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À La Une - Crise

Sous l’œil des Bérets bleus : 90 morts en 2 jours en Syrie

« Nous avons des rapports crédibles que lorsque les observateurs quittent un lieu, les bombardements recommencent », accuse le porte-parole d’Annan.

La mère effondrée de Amar Ateek, 19 ans, mort en combattant pour l’ASL au nord d’Alep. Photo AFP

Les violences redoublent d’intensité en Syrie malgré la présence d’observateurs de l’ONU qui se sont rendus hier dans plusieurs villes du pays, dont Hama où plus de 30 civils ont été tués la veille par les forces du régime.

 

La journée de lundi, avec 59 morts, dont 31 civils à Hama, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a été la plus meurtrière depuis l’entrée en vigueur le 12 avril d’un cessez-le-feu violé quotidiennement. Une équipe avancée d’observateurs circule depuis le 16 avril dans les villes touchées par la répression de la contestation, préparant le terrain aux 300 observateurs internationaux qui doivent être déployés à partir de la semaine prochaine. Ils seront chargés de surveiller le cessez-le-feu prévu dans le cadre d’un plan de sortie de crise proposé par l’émissaire international Kofi Annan, et d’aider à en faire appliquer les autres points : retour de l’armée dans les casernes, libération des détenus politiques, ouverture d’un dialogue politique entre pouvoir et opposition.

 

Selon un responsable de l’équipe de l’ONU, Neeraj Singh, onze Bérets bleus sont sur le terrain, dont deux basés à Homs, ville symbole de la répression.

 

Des observateurs se sont rendus hier à Hama, pour la seconde fois en trois jours, selon l’OSDH. Une vidéo mise en ligne montre au moins quatre Bérets bleus entourés par des militants « inspectant » le quartier Machaa el-Arbaïne dans cette ville. Selon une ONG basée au Caire, neuf militants y ont été abattus lundi par les forces du régime, au lendemain de leur rencontre avec les observateurs. « Hama a été la cible lundi d’une vaste campagne militaire et de sécurité au lendemain de la visite d’observateurs dans des quartiers de cette ville où ils avaient rencontré des habitants qui ont évoqué leurs souffrances », a indiqué la Ligue syrienne des droits de l’homme (LSDH). « Les forces armées syriennes ont pilonné massivement les quartiers d’el-Arbaïne et de Machaa el-Arbaïne », selon l’ONG, qui fait état de plus de 45 morts et 150 blessés. Ensuite, « les forces du régime, accompagnées de milices civiles armées et prorégime, ont pris d’assaut les deux quartiers et ont abattu neuf militants qui avaient rencontré les Casques bleus », affirme la LSDH. Les observateurs se sont également rendus à Douma et Harasta, dans la banlieue de Damas, selon l’agence officielle SANA et les Comités locaux de coordination (LCC) qui organisent la mobilisation sur le terrain.

 

La journée d’hier a également été violente, la chaîne satellitaire al-Arabiya indiquant qu’au moins 28 personnes ont trouvé la mort. Des combats entre troupes régulières et rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ont eu lieu à Sitt Zainab, dans la banlieue sud de Damas, alors qu’à Douma, à 13 km de la capitale, des explosions et des coups de feu ont été entendus, selon l’OSDH. Un civil a été tué à Douma par des éclats d’une grenade lancée par les forces du régime, et un agent de sécurité a péri à Damas, selon l’ONG. Dans le centre de la capitale, une voiture piégée a par ailleurs explosé à Marjé, faisant trois blessés et des dégâts matériels, selon la télévision syrienne officielle, qui a imputé l’attaque à des « terroristes ».

 

Inacceptable

Face à ces perpétuelles violences, le porte-parole de l’émissaire international Kofi Annan a indiqué que le cessez-le-feu officiellement en vigueur est « extrêmement fragile ». Ahmad Fawzi a appelé « le gouvernement syrien à appliquer entièrement ses engagements », relevant que l’application du cessez-le-feu « signifie le retrait de tout l’équipement militaire lourd des zones urbaines. Mais des images satellites ont démontré que cela ne s’est pas entièrement produit et c’est inacceptable », a-t-il poursuivi. Les observateurs de l’ONU déployés en Syrie sont entrés dans les villes de Homs et de Hama, où de violents combats se sont déroulés. Lorsqu’ils sont sur place, « les armes se taisent », a poursuivi M. Fawzi. Mais « nous avons des rapports crédibles que lorsqu’ils partent les (bombardements) recommencent ». M. Annan a réitéré ces propos hier soir devant le Conseil de sécurité.

 

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a quant à lui jugé « important » que le gouvernement syrien fournisse une « protection totale aux observateurs » et assure leur liberté de mouvement. Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l’opposition, a de son côté demandé un déploiement « rapide » des autres observateurs. « Nous demandons à Kofi Annan que certains d’entre eux soient basés dans des zones fixes afin de protéger les agglomérations les plus visées (...), et que d’autres puissent circuler (...) de façon impromptue » dans le pays, a-t-il ajouté. Le CNS accuse par ailleurs les autorités « de se venger de la population en la massacrant après le départ des observateurs, comme cela s’est passé hier (lundi) à Hama ». Le chef du CNS, Buhran Ghalioun, a en outre souhaité que la réunion de la Ligue arabe prévue jeudi au Caire ouvre la voie à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, sous le chapitre 7, contraignant le régime syrien à arrêter la répression.

 

La prophétie Marzouki

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dont le pays est un allié indéfectible de Damas, a mis en garde, lui, contre toute tentative de saper le travail de la mission. « J’espère que ceux qui tentent de saper le travail de la mission de l’ONU en Syrie seront incapables de mettre en œuvre leurs projets », a-t-il dit, sans dire à qui il faisait référence.

 

Le président tunisien Moncef Marzouki a estimé, quant à lui, que le régime de Damas était « fini » et que Bachar el-Assad finirait par partir « mort ou vivant », dans un entretien publié hier dans le quotidien panarabe al-Hayat. « À mon avis, cet homme (Assad) n’est pas prêt à faire de concessions » et « les Russes, les Chinois et les Iraniens doivent se rendre à l’évidence qu’il est fini », a-t-il déclaré, conseillant à Moscou, Pékin et Téhéran, qui soutiennent le chef d’État syrien, à « le convaincre de quitter le pouvoir ».

Les violences redoublent d’intensité en Syrie malgré la présence d’observateurs de l’ONU qui se sont rendus hier dans plusieurs villes du pays, dont Hama où plus de 30 civils ont été tués la veille par les forces du régime.
 
La journée de lundi, avec 59 morts, dont 31 civils à Hama, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a été la plus meurtrière depuis...

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