la cible d'une "opération suspecte", devant l'immeuble hébergeant son bureau dans la rue Sami el-Solh, à Beyrouth.

Une information confirmée par un haut responsable des services de sécurité : "Les preuves en notre possession démontrent qu'il s'agit d'une tentative sérieuse d'assassinat" contre Boutros Harb, 68 ans, a-t-il déclaré, ajoutant que cette tentative est "la dernière d'une longue série de meurtres" au Liban.

Un communiqué diffusé par le bureau de l'ancien ministre affirme que des membres du personnel de sécurité de M. Harb ont arrêté une personne suspecte rôdant près du bureau du député du 14 Mars. "Au moment de son arrestation, le suspect qui tenait un poignard à la main a blessé plusieurs personnes, dont un médecin travaillant dans le même bâtiment hébergeant le bureau de M. Harb", indique le texte.

"Après avoir contacté les forces de l’ordre, une voiture de type BMW aux vitres teintées est arrivée sur les lieux avec, à son bord, des hommes armés se clamant membres des services de renseignement de l’armée libanaise, poursuit le communiqué. L’un des hommes a pointé son fusil sur le suspect et l’a forcé à monter dans la voiture". "Plus tard, indique encore le communiqué, d’autres voitures roulant à grande vitesse et à contre-sens se sont arrêtées devant le bâtiment avant de repartir en direction de Tayyouneh (dans la banlieue sud de Beyrouth)".

Selon des informations sécuritaires obtenues par le bureau de M. Harb, "la voiture de type BMW aurait été volée et les hommes qui étaient à l’intérieur n'appartenaient pas aux services de renseignement de l’armée comme ils le clamaient."

"Ce qui s’est passé est très dangereux", a affirmé le député à la chaîne LBC.

D'autres sources médiatiques ont évoqué une possible tentative d'assassinat le visant.

Des engins explosifs auraient été découverts à l'intérieur d'un ascenseur dans l'immeuble abritant le bureau de M. Harb. "Le ministre (de l'Intérieur) Marwan Charbel m'a prévenu que des assaillants pourraient viser des personnalités politiques en cherchant à placer des engins explosifs à l'intérieur d'ascenseurs", a affirmé le député dans un entretien accordé à la chaîne MTV.

Plus tard dans la journée, le ministre Charbel a rendu visite à M. Harb , affirmant qu’une enquête a été lancée pour élucider les circonstances de l’attaque avortée contre le député. "Les développements en Syrie affectent le Liban, a déclaré M. Charbel. Nous sommes conscients des risques d’assassinat, mais aucune instance sécuritaire ne peut être préparée face à ces risques à 100%". "Toutes les personnalités politiques au Liban sont des cibles potentielles pour les assassins", a-t-il ajouté.

De son côté, le député Marwan Hamadé, qui a lui-même échappé à une tentative d’assassinat le 1er octobre 2004, a exhorté le président Michel Sleiman à faire de son possible pour mettre un terme à l’insécurité au Liban où, selon lui, "tout est désormais possible".

A l'issue d'une réunion d'urgence à la résidence de Boutros Harb, les forces du 14 Mars ont pour leur part publié un communiqué dans lequel elles ont tenu le gouvernement pour responsable de la tentative d'assassinat du député maronite, l'appelant à la "démission immédiate".

Le 14 Mars a plus spécialement tenu le Courant patriotique libre (et son ministre des Télécommunications Nicolas Sehanoui) ainsi que le Hezbollah pour responsables en raison deur mainmise  sur les données téléphoniques (All Data) et leur refus de les fournir aux services sécuritaires.

La coalition a par ailleurs réclamé le transfert des dossiers sur les tentatives d'assassinat de Boutros Harb et du président des Forces libanaises Samir Geagea au Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé d'enquêter sur l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.