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Jeunesse laïque : entre volonté de changement et réalité

Dans ce qui se veut une marche vers la laïcité, la jeunesse libanaise est un homme, une femme, qui boite. Tantôt sur sa droite, croisant des tenants fermes et décidés, tantôt sur sa gauche, prise dans les filets d’un système confessionnel complexe et d’un paysage géopolitique chaotique.
Mars 2011, après la révolution tunisienne, avant le soulèvement égyptien, des dizaines de milliers de Libanais défilent pour réclamer la fin du système confessionnel. Près d’un an plus tard, le mouvement se disloque, et une potentielle révolution vers la laïcité devient peu probable. Nassim Arabi, 25 ans, activiste de gauche, diplômé en sciences politiques et communication de Balamand, explique l’éphémère de l’euphorie : « On ne peut occulter l’impact qu’a eu le printemps arabe sur les jeunes Libanais. Cependant, notre système politique structure notre quotidien et la nature de notre citoyenneté. Il n’y a pas de scission mécanique entre le peuple et le système comme dans la plupart des autres pays. »
Pour d’autres, la laïcité n’est pas l’actualité la plus urgente. Mira, diplômée en guide touristique de l’Université libanaise et employée au Beirut Art Center, explique que les Libanais ont bien d’autres préoccupations et un besoin urgent de couverture sociale. Pourtant, des statistiques laissent apparaître une frilosité libanaise devant l’immixtion du religieux dans le politique. Ainsi, selon l’enquête « Baromètre du monde arabe » développée par l’Université du Michigan sous la direction du professeur Mark Tessler, le Liban enregistre le pourcentage le plus élevé de personnes réclamant une intervention moindre du pouvoir religieux dans l’espace politique. Alors que 76 % des Libanais pensent que les instances religieuses ne devraient pas influencer le vote des gens lors des élections, 82 % estiment que la pratique religieuse devrait rester une question privée, séparée de la vie sociopolitique.

Des jeunes actifs, une situation complexe
Sur les campus, certains étudiants se mobilisent. Mada, 19 ans, étudiante en sciences politiques à l’AUB et membre du club séculier, entreprend, dans ce cadre, une recherche sur le milieu estudiantin. « Nous cherchons à savoir si l’AUB est vraiment une université laïque. Est-ce que les étudiants défendent la laïcité ? L’égalité ? Comprennent-ils le sens de ce que le civisme implique ? Un des instruments sur lesquels nous avons travaillé est un questionnaire qui nous permettrait de rassembler des informations susceptibles de nous aider pour de futurs stages. »
Brahim Najem, étudiant en sciences économiques à l’USJ, raconte les démarches entreprises à l’AUB et à l’USJ : « Une campagne de sensibilisation a été réalisée au club séculier de l’Université américaine l’année dernière. Une exposition a voulu montrer les conséquences des guerres civiles dans le monde. L’Université Saint-
Joseph a, quant à elle, organisé une conférence sur le campus des sciences sociales, rue Huvelin, tenue par Michèle Laugel, étudiante en sciences politiques à l’USJ, et moi-même, sur le thème “La laïcité : un seul droit pour les citoyens d’un seul État, dans le respect de la religion”. » Pour Brahim, la différence entre le mouvement « Chute du système confessionnel » et la « Laïque Pride » est que la première brandit des slogans trop vastes alors que la « Laïque Pride » a des objectifs plutôt ciblés et réalisables.
Sur la Toile, dans le cadre d’associations, les jeunes pourquivent leur combat. Des groupes comme Révolution pour la chute du système confessionnel, Lebanese Laïque Pride, as-Safir al-Arabi, groupe séculier du Nord, constituent des éléments appréciables pour juger de l’activisme des réseaux sociaux prolaïcs. Quant aux associations comme la société civile Kafa (contre la violence et l’exploitation), Nasawiya (collectif féministe) ou encore Madanyoun, elles ont permis de réaliser des avancées.
La laïcité gagne du terrain ? Peut-être. Mais par tâtonnements.
Mars 2011, après la révolution tunisienne, avant le soulèvement égyptien, des dizaines de milliers de Libanais défilent pour réclamer la fin du système confessionnel. Près d’un an plus tard, le mouvement se disloque, et une potentielle révolution vers la laïcité devient peu probable. Nassim Arabi, 25 ans, activiste de gauche, diplômé en sciences politiques et communication de...
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