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Campus

Loi Guéant : les Libanais en ont payé les frais

Licenciement en fin de stage, refus du statut de salarié, chômage. Une dure expérience qu’ont vécue beaucoup de Libanais après la circulaire Guéant qui a restreint la possibilité pour les non-Européens de travailler en France.
« Ceux qui en paient les frais sont, hélas, les étudiants diplômés des grandes écoles tel l’Essec, l’ESCP, HEC, Sciences po, explique amèrement Sandra, 24 ans, qui vient d’obtenir un master en science du management de l’Essec. Pourquoi ? Parce qu’ils ont eu la malchance de choisir une filiale saturée en France. On nous pousse à entreprendre de hautes études. Mais lorsqu’il s’agit de travailler, on se voit refuser le CV. Cause ? Surqualification ou au contraire manque d’expérience. » Pourtant, une loi en 2006 avait permis aux étudiants étrangers de rester en France à l’issue de leur cursus pour travailler.
« Les entreprises sont très franches avec nous. On nous dit d’emblée préférer ne pas prendre de CV étrangers et commencer avec le processus de recrutement à cause des longues démarches à entreprendre au niveau des préfectures », explique Roy, étudiant en publicité qui vient d’effectuer un stage dans une grande société française. Ce qui n’était auparavant qu’une formalité de trois semaines pour le renouvellement du permis de séjour nécessite désormais deux à trois mois d’attente, sans oublier la taxe qui a triplé pour les étrangers voulant obtenir un titre de séjour. Résultat : même ceux qui disposaient d’une promesse d’embauche après un stage n’ont pas pu obtenir le passage du statut d’étudiant à celui de salarié.
« Alors qu’au début je visais des domaines bien précis, maintenant je suis prêt à accepter n’importe quel poste pour pouvoir obtenir ma nationalité prévue dans un an, explique amèrement Roy. De plus, en tant qu’étranger, nous n’avons pas le droit de toucher des allocations de chômage. » Alors, pour tenir le coup, les étudiants exercent de petits emplois, question de se faire un peu d’argent de poche. Roy a accepté un job de déménageur de 9h à 6h pour un salaire de 100 euros la journée. Sandra a dû renoncer à son appartement et vivre avec deux autres Libanaises, refusant de faire supporter le poids de sa vie à ses parents. Beaucoup de ses copines ont accepté des rôles d’hôtesses d’accueil ou donnent des leçons particuliers. Tous avouent que c’est la « solidarité entre Libanais » qui les aide à tenir le coup, admettant quand même que ce sont « leurs parents qui paient les studios. »
Et si un très grand nombre, lassé de recevoir des lettres de refus, se sont tournés vers les pays arabes faute de pouvoir rester en France ou sont retournés au Liban travailler, beaucoup espéraient une modification de la loi. Un changement qui n’a pas tardé à venir puisque la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a annoncé l’abrogation de la circulaire Guéant jeudi passé, un an jour pour jour après sa publication.

Lamia SFEIR DAROUNI
« Ceux qui en paient les frais sont, hélas, les étudiants diplômés des grandes écoles tel l’Essec, l’ESCP, HEC, Sciences po, explique amèrement Sandra, 24 ans, qui vient d’obtenir un master en science du management de l’Essec. Pourquoi ? Parce qu’ils ont eu la malchance de choisir une filiale saturée en France. On nous pousse à entreprendre de hautes études. Mais...

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