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À La Une - Présidentielle française

Sarkozy en situation délicate face à Hollande après le duel télévisé

Le président sortant se dit assuré de "la plus belle victoire qui soit" ; soutenu par François Bayrou, le candidat socialiste estime que "toutes les conditions" étaient réunies pour l'emporter.

François Hollande et Nicolas Sarkozy lors du duel télévisé, mercredi 2 mai.  AFP PHOTO / BERTRAND LANGLOIS

La tâche s'annonce très délicate pour le président Nicolas Sarkozy qui n'est pas parvenu mercredi soir à déstabiliser son adversaire socialiste François Hollande, lors de leur unique face à face télévisé avant le second tour dimanche de l'élection présidentielle en France.

 

Très violent mais sans KO, le débat de presque trois heures a mis en valeur les différences entre les deux hommes, qui ont rendu coup pour coup, de la dette à l'immigration en passant par le style de présidence.

 

Jeudi matin, le président conservateur Nicolas Sarkozy, qui a qualifié lors du débat son adversaire de "petit calomniateur", a jugé leur face à face "assez républicain". "Jamais une élection n'aura été aussi indécise" et le résultat du second tour "se jouera dans un mouchoir de poche", a-t-il ajouté sur la radio RTL. "Je pense qu'on peut gagner. Je pense qu'on va gagner", a poursuivi M. Sarkozy, "mais si les Français en décidaient autrement, à ce moment, ça signifierait une autre vie".

 

Nicolas Sarkozy a également qualifié François Hollande d'"homme habile mais qui a du mal à assumer une position et à s'y tenir. Je le connais très bien, je sais très bien qu'il a beaucoup d'agressivité en lui, qu'il est socialiste, qu'il a la certitude que la légitimité, c'est la gauche et toute personne qui n'est pas à gauche est suspecte. Ce n'est pas moi qui l'ai appelé Flanby, c'est son camarade Laurent Fabius", a-t-il ajouté. "C'est un professionnel de la politique, je ne pensais pas qu'il était juste gentil et sympathique", a-t-il également affirmé, à propos de son rival socialiste.

 

"Je pensais que ce serait âpre et cela l'a été (...), mais c'est sur mes propositions que le débat a tourné", a jugé de son côté François Hollande sur la chaîne France 2. 

Il a par ailleurs fait valoir que lui n'avait pas "utilisé le mot +mensonge+", ni "traité (son) interlocuteur de +petit calomniateur+, parce que ce n'est pas du tout ma façon de faire". "C'est toujours une position de faiblesse, à un moment, d'être dans les outrances verbales", a-t-il dit.

 

"Ceux qui avaient pensé que Nicolas Sarkozy, parce que candidat sortant, pouvait avoir je ne sais quel avantage lié à sa fonction et qu'il y aurait de ma part comme une intimidation, rien n'a été de ce point de vue vérifié", a estimé le candidat PS ensuite sur France Inter. Le scrutin de dimanche comprend "encore bien des inconnues", a-t-il poursuivi, en mettant en garde contre toute "démobilisation" de la part des électeurs.

"La victoire, vous allez la chercher, vous allez la conquérir, l'arracher des mains de la droite", a-t-il lancé quelques heures plus tard à Toulouse, refusant de "mettre l'étranger, l'immigré au cœur de cette campagne". François Hollande a déclaré que "toutes les conditions" étaient réunies pour l'emporter, mais a appelé ses partisans à rester mobilisés jusqu'à dimanche.

 

Presque au même moment, à Toulon, Nicolas Sarkozy s'est dit assuré de "la plus belle victoire qui soit" devant plusieurs milliers de personnes. "France qui travaille, ton destin est entre tes mains, voici venu le temps du sursaut national", a lancé M. Sarkozy en conclusion d'un discours particulièrement virulent à l'égard de la gauche, accusée d'avoir "abîmé la République".

 

Pour la plupart des éditorialistes de la presse jeudi, le débat "ne devrait pas provoquer de séisme électoral". Le favori des sondages François Hollande, donné largement vainqueur des sondages de second tour avec 53 à 54% des voix, a de plus "marqué des points" quant à sa stature présidentielle.

 

La gauche a aussitôt revendiqué la victoire. "Hollande préside le débat", titrait en une le quotidien de gauche Libération, qui évoque des échanges "musclés". Manuel Valls, directeur de la communication de François Hollande, a jugé qu'on avait "découvert un homme d'Etat" dans le candidat socialiste. L'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a estimé que le débat a opposé un "président finissant" à un "président entrant" dans des échanges d'une "violence contenue mais âpre". "François Hollande a dominé les débats, il a été déterminé, volontaire, combatif et il a réussi à incarner le changement que nous attendons", a assuré, de son côté, Ségolène Royal, candidate du PS à la présidentielle de 2007 et père des enfants de François Hollande.

 

Le quotidien de droite Le Figaro, proche de Nicolas Sarkozy, croit de son côté encore à la victoire face à "François Hollande, son langage daté et sa gauche disparate". "Ca va convaincre ceux qui ont pu se laisser entraîner au premier tour dans une forme d'anti-sarkozysme primaire", a aussi estimé le ministre des Finances, François Baroin.

 

Les invectives ont volé au-dessus de la table de 2,50 mètres qui séparait les deux hommes qui se sont particulièrement opposés sur le bilan économique de Nicolas Sarkozy, sur l'immigration, et sur la manière d'exercer le pouvoir.

 

François Hollande a surpris en rompant avec son image d'homme consensuel pour passer régulièrement à l'offensive. Sur le style de son éventuelle future présidence, il a longuement énuméré les retouches qu'il apporterait à la manière d'exercer la fonction. Chacune de ses phrases commençant par : "Moi, président de la République, je....".

 

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, proche de Nicolas Sarkozy, a accusé jeudi François Hollande de s'être montré "plein d'arrogance, plein de suffisance", mais a aussi reconnu que le socialiste avait été "très pugnace" lors du débat. Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a dénoncé "l'imposture intellectuelle" de François Hollande.

 

Après la chef de l'extrême droite Marine Le Pen qui a implicitement appelé à voter blanc mardi, le candidat centriste, François Bayrou, a annoncé jeudi qu'il voterait dimanche pour le candidat socialiste, sans donner de "consigne générale" pour le second tour. "Je ne peux pas voter blanc, cela serait de l'indécision, et dans ces circonstances, l'indécision est impossible. Reste le vote pour François Hollande, c'est le choix que je fais", a déclaré M. Bayrou, qui avait recueilli 9% des suffrages le 22 avril au premier tour de la présidentielle.

 

De toute façon, des consignes de vote de M. Bayrou, comme le duel de mercredi, ne semblaient pas devoir inverser une tendance constante depuis le début de la campagne : course en tête pour François Hollande, avec un écart jamais inférieur à six points dans les sondages. Soit quelque 2 millions de voix. Selon un sondage OpinionWay-Fiducial pour le journal Le Figaro et la chaîne de télévision LCI publié jeudi, M. Hollande l'emporterait avec une avance de cinq points sur Nicolas Sarkozy (respectivement 52,5% et 47,5% des suffrages),

 

Le duel télévisé a réuni 17,79 millions de téléspectateurs sur sept chaînes. Dimanche, ce seront plus de 45 millions d'électeurs qui seront appelés aux urnes pour élire le président de la cinquième puissance mondiale.

 

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