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À La Une - Diplomatie

Ankara durcit le ton contre Damas

Le F-4 aurait été abattu dans les eaux internationales, selon la Turquie ; l’OTAN confirme se réunir demain à Bruxelles.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan se réunissait hier avec plusieurs hauts responsables pour discuter de la crise turco-syrienne. Photo Handout/AFP

La Turquie a accusé hier la Syrie d’avoir abattu un de ses avions de combat dans l’espace aérien international, et non dans l’espace syrien comme l’affirme Damas.


« D’après nos conclusions, notre avion a été abattu dans l’espace aérien international, à 13 milles nautiques de la Syrie », a ainsi déclaré à la télévision le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Il a insisté sur le fait que le F-4 Phantom volait seul, vendredi, et n’avait « aucune mission, y compris de collecte d’informations, au-dessus de la Syrie ». M. Davutoglu a cependant reconnu que l’appareil, qui effectuait sans armes une mission d’entraînement et de test d’un système radar en Méditerranée, était entré un moment dans l’espace syrien, mais a déclaré qu’il avait été détruit 15 minutes après cette violation involontaire, sans avertissement au préalable. « L’appareil est ensuite tombé dans les eaux syriennes », a-t-il ensuite indiqué.


Turcs et Syriens poursuivaient donc hier des recherches pour sauver les deux pilotes de l’appareil, mais l’espoir de les retrouver vivants semblait faible. Le ministère turc des Affaires étrangères a tout de même indiqué que seul le positionnement géographique de l’avion était établi et qu’il se trouvait à environ 1 300 mètres de profondeur.
Pendant ce temps, la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a qualifié hier l’attaque par la Syrie d’un avion de combat turc d’acte « éhonté et inacceptable », et a promis de travailler avec Ankara sur une réponse appropriée. « C’est une autre preuve du non-respect des autorités syriennes à l’égard des lois internationales, de la vie humaine, de la paix et de la sécurité », a déclaré Mme Clinton dans un communiqué. De l’autre côté de l’Atlantique, la Grande-Bretagne et l’Italie ont dénoncé un acte « inadmissible », « gravissime » et « inacceptable », Londres appelant le régime syrien « à ne pas croire qu’il peut agir en toute impunité ».


Avant ces déclarations, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères Jihad Makdessi avait répété que l’avion turc avait été abattu « à l’intérieur de l’espace aérien syrien » et qu’il s’agissait « d’un incident et non d’une agression », Damas n’ayant fait qu’exercer son « droit de défense ».
L’Iran, allié de Damas, a pour sa part demandé à la Turquie et à la Syrie de faire preuve de « retenue » tandis que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et le chef de la diplomatie britannique William Hague ont fait part de leur « profonde préoccupation ». L’Organisation de coopération islamique (OCI) s’est, elle, inquiétée des répercussions de l’incident sur « la sécurité et la stabilité régionales ».
Parallèlement, l’OTAN a confirmé hier qu’une réunion du Conseil de l’Atlantique-Nord se tiendra demain à Bruxelles à la demande d’Ankara, a indiqué son porte-parole Oana Lungescu, qui a précisé que la Turquie doit faire une présentation sur cet incident devant les ambassadeurs des 27 autres pays alliés. La Turquie a pour cela invoqué l’article 4 du traité fondateur de l’Alliance atlantique qui prévoit que tout pays membre de l’OTAN peut porter une question à l’attention du Conseil et en débattre avec les alliés lorsqu’il estime que son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité est menacée.


M. Davutoglu a cependant déclaré que l’option militaire n’était pas d’actualité pour riposter. « La Turquie agira avec retenue mais détermination », a-t-il insisté, mettant cependant en garde la Syrie : « Personne ne peut se permettre de mettre à l’épreuve les capacités (militaires) de la Turquie (...). Nous allons porter cette affaire devant l’opinion publique et le droit international, au nom de l’honneur de la Turquie. » Le gouvernement turc a donc mis au point un « plan d’action » consistant à mener des démarches diplomatiques auprès de ses alliés de l’OTAN et de l’ONU notamment, a fait savoir le ministre turc. Hier déjà, la Turquie a remis une note de protestation officielle à la Syrie, dénonçant la chute de son avion, a-t-on souligné de source officielle turque. Et la veille, M. Davutoglu avait eu des entretiens téléphoniques avec ses homologues d’une dizaine de pays, dont les États-Unis et des grandes puissances.


Cet événement risque d’exacerber les tensions entre la Turquie et la Syrie, pays alliés jusqu’au début du mouvement de contestation contre le régime de Damas en mars 2011. Depuis, Ankara a vivement dénoncé la répression sanglante du soulèvement, se joignant aux appels au départ du président syrien du pouvoir. Le pays a également accueilli près de 32 500 réfugiés syriens ainsi que les soldats rebelles et l’opposition politique. Damas accuse depuis Ankara de soutenir l’opposition syrienne et même de laisser les insurgés opérer sur son sol, ce que la Turquie dément.

 

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