Les médecins ont longtemps cru que jusqu’à leur ménopause, les femmes étaient protégées des accidents cardio-vasculaires. L’idée – qui n’était pas fausse – était que leurs flux hormonaux les préservaient et que cette protection disparaissait à la ménopause faute de sécrétion œstrogénique. En théorie, c’était vrai. Toutefois, il semble bien que l’addition et la superposition des facteurs de risques cardiovasculaires aient fait voler en éclats cette protection. «Le diabète annihile l’effet naturellement vasodilatateur et antithrombotique, donc protecteur, des œstrogènes naturels, explique Claire Mounier-Vehier. Nous avons trop longtemps sous-estimé cette menace.»
Ces 20 dernières années, les femmes ont adopté des comportements qui étaient jusqu’alors l’apanage quasi exclusif des hommes. L’entrée précoce dans le tabagisme, la sédentarité, la mauvaise alimentation... Ces changements dans leur mode de vie font « qu’elles sont aujourd’hui autant concernées par les maladies cardio-vasculaires que les hommes, si ce n’est plus », souligne Claire Mounier-Vehier.
En effet, «la femme peut être préservée du risque cardio-vasculaire ou, au contraire, y être particulièrement exposée», poursuit-elle. «Il n’y a pas de juste milieu», explique Claire Mounier-Vehier. L’existence d’un unique facteur de risque suffit à faire peser une grave hypothèque sur sa santé. «De plus, elles sont plus sensibles que les hommes aux effets dévastateurs du tabac, ajoute-t-elle. Lorsque de surcroît, la femme recourt à une contraception à base d’œstrogènes de synthèse (pilule, anneau vaginal ou patch transdermique), le risque de thrombose artérielle et veineuse est significativement majoré. Surtout dans le premier mois de la prescription.»
«Informer et dépister les femmes à risque, c’est donc un espoir pour elles. C’est une recommandation que nous devons diffuser largement, pour les sensibiliser à cette question essentielle», conclut Claire Mounier-Vehier.