Le militant bahreïni Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la perpétuité après la révolte de février/mars 2011 est devenu, par sa longue grève de la faim, le symbole des victimes de la répression dans son pays.
Ce défenseur des droits de l'Homme âgé de 52 ans refuse de s'alimenter depuis le 8 février pour réclamer sa libération et celle de ses co-détenus, condamnés en juin par un tribunal d'exception pour complot contre la monarchie à Bahreïn.
Lundi, la justice de Bahreïn a ordonné un nouveau procès pour M. Khawaja et 13 autres opposants condamnés dans la même affaire.
M. Khawaja, qui avait déjà fait trois grèves de la faim depuis son arrestation en avril 2011, peu après la répression d'un mois de révolte dans la foulée du Printemps arabe, se dit néanmoins décidé à poursuivre son action "jusqu'à la libération ou la mort", selon son entourage.
Lors d'une brève interview, mardi, avec la BBC, le militant a indiqué être bien soigné à l'hôpital, "à l'exception du fait qu'il est nourri de force". Selon la BBC, M. Khawaja "prend des liquides" et le personnel de l'hôpital a affirmé que l'homme "buvait régulièrement des suppléments nutritionnels".
"Je ne sais pas s'il est vivant, s'il est éveillé, s'il est encore à Bahreïn. Je ne sais rien de lui", avait déclaré à l'AFP sa femme, Khadija Moussawi, avant la diffusion de la brève interview réalisée par la BBC.
Khadija Moussawi était sans nouvelle de son époux depuis le 23 avril, soit deux jours après la décision du militant de ne plus boire d'eau. Le calvaire de Khadija est aggravé par le fait que sa fille aînée, Zaïnab, est en garde à vue depuis son arrestation le 21 avril après une manifestation anti-gouvernementale.
Marié depuis 31 ans avec Khadija Moussawi, qu'il avait connue à l'université à Londres, Abdel Hadi al-Khawaja est père de quatre filles.
La détermination de M. Khawaja a suscité un élan de solidarité à Bahreïn, où la foule scande son nom et brandit son portrait dans les manifestations qui se sont intensifiées ces derniers mois sous l'impulsion de chiites qui, majoritaires dans la population locale, réclament des réformes démocratiques dans ce petit royaume du Golfe dirigé par une dynastie sunnite. A Bahreïn, la répression de la révolte de février/mars a fait 35 morts selon une commission d'enquête indépendante, un bilan passé depuis à 60 morts selon Amnesty International.
A l'étranger, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une solution "humanitaire" dans l'affaire de ce militant qui détient aussi la nationalité danoise. Mais Manama a conseillé "la non-ingérence" dans ses affaires.
La grève de la faim de M. Khawaja "n'a pas eu d'effet sur le régime bahreïni, mais elle a suscité une prise de conscience au plan international" de l'impasse politique dans le pays, estime Nabil Rajab, président du Bahrain Center for Human Rights (BCHR).
Militant de la première heure, connu pour son intégrité, Abdel Hadi Khawaja a été poussé "dès l'âge de 18 ans" à l'exil à l'étranger, où il s'est engagé dans la défense des droits de l'Homme, ajoute M. Rajab, compagnon de route depuis 1997.
Revenu d'exil dans le cadre d'une ouverture politique amorcée alors par le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, M. Khawaja a co-fondé le BCHR en 2002 avec d'autres militants, selon M. Rajab.
De 2008 à 2011, il a été coordinateur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord de Front Line Defenders, où il a organisé des campagnes pour les droits de l'Homme, selon le site de cette ONG irlandaise, où plus de 120 militants des droits de l'Homme dans la région ont signé un appel pour sa libération juste après son arrestation.
Ce défenseur des droits de l'Homme âgé de 52 ans refuse de s'alimenter depuis le 8 février pour réclamer sa libération et celle de ses co-détenus, condamnés en juin par un...
Même droits aux manifestants de Bahreïn, qu'à ceux d'ailleurs, s'ils n'appartiennent pas à l'une des deux faces de la même monnaie.
08 h 32, le 02 mai 2012