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Diaspora

Du Mexique à l’Espagne, les Libanais redécouvrent leurs racines

Le patriarche Béchara Raï, Mgr Georges Abi-Younès et l’homme d’affaires Alfredo Miguel Afif, durant le déjeuner avec les associations libano-mexicaines à Mexico City.

Les Libanais voyageant à travers le monde se retrouvent souvent avec des compatriotes dans les tour-opérateurs auxquels ils participent, mais parfois des rencontres inédites viennent égayer leur séjour, comme nous en avons fait l’expérience le mois dernier en Espagne. En effet, lors d’un dîner à Séville au cœur de l’Andalousie, une dame s’assied près d’Élissa, une femme de notre groupe. C’est une journaliste australienne, travaillant à la télévision, qui nous parle de son métier, puis nous lui demandons son nom, elle répond : « Élissa », en épelant les lettres pour nous assurer de l’orthographe. Puis elle nous dit fièrement que c’est un nom très rare en Australie, et malgré le fait qu’elle n’a pas de racines libanaises, elle explique à tout le monde qu’elle porte le nom de la princesse phénicienne qui a fondé Carthage. Nous lui annonçons alors que cela tombe bien car elle est assise juste à côté d’Élissa !
Dans la mosquée de Grenade, sur un promontoire avec vue magnifique sur les jardins et le palais de l’Alhambra ressemblant aux paysages de la montagne libanaise, nous demandons au grand jeune homme responsable des lieux s’il parlait arabe. Il répond qu’il le lit un peu, nous l’informons que nous sommes libanais. Il sursaute : « Ma mère est libanaise, mais je ne sais pas de quelle région du Liban, pays que je n’ai pas encore visité. Elle s’est mariée avec un Anglais, voilà pourquoi je m’appelle Habib Lawson. »
Au Mexique, où l’espagnol est aussi pratiqué avec son pourcentage non négligeable de noms communs d’origine arabe, il est plus fréquent de tomber sur des personnes d’origine libanaise. Le père Yaacoub Badaoui, de l’église maronite de Mexico City, est un spécialiste qui fait découvrir à certains leur ascendance libanaise. Ce fut le cas d’un jeune docteur en histoire religieuse, conférencier érudit souvent en voyage, Luis Xavier López Farjeat, rencontré dans une université de Mexico. Le père Yaacoub lui a permis de retrouver les traces de la famille de sa mère, les Farhat, et l’a ainsi amené à sa paroisse où il s’est marié il y a quelques années.
À l’aéroport de Mexico, faisant la file pour embarquer dans l’avion en direction de Guadalajara, nous tombons nez à nez avec un Libanais au profil typé que nous abordons en langue arabe. La réaction attendue ne se produisant pas, nous entamons la conversation en espagnol avec un ton amusé. Alfredo Issa, portant sur son tee-shirt une effigie du cèdre du Liban, son nom, ainsi que celui de l’entreprise Issa industrial qu’il dirige à Chihuahua, rentrait pour accueillir le patriarche maronite dans sa ville de résidence au nord du pays. Ce Libano-Mexicain de la 3e génération projette également de se rendre très bientôt avec sa famille au Liban.
En promenade dans le zócalo, le vieux centre de Puebla, la veille de l’arrivée du patriarche, nous rencontrons Manuel Bartlett Díaz, ancien gouverneur et un des hommes politiques mexicains les plus influents, membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), en pleine campagne, attablé dans un café-trottoir. Nous lui parlons des échanges culturels avec le Mexique et de notre voyage de retour aux sources programmé cet été au Liban. Son épouse Isabel se lève soudain et nous informe avec un grand sourire qu’elle est libanaise, ce que peu de Libano-Mexicains savent. Elle est de la famille Abdala, et elle se rend souvent au Liban avec son mari et leurs enfants, enchantés de séjourner dans leur pays d’origine.

Discours et réceptions
Signalons, par ailleurs, qu’au cours d’un déjeuner offert par les associations libano-mexicaines à Mexico City, le patriarche Béchéra Raï a tenu un vigoureux discours en arabe, avec traduction simultanée en espagnol, expliquant son engagement, dès son élection il y a un an, sur le thème « Communion et Amour » : « Je souhaite partager la communion et l’amour avec vous tous ici réunis. Aussi bien au Liban, au Moyen-Orient que dans le monde de l’émigration, nous voulons affirmer l’unité du Christ en tant qu’Églises catholiques. Et nous devons partager la communion et l’amour au niveau œcuménique. Nous devons ainsi appliquer la communion et l’amour entre chrétiens et musulmans au Liban, pays reconnu entre tous au Moyen-Orient comme étant une terre ouverte à tous, à toutes les religions, à tous les peuples, à toutes les idées. » Puis le patriarche a conclu, en remerciant la chargée d’affaires, Aline Younès, de l’ambassade du Liban à Mexico pour son travail assidu. « Nous sommes fiers de notre pays, qui porte en lui le meilleur cadeau que nous pouvons donner à nos enfants, la nationalité libanaise. »

Réception de Mgr Antonio Chedraoui
L’évêque grec-orthodoxe de Mexico, Mgr Antonio Chedraoui, a tenu à rendre hommage au patriarche maronite au cours d’un déjeuner donné à son domicile, en présence de l’évêque maronite Georges Abi-Younès, de l’archevêque de Mexico, le cardinal Norberto Rivera, et d’un grand nombre de personnalités politiques et religieuses libanaises et mexicaines, dont le procureur général de la République, la jeune et belle Marisela Morales Ibáñez. Avant de céder la place aux chants des mariachis, Mgr Chedraoui a dressé un sombre tableau des événements se déroulant au Proche-Orient, qui pour lui ne sont autres que « l’automne arabe ».
Les Libanais voyageant à travers le monde se retrouvent souvent avec des compatriotes dans les tour-opérateurs auxquels ils participent, mais parfois des rencontres inédites viennent égayer leur séjour, comme nous en avons fait l’expérience le mois dernier en Espagne. En effet, lors d’un dîner à Séville au cœur de l’Andalousie, une dame s’assied près d’Élissa, une...