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La pollution atmosphérique sous la loupe de l’Université libanaise

En collaboration avec le CNRS et l’AUF, le Dr Zeina Dagher mène depuis des mois à l’UL des projets de recherche associés à la pollution de l’air ambiant. Ces recherches portent principalement sur les agents polluants présents dans l’air et leur impact sur l’homme.

Rola AZAR DOUGLAS

 

La pollution atmosphérique au Liban n’est pas un secret. Une pollution imputée principalement au trafic routier, qui compterait plus de 1 250 000 véhicules. Parmi les activités de recherche liées à la pollution qui sont conduites à l’UL par le Dr Dagher, une étude vise à mesurer l’exposition des agents de circulation aux polluants atmosphériques à Beyrouth. « L’étude, menée en 2011, cherche à estimer les niveaux d’exposition aux génotoxiques par des biomarqueurs », précise le Dr Zeina Dagher, qui détient un doctorat en toxicologie de l’académie de Lille en France. Pour ce faire, deux groupes d’agents de la circulation – un groupe formé d’officiers travaillant aux carrefours de Beyrouth et un autre, de contrôle, composé de préposés qui occupent des postes de travail de bureau – ont eu des badges adsorbants fixés sur leurs vêtements autour de la zone respiratoire, dans le but d’évaluer la dose externe de composés organiques volatils à laquelle ils sont exposés. « Nous avons également effectué des prélèvements d’échantillons urinaires auprès des agents, avant qu’ils ne commencent leurs activités professionnelles et en fin de poste, pour rechercher les biomarqueurs d’exposition au benzène – composé cancérogène selon le Centre international de recherche sur le cancer – et au butadiène, hydrocarbure émis par les véhicules et probablement cancérogène pour l’homme. » Une évaluation comparative des résultats sanguins des deux groupes a été faite pour rechercher les effets génotoxiques (modifications du matériel génétique aboutissant parfois à l’initiation d’un processus cancéreux) et les altérations épigénétiques (influences de l’environnement sur l’expression des gènes). Les résultats préliminaires ont montré que les agents travaillant dans les bureaux présentent les niveaux d’exposition les plus bas. « Nous remercions l’AUF pour son soutien, et le directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Achraf Rifi, pour nous avoir accordé son autorisation de mener cette étude auprès des agents des FSI », souligne le Dr Dagher.

Pertinence et utilité des recherches menées
La jeune chercheuse, qui encadre deux doctorantes en 2e année de thèse, mène de pair d’autres recherches sur la pollution de l’air. « J’essaye d’œuvrer à faire de l’Université libanaise une pionnière dans la recherche sur l’impact de la qualité de l’air sur la santé », affirme-t-elle. Un objectif qu’on aurait qualifié de très audacieux il y a quelques années. « À mon retour de France, après l’obtention de mon doctorat, j’étais contrariée par le fait qu’il n’y avait pas de structure de recherche à l’UL », ajoute-t-elle. Pour pouvoir réaliser ses projets, le Dr Zeina Dagher sollicite le soutien du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’AUF et de l’UL. Les projets qu’elle propose sont tous les trois acceptés. « Ce ne sont pas uniquement les problèmes environnementaux qui m’intéressent, mais également leur impact sur l’homme. Une des recherches que je mène porte sur les effets de la pollution de l’air sur les Libanais atteints de pathologies respiratoires chroniques », explique l’enseignante-chercheuse. Recherche qu’elle a pu conclure grâce au soutien de collaborateurs français, notamment l’Université de Strasbourg et l’académie de Lille. Le troisième projet – qui a reçu l’appui du CNRS– concerne les effets des particules de l’air de l’agglomération de Beyrouth, leur impact sur les cellules pulmonaires humaines et les altérations épigénétiques qui y sont liées.
Le Dr Dagher insiste sur le rôle de l’éducation dans la sensibilisation des Libanais, et des jeunes en particulier, sur les problèmes de l’environnement et les pratiques écologiques. « Nos recherches sont très utiles. On peut, en vulgarisant les résultats, d’un côté informer la population, et de l’autre apporter des preuves scientifiques aux instances publiques et aux décideurs pour remédier aux problèmes, améliorer les conditions d’hygiène et de sécurité au travail, et prévenir la survenue de certaines maladies », conclut le Dr Dagher.

Rola AZAR DOUGLAS
 
La pollution atmosphérique au Liban n’est pas un secret. Une pollution imputée principalement au trafic routier, qui compterait plus de 1 250 000 véhicules. Parmi les activités de recherche liées à la pollution qui sont conduites à l’UL par le Dr Dagher, une étude vise à mesurer l’exposition des agents de circulation aux polluants atmosphériques...

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