Rechercher
Rechercher

À La Une - Révolte

Amnesty dénonce les « crimes contre l’humanité » en Syrie

L’armée bombarde Rastane ; les sanctions durement ressenties.

Des membres de l’ASL escortent le convoi des Bérets bleus qui sont arrivés hier à Rastane. Shaam News Network/Reuters

Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas parvenu à se montrer à la hauteur du « courage » des contestataires dans des pays comme la Syrie et s’avère « de plus en plus inadapté aux besoins », dénonce Amnesty International qui publie aujourd’hui son rapport annuel sur les droits de l’homme dans le monde. « Des peuples se sont levés, au péril de leur vie. Malheureusement, des gouvernants leur ont fait totalement défaut, au double plan national et international », a ainsi déclaré le secrétaire général d’Amnesty à Londres, Salil Shetty. Amnesty fustige en particulier l’incapacité de l’ONU à mettre fin aux violences en Syrie, qui ont fait plus de 12 000 morts. « Les membres du Conseil de sécurité continuent à faire primer leurs intérêts politiques et commerciaux sur les droits des peuples », déplore Salil Shetty, dénonçant « une trahison du peuple syrien ». L’ONG pointe du doigt la Russie, fournisseur d’armes à la Syrie, et la Chine, les deux membres permanents du Conseil qui ont bloqué deux résolutions condamnant la répression menée par le régime Assad. Mais également l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud qui « ont trop souvent fait preuve d’un silence complice ».

« Alors que le Conseil de sécurité avait saisi la Cour pénale internationale du cas de Mouammar Kadhafi, il n’a pris aucune mesure similaire contre le président syrien Bachar el-Assad, malgré des preuves irréfutables des crimes contre l’humanité commis par ses forces de sécurité », souligne le rapport. « Sans un traité fort, le Conseil de sécurité de l’ONU semble promis à l’échec dans son rôle de gardien de la paix et de la sécurité mondiales », avertit l’ONG.

 

Rastane martyre

Amnesty a également accusé le régime syrien de torturer et de tuer des détenus et des manifestants pacifiques, des actes pouvant constituer des crimes contre l’humanité. Le rapport cite plusieurs exemples, notamment celui d’un homme non identifié à Banias, détenu pendant trois jours, frappé, déshabillé et obligé à « lécher son propre sang sur le sol ». Et cette répression n’épargne pas les enfants selon Amnesty qui cite le cas de Mohammad al-Moulaa Issa, 14 ans, originaire de Deir ez-Zor, abattu par balles par les forces de sécurité parce qu’il refusait de participer à une manifestation prorégime.

Parallèlement, sur le terrain, les forces gouvernementales ont poursuivi les perquisitions, les arrestations, les raids et les bombardements dans plusieurs secteurs du pays faisant au moins 15 morts, selon la chaîne satellitaire al-Arabiya. L’armée a ainsi bombardé pendant plusieurs heures Rastane, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). La ville, presque vidée de ses habitants et défendue par un grand nombre de hauts gradés rebelles, est encerclée par l’armée, qui tente depuis des mois de la reprendre. En fin d’après-midi, les bombardements ont cessé « avec l’arrivée des observateurs de l’ONU » qui ont entendu le bruit des obus, a dit via Skype le militant Abou Rawane, lançant : « Que Dieu nous protège quand ils partiront. »

Déployés progressivement, les observateurs de l’ONU, qui sont actuellement environ 270, ne parviennent pas à faire respecter la trêve prévue par le plan de paix de l’émissaire international Kofi Annan, officiellement en vigueur depuis le 12 avril mais largement ignorée. Outre le bombardement de Rastane, trois personnes ont été tuées par l’explosion d’une bombe contre un bus sur la route de l’aéroport international de Damas. Cinq soldats qui voulaient faire défection ont été tués dans la province de Damas et sept civils ont péri : trois à Deir ez-Zor, deux dans la province de Homs et un à Deraa, selon la même source.

Dans le même temps, près de 1 500 personnes ont manifesté contre le régime à Alep alors que les troupes ont fait feu, faisant au moins un mort.

Selon des militants, près de 20 soldats sont sortis des rangs du troisième bataillon de l’armée régulière, à Damas.

 

Un dialogue pour Moscou

Pour tenter de trouver une issue à la crise, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a dit que son pays avait « proposé de commencer un dialogue à Moscou » entre le régime et l’opposition à l’étranger pour discuter de « toutes les questions », ajoutant que « nous nous félicitons du fait que cette tâche soit inscrite avec précision dans les six points du plan Annan entériné par le Conseil de sécurité de l’ONU ».

Parallèlement, l’économie syrienne continue de pâtir du conflit qui dure depuis plus de 14 mois et des sanctions économiques et financières imposées par les États-Unis et l’Union européenne, qui ont appelé au départ de M. Assad. « Le secteur pétrolier a perdu près de 4 milliards de dollars à cause des sanctions européennes et américaines injustes, empêchant l’exportation et l’importation de pétrole et de dérivés pétroliers », a ainsi déclaré le ministre syrien du Pétrole, Soufiane Allaou. Il a accusé l’UE et les États-Unis de vouloir « faire pression sur le peuple syrien en élargissant l’embargo ».

 

Le père Paolo

Il faut « sauver » mais aussi « libérer » l’État syrien, a affirmé de son côté le père jésuite Paolo Dall’Oglio, dans une lettre à Kofi Annan, souhaitant un « changement de la structure du pouvoir » et une multiplication par dix du nombre de Bérets bleus. Cette lettre du religieux italien, publiée dans la revue jésuite Popoli, est un appel au secours à l’ancien secrétaire général onusien : « Nous nous agrippons à votre initiative comme des naufragés à un radeau », écrit le religieux établi en Syrie, très mobilisé pour le dialogue entre chrétiens et musulmans.

Par ailleurs, trois camionneurs iraniens ont été enlevés lundi en Syrie par des « groupes d’opposition armée » au régime, a indiqué le chargé d’affaires iranien à Damas cité hier par les médias iraniens.

Enfin, le groupe Internet Google a annoncé qu’il avait reçu l’autorisation des autorités américaines de rendre accessibles en Syrie plusieurs de ses programmes, les cartes de Google Earth, le navigateur Chrome et l’application de photo Picasa.

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas parvenu à se montrer à la hauteur du « courage » des contestataires dans des pays comme la Syrie et s’avère « de plus en plus inadapté aux besoins », dénonce Amnesty International qui publie aujourd’hui son rapport annuel sur les droits de l’homme dans le monde. « Des peuples se sont levés, au péril de leur vie. Malheureusement,...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut