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À La Une - Événement

À Bruxelles, la passion selon Haendel et Pierre Audi

La presse européenne est unanime : c’est le spectacle lyrique de l’année, à ne manquer sous aucun prétexte. Après l’« Orlando furioso » d’Antonio Vivaldi en 2011 à Paris, Pierre Audi revient avec l’ « Orlando » de Georg Friedrich Haendel qui joue à guichets fermés au théâtre de la Monnaie à Bruxelles.

Une vue du spectacle. Photo Bernd Uhlig

La folie amoureuse de l’Orlando de l’Arioste a toujours inspiré les compositeurs et a fait l’objet de nombreux opéras, les plus célèbres étant ceux de Jean-Baptise Lully (1685), Antonio Vivaldi (1727) et Georg Friedrich Haendel (1733).

 

Orlando, paladin de Charlemagne, est dévasté jusqu’à la démence par la trahison de la princesse païenne Angelica, laquelle lui préfère le prince africain Medoro. Orlando ne sera délivré de cette situation sans issue que grâce à l’intervention du magicien Zoroastro.


Dans cet opéra de Haendel, les excès amoureux et l’instabilité mentale du chevalier se manifestent à travers une musique qui s’éloigne des canons de l’opéra «seria» traditionnel, en se permettant certaines libertés par rapport aux règles très strictes de l’époque. Par exemple, on note que de nombreux airs sont totalement dépourvus de «da capo» (reprise) ou que la sacro-sainte alternance airs/récitatifs n’est pas toujours respectée. Ainsi, à la célèbre grande scène de la folie qui termine l’acte II, on voit succéder un récitatif, ce qui est totalement inédit. On raconte d’ailleurs que le célèbre castrat Senesino, grand concurrent de Farinelli, qui créa le rôle, furieux du faible nombre d’airs «da capo», quitta Haendel à la fin de la saison!


La musique de Haendel est servie par des interprètes de tout premier plan: sous la baguette de René Jacobs, spécialiste incontesté de la musique baroque, un jeune et excellent ensemble gantois, le B’Rock, et dont l’ambition est de renouveler l’univers de la musique ancienne, accompagne de très grands solistes aux voix et à la puissance dramatique bouleversantes.


La mise en scène de Pierre Audi, toujours audacieuse et innovante, manie avec brio et élégance les dispositifs contemporains comme la vidéo ou le jeu d’ombres et de lumière qui sont sa marque de fabrique, en les mettant au service de la magie baroque. Des personnages étranges tels des angelots baroques ou des sapeurs-pompiers venus pour éteindre les flammes de la douleur évoluent dans le décor de la maison de la bergère Dorinda qui se transforme à chaque acte. Le quotidien Le Monde parle d’une «mise en scène sous le signe du feu, celui qui dévaste les cœurs, consume les corps abolit la raison».


À travers les deux Orlando, celui d’Antonio Vivaldi et celui de Georg Friedrich Haendel, on constate avec émerveillement comment la créativité renouvelée de Pierre Audi réussit à traiter le même héros sous deux angles totalement différents, tout en gardant intacte la féérie de l’époque baroque. Déjà, en 2008, dans Castor et Pollux de Jean-Philippe Rameau, son approche esthétique et originale avait donné un souffle nouveau à un opéra qui passait pour austère.


Pierre Audi, directeur de l’opéra d’Amsterdam depuis 1988 et metteur en scène célèbre à travers les scènes lyriques du monde entier, démontre encore une fois l’inventivité et l’originalité des artistes libanais qui font la fierté de leur pays à l’étranger.

La folie amoureuse de l’Orlando de l’Arioste a toujours inspiré les compositeurs et a fait l’objet de nombreux opéras, les plus célèbres étant ceux de Jean-Baptise Lully (1685), Antonio Vivaldi (1727) et Georg Friedrich Haendel (1733).
 
Orlando, paladin de Charlemagne, est dévasté jusqu’à la démence par la trahison de la princesse païenne Angelica, laquelle lui préfère le...
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