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À La Une - Syrie

L'université d'Alep dans le collimateur du régime : 4 étudiants tués, 200 arrêtés

Pour le chef des observateurs, c'est à l'armée de faire le premier pas pour arrêter les violences ; deux fils de l'opposant Fayez Sara arrêtés.

Le colonel marocain Ahmed Himmiche, chef de l'équipe des observateurs, écoutant, jeudi, le témoignage d'un habitant de Khalidiya à Homs. Joseph Eid/

Les forces du régime syrien de Bachar el-Assad ont tué jeudi quatre étudiants et en ont arrêté 200 autres à Alep, deuxième ville du pays, faisant fi de la présence des observateurs internationaux de l'ONU et du cessez-le-feu instauré il y a près de trois semaines.

 

Les quatre étudiants ont été tués lorsque des membres des forces de sécurité ont fait irruption à l'aube et "en grand nombre" dans la cité universitaire de la grande ville du nord. Là, ils ont ouvert le feu sur une manifestation d'étudiants réclamant la chute du régime, a affirmé à l'AFP Mohammad al-Halabi, un militant sur place. Vingt-huit autres étudiants ont été blessés, dont trois grièvement, et 200 autres ont été arrêtés, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La manifestation a ensuite été dispersée à coups de gaz lacrymogène au sein de l'université d'Alep, fortement mobilisée contre le régime ces derniers mois.

 

Dans une vidéo filmée dans la nuit et postée jeudi, des tirs nourris et des cris sont entendus tandis que des dizaines d'hommes pénètrent dans l'enceinte du campus. L'étudiant filmant la scène affirme qu'il s'agissait de membres de services de sécurité et de renseignements. Sur une autre vidéo, on voit un homme tentant d'éteindre un incendie qui a ravagé plusieurs chambres de la cité universitaire, tandis que des militants affirment que des dortoirs ont été brûlés jeudi peu avant midi par les forces de sécurité.

 

Quelques heures plus tard, l'université a annoncé la suspension provisoire des cours. "Chers étudiants, vu les circonstances actuelles, les cours dans les facultés de sciences humaines seront suspendus jusqu'à la tenue des examens et ceux des facultés des sciences appliquées, jusqu'au 13 mai", a précisé l'université sur son site internet.

Une mesure dictée par le fait que "ni la direction ni les forces de sécurité ne semblent en mesure de contrôler la situation" dans une université qui s'est fortement mobilisée contre le régime ces derniers mois, estime le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

 

Des manifestations en solidarité avec les étudiants d'Alep ont immédiatement eu lieu dans plusieurs villes du pays notamment à Deraa (sud) et Deir Ezzor (est), selon des militants. Sept civils, dont une femme et un enfant, ont été par ailleurs tués par des tirs sur leur bus dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon l'OSDH, tandis qu'un civil, un soldat et un dissident ont péri dans celle de Homs (centre).

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a également appelé dans un communiqué tous les étudiants syriens à se mettre en grève en solidarité avec leurs camarades d'Alep.

 

A ces nouvelles violences s'ajoutent des arrestations, dont celles de deux fils de l'éminent opposant chrétien Fayez Sara. "Des membres des forces de sécurité sont entrés dans l'immeuble où vivent Bassam, 37 ans, et Wissam, 26 ans, à 06h00 du matin (03h00 GMT), ils ont cassé la porte à la recherche d'armes et les ont emmenés vers une destination inconnue", a rapporté M. Sara. "Les forces de sécurité n'ont pas produit de mandat d'arrêt" à l'encontre des deux frères qui souffrent de problèmes de santé et n'ont pas pu emporter de médicaments, a-t-il précisé à l'AFP par téléphone.

En février, Fayez Sara, également écrivain et journaliste, avait fondé avec plus de 100 journalistes la "Ligue des journalistes syriens" solidaire du "mouvement révolutionnaire" contre le régime syrien.

 

Des inconnus ont par ailleurs assassiné le fils d'Ali Haidar, chef alaouite (confession du clan Assad au pouvoir) d'un parti pro-régime, et un de ses amis. Selon des militants, le fils était un partisan de la contestation.

 

L'OSDH a également exprimé sa préoccupation concernant la santé de l'opposant Mahmoud Issa, un leader du Parti du Travail (parti communiste, banni en Syrie), emprisonné depuis un mois et qui avait été détenu à plusieurs reprises dans le passé pour son militantisme contre le régime Assad.

 

Le 30 avril, la militante Yara Chammas, 21 ans, qui encourt la peine de mort pour "appartenance à une organisation secrète", a été libérée sous caution jusqu’à son procès.

 

Mercredi, les violences ont fait 32 morts, dont 22 militaires, soit le bilan le plus lourd pour les forces gouvernementales depuis l'instauration de la trêve le 12 avril, et ce malgré le déploiement depuis le 16 avril des premiers observateurs de l'ONU chargés d'en surveiller l'application, conformément au plan de paix de l'émissaire international Kofi Annan. Ce plan prévoit une mission plus large de 300 observateurs mandatés par l'ONU, la libération des détenus, le droit de manifester pacifiquement et la libre circulation des médias et des humanitaires.

 

Pour arrêter les violences, le général norvégien Robert Mood, chef des observateurs, a estimé jeudi que c'était à l'armée syrienne de faire le premier pas. "Quand deux individus utilisent toutes sortes d'armements, quel est le premier qui doit retirer son doigt de la gachette? Qui doit faire le premier pas? Mon idée, c'est que c'est le plus fort qui doit le faire", a-t-il dit à la presse à Homs.

Interrogé pour savoir s'il parlait des forces régulières, il a répondu: "je faisais référence au gouvernement (syrien) et à l'armée. Ils ont la force, ils ont la position et le potentiel de générosité pour faire le premier pas dans la bonne direction".

 

Mercredi, le général Mood a estimé sur la chaîne britannique Sky News que, malgré les violations, la présence des observateurs avait pour effet de "calmer" la situation sur le terrain, tout en constatant que le cessez-le-feu restait "précaire". Mardi, l'ONU a accusé aussi bien le régime que les opposants de violer la trêve, soulignant que les observateurs avaient constaté que des "armes lourdes" étaient toujours présentes dans les villes, en violation du plan Annan.

 

Par ailleurs, un responsable des Affaires humanitaires de l'ONU se trouve actuellement en Syrie pour "coordonner" son action avec le gouvernement en vue d'aider un million de personnes touchées par les violences, qui ont également poussé plus de 65.000 Syriens à l'exil selon une estimation de l'ONU.

Les forces du régime syrien de Bachar el-Assad ont tué jeudi quatre étudiants et en ont arrêté 200 autres à Alep, deuxième ville du pays, faisant fi de la présence des observateurs internationaux de l'ONU et du cessez-le-feu instauré il y a près de trois semaines.
 
Les quatre étudiants ont été tués lorsque des membres des forces de sécurité ont fait irruption à l'aube et "en...
commentaires (1)

C'est tout ce qu'ils méritent, ces terroristes d'étudiants, n'est-ce pas ? Heureusement que l'armée à la solde du boucher est là pour montrer ce qu'est la démocratie en Syrie. Boucher, merci d'exister.

Robert Malek

13 h 54, le 03 mai 2012

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Commentaires (1)

  • C'est tout ce qu'ils méritent, ces terroristes d'étudiants, n'est-ce pas ? Heureusement que l'armée à la solde du boucher est là pour montrer ce qu'est la démocratie en Syrie. Boucher, merci d'exister.

    Robert Malek

    13 h 54, le 03 mai 2012

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