Démodé ou classique ?

Le cinéaste à femmes nous invite à nous interroger sur le sens du classicisme et de la mode, alors que cette dernière en tant que concept peut à son tour devenir classique. Il ne s’agit donc pas de mode dont on parle mais de tendance qui risque d’être éphémère et de disparaître. Quand est-ce qu’un film peut devenir un classique et traverser le temps sans une ride ? Avouons-le, ils sont peu nombreux actuellement à rejoindre le panthéon des immortels. Les films d’aujourd’hui sont plus occupés à cibler les besoins et les désirs de la contemporanéité. Négligeant certaines valeurs inhérentes à l’essence d’un film, les cinéastes s’accordent à plaire au public, à assurer un nombre de sorties en salle et à faire voyager le « produit » cinématographique le plus possible.
Obéissant à la loi du marché, beaucoup d’entre eux se « prostituent » (oui le mot est fort, mais il s’agit bien de cela) devant notamment un 3D devenu omniprésent, une rapidité de style ou encore un formatage des genres. Ainsi, certains de ces genres-là seront abandonnés devant d’autres plus en vogue. Les films western ou de pirates laissent donc la place aux films d’action et de science-fiction. La comédie américaine qui connut son âge d’or s’efface devant l’ère du gros rire vulgaire et grivois. Les films ne traversent plus les époques car ils deviennent « démodés ». Sachant que les grands principes qui régissent notre univers ne se démodent jamais, comment un film qui porte en lui le reflet animé de ces grands principes peut-il se démoder ? Comment expliquer que les Beatles qui étaient « tendance » sont devenus aujourd’hui des classiques ? C’est là où réside l’insaisissable réponse à la question comment un film devient-il une œuvre cinématographique, et par conséquent son auteur, un réalisateur classique ?
Pedro Amodovar connu pour sa flamboyance kitschissime sera-t-il un jour rangé au rayon classique ? T’as qu’à galérer encore Pedro !