"On n'a pas réussi à être à la hauteur des sacrifices du peuple syrien. C'est sûr, on n'a pas répondu assez rapidement et assez aux besoins de la révolution", a déclaré aujourd'hui Burhan Ghalioun, président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, peu après avoir annoncé sa démission.
Une démission acceptée par le bureau du CNS qui demande toutefois au président en exercice de poursuivre sa tâche jusqu'à l'élection d'un nouveau président lors d'une réunion prévue les 9 et 10 juin, selon un communiqué du CNS publié à Beyrouth dans la nuit de mercredi à jeudi.
M. Ghalioun estime que la "lenteur" du CNS à réagir est due à son fonctionnement selon "la règle du consensus" et non sur la base de l'élection qu'il prône. "La formule actuelle est une formule de coalition de quelques partis ou formations politiques qui monopolisent la décision et ne donnent aucune chance aux membres de participer réellement à la décision, c'est ça qui a causé beaucoup d'inertie", a-t-il expliqué à l'AFP.
"On a été lent, la révolution bouge à 100 km/h et nous nous bougeons à 100 m/h", a-t-il insisté reprenant à son compte une partie des critiques émises par les Comité locaux de coordination (LCC) qui animent la contestation sur le terrain.
Universitaire basé en France, tenant d'une gauche nationaliste arabe, M. Ghalioun avait émergé en octobre comme la personnalité capable de rassembler au sein d'un conseil composé du multiples tendances (islamistes, nationalistes, libéraux, indépendants). Il avait été adoubé par les Frères musulmans. Il a été reconduit à deux reprises à la présidence de cet organe, la dernière fois le 15 mai. Mais depuis des mois il est critiqué pour avoir laissé les Frères musulmans prendre une trop grande influence au sein du Conseil et pour son manque de coordination avec les militants sur le terrain.
"J'ai présenté ma démission justement pour dire que cette voie de la division entre islamistes et laïques ne marche pas et je pense que c'est le régime syrien qui a gagné puisqu'il a dès le début essayé de jouer cette division", a expliqué M. Ghalioun.
Du côté du régime, le président Bachar el-Assad a déclaré, une nouvelle fois, que la Syrie était "capable de sortir de la crise", évoquant le conflit qui ensanglante son pays depuis plus de 14 mois.
"La Syrie a pu surmonter les pressions et les menaces qu'elle subit depuis des années", a-t-il dit en recevant un responsable iranien à Damas, selon l'agence officielle Sana. "Elle est capable par la résistance de son peuple et son attachement à l'unité et à l'indépendance de sortir de cette crise".
Sur le terrain, la répression était toujours de rigueur. Dans la province d'Idleb (nord-ouest), les forces syriennes ont exécuté jeudi dans les vergers d'un village quatre personnes arrêtées dans leurs maisons, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les forces syriennes ont également poursuivi le pilonnage de villes rebelles du centre du pays, notamment à Rastane (pour la deuxième journée consécutive), et à Homs, selon l'OSDH. Au moins 23 personnes ont péri dans les violences, a précisé l'ONG.
Des violences qui interviennent malgré le plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan soutenu par l'ONU et accepté par le régime et les rebelles. Quelque 270 observateurs de l'ONU sont déployés dans le pays et tentent en vain de faire respecter un cessez-le-feu en vigueur officiellement depuis le 12 avril, mais systématiquement violé.
Dans un nouveau rapport publié à Genève, les enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'Homme ont estimé que "la plupart des violations graves" en Syrie "ont été commises par l'armée et les services de sécurité".
"L'armée a employé un large éventail de moyens militaires, y compris des tirs d'artillerie lourde sur des zones civiles", écrit la commission d'enquête tout en faisant état d'informations selon lesquelles "les groupes armés anti-gouvernement commettent aussi des abus".
Selon la commission, les troupes poursuivent les exécutions extrajudiciaires et la pratique de la torture, même sur des enfants de 10 ans, soulignant que les enfants "font fréquemment partie des tués ou des blessés durant les attaques sur les manifestations et les bombardements".
Cette commission d'enquête internationale, établie en août 2011, n'a toujours pas reçu le feu vert de Damas pour se rendre en Syrie.
A Damas, le nouveau Parlement, issu des élections du 7 mai raillées par la communauté internationale et boycottées par l'opposition, a élu un nouveau président, Jihad Lahham, un avocat membre du parti Baas au pouvoir.
Plus de la moitié des députés seraient désormais issus des rangs du Baas qui dirige la Syrie depuis 1963, selon un décompte de médias syriens en ligne. Aucune annonce officielle des résultats n'a été faite pour le moment.
Dans ce contexte, le CNS a appelé "la communauté internationale à agir d'urgence pour adopter un nouveau mécanisme, par le biais du Conseil de sécurité, afin de contraindre le régime à mettre fin à ses crimes", en accusant ce dernier de "poursuivre les tueries, dans une tentative délibérée de faire échouer" le plan Annan.
Parallèlement, des informations de militants anti-régime ont provoqué d'intenses spéculations en faisant état de la mort du vice-ministre de la Défense, Assef Shawkat, beau-frère de M. Assad, qui aurait été assassiné et enterré dans son village. Les autorités ont refusé de répondre à la presse sur le sort de M. Shawkat, l'une des figures les plus détestées des opposants au régime.
Une démission acceptée par le bureau du CNS qui...
les galions passent,la mer reste...une mer de sang...mais quelle bande d'irresponsables...
05 h 20, le 25 mai 2012