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Liban

Un homme de paix

Par Samir FRANGIÉ
Ancien député
Le Liban vient de perdre un homme de paix.
Nassir el-Assaad était peu connu du grand public. Sa modestie légendaire mais aussi sa répulsion pour la politique politicienne l’avaient toujours maintenu dans l’ombre.
Pourtant cet homme avait à son actif de grandes réalisations.
C’est lui qui, dans la plus grande discrétion, avait, après l’appel des évêques maronites de septembre 2000, tissé les liens entre l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, et l’opposition chrétienne. C’est lui aussi, du fait de l’amitié qui le liait à Walid Joumblatt, qui a contribué à jeter les bases de l’opposition pluricommunautaire à la présence syrienne qui a vu le jour en 2004.
Ce tisseur de lien ne limitait pas son action au domaine libanais. Proche de la résistance palestinienne durant ses années de jeunesse, il avait œuvré à assainir les rapports libano-palestiniens et à préparer le terrain à « l’appel de Palestine au Liban » (2008), première lecture critique de la guerre faite du côté palestinien.
Il avait aussi, dès le début du « printemps syrien » de 2011, noué des liens avec l’opposition syrienne, considérant que l’indépendance du Liban et sa stabilité ne pouvaient être garanties que par la démocratisation de la Syrie. Ses efforts avaient porté leurs fruits avec la lettre solennelle adressée par le Conseil national syrien au congrès des forces du 14 Mars (14 mars 2012).
Cet homme était habité par une passion : celle de jeter les bases d’un avenir de paix pour le Liban.
Militant dans les rangs de la gauche, il faisait partie de cette génération qui avait longtemps cru que la violence était un levier de changement. Il avait connu la guerre, mais avait été parmi les premiers à en tirer les leçons.
Père de quatre enfants, il ne voulait pas leur faire hériter les peurs et les cauchemars qui avaient peuplé sa jeunesse.
Dans les semaines qui ont précédé sa mort, l’angoisse d’une reprise de la guerre civile l’avait pris à la gorge. Les signes annonciateurs d’une nouvelle tempête étaient là.
À ceux qui lui faisaient valoir que personne au Liban n’avait intérêt à la guerre, il répondait que la guerre civile n’est jamais le produit d’une grande décision, mais le résultat d’une série de petites actions qui conduisent les gens à considérer que la vie en commun n’est plus possible.
La mort de ce juste nous place devant nos responsabilités. Sommes-nous condamnés à répéter indéfiniment les mêmes erreurs, ou saurons-nous tourner la page de toutes nos guerres et bâtir un avenir de paix ?
Le Liban vient de perdre un homme de paix.Nassir el-Assaad était peu connu du grand public. Sa modestie légendaire mais aussi sa répulsion pour la politique politicienne l’avaient toujours maintenu dans l’ombre.Pourtant cet homme avait à son actif de grandes réalisations.C’est lui qui, dans la plus grande discrétion, avait, après l’appel des évêques maronites de septembre 2000,...

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